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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 8 JANVIER 2003

POUR EN FINIR AVEC LE BOURRAGE DE CRANE D’ETAT…

COMMENÇONS PAR LE COMMENCEMENT

La notion centrale est celle du prétendu service public

La question technique de la redevance télévision aurait pu, en 2002, relancer le véritable problème, à savoir celui de la liberté d’expression médiatique en France. Il est regrettable qu’on ne s’en soit pas servi.

Dans les années 1980, rappelons-nous, l’explosion technologique de la bande FM avait donné l’espoir de l’apparition de radios réellement libres. Très rapidement l’État central français mit en place une réglementation permettant aux grosses stations, publiques ou privées dites périphériques, de mettre la main sur l’essentiel des autorisations d’émettre localement. Un tout petit marché résiduel, une fois déduit quelques cochonneries pseudo-musicales, donne le change, et une impression fausse de liberté, au profit de quelques expressions minoritaires tenues en laisse. Le brouillard de cette situation demeure évidemment incompréhensible au grand public, et plus encore aux politiciens mais le résultat est là, géré par le CSA : la bande FM reproduit la situation des grandes ondes GO. L’impression de diversité ne fait que renforcer l’efficacité du bourrage de crâne.

Le plus extraordinaire est que ce processus n’est pas toujours, et même rarement, compris par ses propres agents que sont les journalistes. Il porte à l’évidence sur le fond des programmes où pratiquement la gamme des opinions socialo-communistes partagées par moins de 40 % des votants inspire 95 % des commentaires. Mais, pour le mesurer, on se reportera plus particulièrement au traitement, essentiellement manipulatoire, de l’actualité.

Prenons par exemple l’actualité de ces premiers jours de janvier. Le 8 au matin, l’heure est grave puisque la veille le chef de l’État a laissé comprendre qu’il est prêt à engager la France dans une guerre. Il le dit en présentant ses vœux au corps diplomatique. Il pose, formellement, deux conditions. La première est le vote du parlement français, dont on imagine ce qu’il sera. La seconde est liée à une décision du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Mais le président américain Bush déclare la même chose un jour sur deux. Cet alignement progressif, d’ailleurs fort prévisible, a donc marqué une étape nouvelle. Cette étape est tragique car la France perd sur tous les tableaux en commençant par le terrain de sa crédibilité en Europe et vis-à-vis du partenaire allemand. Ce devrait être la nouvelle principale. Eh bien non, écoutez les radios même apparemment "privées" comme RTL. On y parle du froid, des soldes, de la pollution maritime, de l’extradition de Patrick Henry, etc.

On remarquera aussi d’autres éclipses flagrantes de l’actualité. Au procès du Crédit Lyonnais on apprend à peine qu’il n’est pas reporté et on continue à parler, (1) comme si M. Trichet à défaut d’être déjà de droit divin gouverneur de la Banque Centrale européenne disposait d’un titre personnel sur la succession non ouverte de M. Duisenberg.

Multiplier les exemples de ces éclairages falsificateurs et de ces clairs-obscurs fabriqués pour tromper l’auditeur serait à la fois facile et fastidieux. Tous les matins nous en recevons un paquet.

Or, ceci doit interpeller les citoyens conscients sur le sujet de l’arsenal réglementaire (2), qui permet aux pouvoirs publics de bourrer le crâne des masses, à peine perfectionné depuis l’époque où Tchakhotine parlait de "viol des foules par la propagande politique".

Il existe évidemment plusieurs pièces au dispositif.

Ne perdons jamais de vue que les réseaux de pouvoir du monde de la pub, en clair les immondes centrales d’achat d’espaces, jouent un rôle décisif et destructeur dans le secteur privé de l’audiovisuel et de la presse.

N’oublions pas le mécanisme par lequel l’AFP continue de fabriquer la matière première de l’information.

Mais la notion centrale est en théorie celle du prétendu service public de l’information, et en pratique son financement par la redevance. C’est par là qu’il faut donc commencer pour en finir avec le bourrage de crâne d’État.

JG Malliarakis

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(1) Comme on le fait depuis 1998

(2) Ne parlons pas ici de lois, ce serait faire injure à ce terme.

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