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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 9 JANVIER 2003

BONNES ET MAUVAISES NOUVELLES DANS LES RELATIONS ENTRE L’EUROPE ET L’AMERIQUE

M. Solbes n’est pas favorable aux allégements d’impôts…

Il est toujours irritant d’entendre parler certaines personnes qui confondent la baisse des valeurs industrielles à Wall Street la perspective de l’effondrement du capitalisme (1) et le destin de l’Occident. Non, toutes les nouvelles ne sont pas (toujours) mauvaises, même provenant d’Outre-Atlantique déformées par les transcriptions, les malentendus et l’aveuglement des médiats.

Les tonnes de papier analysant les mesures de relance du président Bush annoncées le 7 janvier sont hélas trop pesantes pour être prises avec des pincettes. On s’inquiétera certes de la perspective d’un déficit budgétaire encore plus élevé, on parle de 300 milliards de dollars. Mais on peut

s’inquiéter encore plus de la réaction infantile du Commissaire européen, Solbes, affirmant (2) qu’il n’était pas favorable à un plan de relance fondé sur des allégements d’impôts.

M. Solbes considère en effet que l’Europe souffre d’une insuffisance du taux de croissance et du potentiel de production.

Voilà bien le signe que nos technocrates souffrent, quant à eux, d’une insuffisance de connaissance de l’Action humaine, confondant les symptômes et leurs origines : M. Solbes semble ignorer que précisément le taux de croissance et le potentiel de production défendent, non pas des oukases de l’État, mais de la somme des décisions individuelles des entrepreneurs. Lorsqu’il prend des orientations de baisse des impôts M. Bush va dans le bon sens et le technocrate Solbes est un âne de ne pas le comprendre. L’Europe en souffrira certainement plus que les États-Unis.

L’Europe souffrira également si le cours actuel de l’euro demeure aux alentours de 1,05 dollar, ce dont semblent se féliciter les bonnes gens. En ce sens, certains pourraient désirer qu’un Trichet parvienne à couronner sa carrière en devenant gouverneur de la Banque Centrale européenne puisque cela ferait perdre du crédit à la monnaie européenne et faciliterait donc les exportations de l’industrie européenne. Mais un tel souhait paradoxal entraînerait, s’il se réalisait, d’autres conséquences plutôt catastrophiques. L’homme du franc fort deviendrait l’homme d’une politique très coûteuse de l’euro fort. Chassons donc ce cauchemar et espérons que le Tribunal de Paris mette en lumière ses fautes des années 1980 tendant à couvrir les folies du Crédit Lyonnais.

Bonne nouvelle relative, du point de vue de l’Europe des Libertés l’ouverture de négociations annoncées ce 8 janvier par M. Rober Zoellick, ministre américain du commerce extérieur avec le Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, le Honduras et le Nicaragua pour élargir le libre échange nord-américain à ces nations d’Amérique centrale. Quand les États-Unis s’investissent en Amérique Latine, ou quand les Turcs le font en Asie Centrale, c’est excellent pour l’Europe à condition évidemment qu’elle-même prenne ses propres affaires en main.

Or, si une raison de s’inquiéter subsiste, c’est bien en Amérique, comme en Europe et comme au Proche-Orient sur le terrain de l’idéologie dominante. Et sur ce terrain, entre New York et St Germain des Près, c’est toujours à qui dira plus d’imbécillité.

En décembre 2002, un tournant nouveau a été passé avec la renonciation de l’excellent sénateur du Mississipi, M. Trent Lott, à diriger la majorité républicaine. On lui a reproché d’avoir fait l’éloge de son prédécesseur le sénateur Thurmond qui fut dans l’après-guerre le défenseur du Droit des États. Quelle horreur n’est-ce pas un sudiste américain, c’est quelque chose comme un défenseur des Spartiates, des Croisés, ou même de l’Armée française pendant la guerre d’Algérie. Son successeur, le sénateur Bill Frist du Tennessee, a pris bien soin dans un discours prononcé le 9 janvier à 2 heures du matin (heure de Paris) de mettre en œuvre une politique d’assistanat en faveur des minorités, notamment dans le domaine des soins médicaux et autres tartes à la crème de la redistribution.

Nos bons esprits applaudiront-ils à cette progression des valeurs sociales démocrates des deux côtés de l’Océan Atlantique ?

JG Malliarakis

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(1) Prévu par Trotzki en 1937.

(2) Le 8 janvier.

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