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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 4 FEVRIER
RAFFARIN NOUS PROMET LA REPARTITION POUR 1 000 ANS
Sans rire, le chef du gouvernement parle dune "réforme immédiate à lhorizon 2020"
Ainsi donc ce lundi 3 février M. Jean-Pierre Raffarin lors de son discours devant le Conseil économique et social a appelé les Français à "un dépassement des égoïsmes", à la "justice" et au "courage". Et ces vertus sont sollicitées dans le but de sauver le système de répartition, "coeur de notre système de solidarité".
"La réforme qui est devant nous exige un sursaut de solidarité, un dépassement des égoïsmes, une ambition collective", a déclaré le Premier ministre, en estimant que "lavenir de nos retraites a besoin de justice et de courage".
M. Raffarin a assuré avoir "entendu dans les rues les préoccupations des manifestants" qui ont défilé "sous la neige" le 1er février à Paris et province, en soulignant que son gouvernement mènerait la réforme des retraites. Ce sera paraît-il "temps fort" de son action, dans "le dialogue" et "la concertation".
Dressant un long état des lieux, le chef du gouvernement a souligné lurgence de la réforme des retraites. "Elle ne peut plus être différée", en réaffirmant sa volonté de la "conclure devant le Parlement avant les vacances 2003".
Il a affirmé que lobjectif prioritaire du gouvernement était de "sauver notre système de répartition. Mon gouvernement ne laissera pas détruire le pacte social des retraites".
Rappelons que le pacte social dont on nous parle a été scellé par la Charte du Travail de 1941. À lépoque le chef de lÉtat avait même déclaré, à propos de cette retraite par répartition dite retraite des vieux travailleurs "je tiens toujours les promesses, je tiens même celles des autres".
Hélas on ne trouve guère de trace dun débat parlementaire et démocratique qui, à lépoque, eût fait foi dun vrai mouvement dopinion ressemblant à un pacte social. Le dernier débat parlementaire en date avait été alors celui de juillet 1940, dont lobjet était précisément la suspension des procédures républicaines.
Jean-Pierre Raffarin a aussi déclaré que les "spécificités" de la Fonction publique ne devaient "pas faire obstacle aux exigences de léquité". Il se dit ainsi "ouvert à un débat sur lallongement de la durée de cotisations des fonctionnaires."
Sexprimant sous loeil de la plupart des dirigeants syndicaux, le Premier ministre a également développé la rhétorique bien connue selon laquelle "il nest pas question de". Ici, "il nest pas question de" remettre en cause lâge légal de 60 ans pour la retraite.
M. Raffarin considère en revanche quil faut limiter le recours aux départs pour les moins de 60 ans.
Sans rire, le chef du gouvernement parle dune "réforme immédiate à lhorizon 2020" en réaffirmant que "ceux qui sont déjà à la retraite ne seront donc pas concernés".
M. Raffarin "sélève contre tout procès contre les fonctionnaires, quil ne faut pas considérer comme des privilégiés". Il estime que la prise en compte de leurs "spécificités" ne devait pas "faire obstacle aux exigences de léquité, qui veulent que la situation de personnes placées dans des situations comparables soit harmonisée".
"Je pense notamment aux durées de cotisation. De tout cela, il nous faut débattre de manière ouverte avec le souci de lintérêt général", a-t-il dit en allusion à lallongement du nombre dannuités des fonctionnaires (actuellement de 37,5 contre 40 dans le privé).
Par ailleurs, il a proposé dencourager ceux qui "voudront travailler plus longtemps pour avoir des pensions plus importantes" et souligné que "pour ceux qui voudront partir plus tôt leur retraite en tiendra compte".
M. Raffarin a également jugé nécessaire de "faciliter lépargne retraite en étendant à tous les Français des aides à lépargne volontaire", tout en prenant soin de souligner que "les régimes de capitalisation sont étrangers à notre histoire sociale".
M. Raffarin se dit solennellement, enfin, prêt à engager la responsabilité de son gouvernement, sur cette réforme, au Parlement.
Avec une réforme aussi bordée de conservatisme et une majorité aussi forte, il ne prend pas grand risque.
Le seul risque est précisément pour la France de différer de la sorte une réforme dont le Premier ministre dit, lui-même, combien elle est urgente.
JG Malliarakis
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