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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 22 JANVIER 2003

LA LANCINANTE QUESTION DES DÉFICITS DE LA FRANCE

... revient encore au premier rang des préoccupations économiques

Pourquoi se priverait-on, ayant constamment annoncé le caractère critique du déficit français, de souligner que les conséquences sont en train de se mettre en place dans le contexte des institutions et des procédures européennes.

Avec son oeil clair et son menton volontaire, M. Francis Mer a ainsi bataillé à Bruxelles ce 20 janvier contre les inéluctables sanctions, probablement trop douces en vérité, que la Commission européenne impose et imposera, à l’encontre de nos déficits excessifs.

Dans les Échos du 21 janvier, M. Aymeri de Montesquiou rappelle à très juste titre qu’il faut cesser de calculer ce déficit en pourcentage du produit intérieur brut de la nation mais en fonction du budget de l’État. Il n’est donc pas de 2,6 ou 2,8 % mais au moins de 17 %. Si l’on poursuit l’examen de cette tribune libre du sénateur du Gers et vice-président de la Commission des Finances, il rappelle que la marge de manœuvre du ministre, ou plutôt de ses services budgétaires, ne serait que de 10 % :

On peut tirer cette réalité dans des sens très différents.

Les uns croient opportun de "réhabiliter Keynes" en le tirant à leur tour dans le sens du gaspillage des fonds publics. C’est en gros la ligne politique et économique représentée par un Strauss-Kahn. C’est un grand danger pour le pays qui persisterait dans une telle voie car cela empêcherait de participer vraiment à l’internationalisation, de développer la création d’entreprise et l’innovation technologique, etc.

Refuser aujourd’hui le fatalisme, c’est donc refuser le déficit.

Certains pays sont à la pointe de ce refus. Au sein de l’actuelle Union européenne, la Suède et les Pays-Bas militent ainsi pour un retour obligatoire au déficit zéro. L’Espagne en a fait un objectif constitutionnel. Et d’autres pays conviennent qu’il s’agit bien du but à rechercher, y compris l’Allemagne actuellement déficitaire à hauteur de 3,7 de son PIB et qui accepte les sanctions européennes.

La France pourrait donc investir plus utilement sa fierté nationale dans la recherche la plus rapide possible du retour à l’équilibre.

Bien entendu, si l’on veut à la fois retrouver l’équilibre des comptes et diminuer les taux de prélèvements obligatoires il faut alors résolument se tourner vers une décrue des dépenses publiques.

Quand on apprend ainsi que le taux d’évolution des dépenses d’assurance maladie a été de 6,7 % pour l’année 2002, le chiffre le plus élevé depuis 1995, on mesure évidemment la nécessité de décharger les comptes publics français de la gestion globale de ce secteur. Tant pis pour l’autosatisfaction du Bon Dr Mattei croyant avoir résolu le problème à hauteur de 0,12 milliard sur 116 milliards d’euros, c’est-à-dire à peine 0,1 % prétendument économies par la politique absurde, hypocrite et démagogique du médicament générique.

Le courage politique aujourd’hui consisterait à supprimer toutes les dépenses d’assistanat, ou plutôt, à les réduire de 90 % en consacrant les 10 % restant à soulager les vraies détresses, les vraies misères et en rendant au secteur privé tout ce qui n’appartient pas aux fonctions régaliennes de l’État.

Investir au contraire un dernier relent de souverainisme à refuser de guérir le mal français, comme dans la chanson de Brassens, "parce que c’était à un Allemand qu’on devait le médicament", voilà qui est totalement ruineux, illusoire et dérisoire. C’est absurde et inutile puisque de toute façon il faudra bien se soumettre aux réalités.

Certains croient donc que les règles de l’Europe et de la monnaie unique sont trop dures. Ils se trompent : ces règles sont trop douces.

La France se comporte dans la famille européenne comme une enfant gâtée.

Il faut qu’elle se hâte de se corriger pour éviter que la vie la corrige trop brutalement.

JG Malliarakis

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