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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 7 JANVIER 2003

LA REFORME CHIRAQUIENNE DES RETRAITES SERA AU MIEUX ILLUSOIRE …

…au pire ce sera du collectivisme

On sera, pour une fois, d’accord avec la grande presse et les gros médiats pour dire : la réforme chiraquienne des retraites est un coup parti.

Allons même plus loin : on ne devra pas se leurrer sur la comédie des négociations d’apparence dans le cadre de la sécurité sociale, M. François Fillon lançant ce 7 janvier ses consultations au Ministère du Travail (1).

Les décisions gouvernementales sont prises et il semble bien qu’elles soient parties non du Premier ministre, jugé trop libéral, mais du Chef de l’État soucieux de faire un maximum de concessions aux régimes par répartition.

Il semble par exemple que les bureaucraties syndicales s’accordent pour la plupart à adopter une attitude commune. O surprise, penseront les bonnes âmes même la CGT fait semblant d’accepter le principe et les grandes lignes de la réforme. C’est dire à quel point cette réforme doit être considérée comme suspecte pour ceux qui pensent en termes de libertés, de responsabilités et de respect des propriétés et des contrats.

Quelques mots sur la ligne de conduite de la CGT. Sur la question de l’assurance vieillesse le ton est donné par un spécialiste du dossier qui s’appelle M. Le Duigou. Le camarade Le Duigou est un marxiste sérieux, qui a cependant repéré que la retraite par répartition ne pourra plus servir les pensions confortables alimentées pendant les 50 dernières années par la croissance économique et démographique de l’Europe. En bon communiste il tient donc parfaitement compte du rapport de forces et cherche à tromper les capitalistes en faisant mine de s’accorder sur le constat selon lequel il fait jour à midi. Par rapport à la démagogie de Force Ouvrière et de Blondel, ce constat commun a quelque chose de rassurant. Ceux qui ont étudié les accords de Yalta, c’est-à-dire en fait le très superficiel communiqué de presse du 11 février 1945, savent que pendant toute la négociation de la Conférence de Crimée, Staline était en effet lui aussi très rassurant, mais, disait-il, certaines concessions étaient difficiles vis-à-vis de son opinion publique.

La démarche des bureaucraties syndicales sera donc d’appeler à une manifestation commune d’intimidation pour le 1er février. C’est exactement jusque-là le scénario désiré par M. Chirac et par l’aile dirigiste de l’actuelle majorité. Le fait même que Fillon commençait ce 7 janvier ses consultations par le psychorigide Juppé, en dit long sur le verrouillage.

En quoi consiste le mot d’ordre des technocrates alliés à la CGT : il consiste à exclure de tout débat toutes les pistes qui ne vont pas dans le sens d’une seule conclusion qui est :

1° Le régime par répartition demeure le cadre philosophiquement intangible et autoritaire du système ;

2° La variable d’ajustement est exclusivement la durée des cotisations qui passerait à 40 ans pour tout le monde ;

3° Un espace de liberté surveillée résiduelle sera ouvert exclusivement à ceux qui voudront travailler plus dans le cadre du système et au bénéfice en réalité de la répartition.

C’est une logique essentiellement collectiviste.

M. Chirac l’a clairement développée en empilant des mots abstraits et des vœux dans le cadre de son message de vœux à ce que l’on appelle les forces vives de la nation, dénomination dérisoire encore vaguement pétainiste en total décalage avec le cours actuel des mots d’ordre dominant.

Tant que l’on n’aura pas réintroduit un principe dominant de liberté et de responsabilité dans le régime des retraites et de l’épargne, la réforme prévue par Chirac sera au mieux un cautère sur une jambe de bois, au pire une nouvelle bouffée d’oxygène pour le collectivisme déliquescent.

JG Malliarakis

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(1) M. Mattei a par ailleurs commencé le 6 janvier par des pourparlers la caisse d’assurance maladie.

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