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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 16 JANVIER 2003

SUR LE CONTENU ACTUEL DE L'ACCORD FRANCO-ALLEMAND

Sans cette entente l’U.E. risque fort de se dissoudre

On célèbre aujourd’hui, depuis l’adoption d’un communiqué commun en date du 14 janvier, ce qu’on appelle les retrouvailles du couple franco-allemand. On le fait d’ailleurs avec une pointe de nostalgie et un sens de l’éphémère car, 40 ans plus tôt, en janvier 1963, avait été signé le traité fondamental de l’Élysée scellant l’entente du général De Gaulle et du chancelier Konrad Adenauer.

Pendant plus de 30 ans, le couple franco-allemand fait avancer, pour le meilleur et pour le pire, la construction européenne. Rappelons que l’entente a commencé à se fissurer, notamment après que fut signé l’accord de Maastricht en 1991, d’abord dans le contexte de la guerre de Yougoslavie puis du fait du retour aux affaires des chiraquiens, M. Juppé comme ministre des Affaires étrangères en 1993, M. Chirac lui-même comme président de la république en 1995. La défaite du chancelier Kohl en septembre 1998 a précipité le processus de refroidissement.

Si, depuis l’automne, les deux gouvernements ayant reçu un bain de légitimité démocratique, M. Chirac comme M. Schroeder ont repris le chemin du dialogue et de la concertation, il faut sans doute y voir une bonne chose pour l’Europe.

Successivement, cependant, la convergence Berlin-Paris s’est concrétisée sur 3 principaux dossiers. Il était sans doute nécessaire d’aboutir à des compromis et de faire passer le message aux 13 autres partenaires actuels comme aux 12 futurs membres de l’union européenne. Car, sans cette entente, l’U.E. risque fort de se dissoudre dans un magma purement technocratique.

Cependant, on est aussi en droit de se demander ce que valent en elles-mêmes les décisions ainsi adoptées.

Si l’on appliquait cette orientation, il y aurait en Europe un président du Conseil Européen élu pour 2 ans et 1/2 par les chefs de gouvernements et un président de la Commission désigné pour 5 ans par le Parlement lui-même élu au suffrage universel. C’est en effet un compromis entre la volonté chiraquienne de renforcer le Conseil Européen, reflet du souverainisme des États et le désir de Joschka Fischer d’une plus forte intégration. Mais ce mélange est instable car nul ne sait encore quelles seront les attributions du Président du Conseil ni ce qui se passera en cas de désaccord au sein de l’exécutif bicéphale.

On peut donc applaudir au principe de l’accord franco-allemand et chanter à nouveau des Hymnes à la Joie. Mais on peut aussi redouter le caractère cosmétique de ces compromis et s’interroger légitimement sur l’évolution des décisions grises auxquelles on est en train de nous habituer.

Le gouvernement de Londres a fait savoir qu’il était très satisfait du principe comme du contenu. Dans le contexte actuel de la politique internationale et des campagnes contre le chancelier Schroeder, cela laisse un peu rêveur.

JG Malliarakis

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