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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 19 FÉVRIER 2003

QUEL AVENIR POUR LES RAPPORTS ENTRE L’EUROPE ET LES ETATS-UNIS ?

Il n’est pas sérieux de croire que les relations franco-américaines redeviendront comme avant

La radio d’État France Inter donnait ce 18 février, comme d’habitude, faussement la parole à ses auditeurs. Or les victimes du bourrage de crânes sont, beaucoup plus nombreuses que les quelques intervenants non représentatifs qui se sont exprimés pendant 40 minutes sur le thème des relations franco-américaines.

On a donc entendu le mélange habituel d’âneries conformistes et de choses moins stupides. On retiendra au nombre des idées intéressantes celle qu’exprimait un interlocuteur états-unien suggérant qu’au lieu de penser exclusivement en termes franco-américains, les Français se préoccupent d’abord de l’avenir des rapports entre l’Europe et les États-Unis.

Et c’est évidemment la question principale. Pour des raisons tenant à la fois à la politique intérieure et peut-être à de très anciennes imbrications franco-irakiennes remontant aux années 1970, le chef de l’État a choisi, de façon apparemment claire, le parti de la paix, parti dans lequel cohabitent aussi bien le Pape Jean-Paul II que les 115 pays du Mouvement des non-alignés.

Un sondage établirait, nous dit-on, que 8 Français sur 10 approuvent cette politique extérieure de M. Chirac et que les mêmes Français pensent qu’une fois passée la crise irakienne les relations entre la France et l’Amérique redeviendraient excellentes.

D’une certaine façon l’unanimité à 80 % sur la politique extérieure rétablirait ainsi le score de 80 % du second tour de l’élection présidentielle. Et l’on peut dire que cette adhésion est aussi vague et aussi ambiguë en politique étrangère qu’elle l’était en politique intérieure.

Elle sera aussi fugace si elle persiste dans cet unanimisme bien pensant et si elle se donne des objectifs aussi dérisoires qu'une candidature au prix Nobel de la Paix. Dans les 10 dernières années, en effet, qui se souvient des attributaires de ce prix, hormis des signataires des accords israélo-palestiniens d’Oslo, dont on mesure en ce moment la tragique désuétude.

Croire que les relations franco-américaines redeviendront ce qu’elles ont été à certains moments du passé, au temps de La Fayette, au temps du général Pershing ou même sous la IV République, c’est évidemment une illusion. Car même sous le gouvernement de M. Queuille ou de M. Laniel, la France était encore un allié important pour la politique mondiale des États-Unis. Elle menait en Indochine une guerre tendant à retarder l’avancée du communisme asiatique que l’Amérique combattait en Corée avec la participation d’un bataillon français. En Europe aussi, Paris était une plaque tournante indispensable, le siège naturel d’institutions que les Américains encourageaient.

Aujourd’hui rien de tout cela n’existe plus et on aimerait simplement savoir si nous disposons non seulement de la capacité militaire mais bien plus encore de la force psychologique et politique nécessaire pour rétablir l’ordre dans la principale implantation française en Afrique francophone, la Côte d’Ivoire. On peut encore se demander, et j’utilise ici volontairement une litote, si dans cette affaire ivoirienne, les Américains désirent vraiment voir la France affirmer cette capacité à Abidjan.

Dans le moyen terme, nous allons assister à une vague déferlante d’antiaméricanisme.

Il serait naïf de ne pas mesurer combien cette vague redonnera une virginité à l’extrême gauche et combien elle tendra à diviser les Européens.

Ni pour combattre l’extrême gauche ni pour faire avancer l’entente véritable entre Européens, on ne saurait faire confiance aux équipes chiraquiennes.

C’est donc un authentique renouveau national européen qui sera nécessaire à la fois pour faire avancer l’émancipation identitaire du Vieux Continent et pour établir sur des bases nouvelles la coopération entre 450 millions d’Européens, 280 millions d’Américains et 140 millions de Russes.

JG Malliarakis

©L'Insolent

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