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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
LUNDI 24 FÉVRIER 2003
LE GRAND ÉCART DE M. CHIRAC SUR LES SUBVENTIONS AGRICOLES
(1)
Il existe aussi des sots qui changent davis
Je regrette décrire la présente chronique pendant un déménagement de ma bibliothèque, sans avoir sous la main lindispensable Dictionnaires des idées reçues de Flaubert ou la décapante Exégèse des lieux communs de Léon Bloy. Lun ou lautre a bien dû écrire quelque chose sur les imbéciles qui ne varient jamais dopinion et nous avertir quil existe aussi des sots qui changent davis.
Ceci na bien entendu rien à voir avec la politique où le maître demeure Edgar Faure, antigaulliste viscéral jusquen 1966 où il entra au gouvernement du général De Gaulle un an avant M. Jacques Chirac. Il avait coutume de dire : ce ne sont pas les girouettes qui tournent, cest le vent.
Ceci a encore moins de rapport dira-t-on avec les récents propos du seul chef de lÉtat africain membre permanent du Conseil de sécurité, réélu à 82 % avec lappui des prétendus socialistes locaux, vieux camarades de Saddam Husseïn. Il a toujours été stalinien en 1952, social-conservateur irréfragable en 1966, giscardien en 1974, travailliste en 1977, thatchérien en 1982, réformateur pendant la campagne dhiver 1994-1995, comme il est à la fois pro-israélien et pro-palestinien, pro-atlantique et anti-américain, garant personnel de la sécurité sociale, et son fameux "discours des odeurs" est encore présent dans toutes les narines. Il jouit du reste dans son pays dune impunité constitutionnelle indiscutable.
Ce personnage na rien à voir non plus avec lhomme qui est intervenu longuement lors de la 22e conférence des chefs dÉtat dAfrique et de France concernant le développement agricole le 21 février 2003 pour affirmer une doctrine charpentée, appliquée à lAfrique, aux conclusions libre-échangiste dont on retiendra les développements logique suivants :
[ ] Première assertion rhétorique
"Le développement agricole est crucial pour atteindre en Afrique sub-Saharienne ce taux de croissance annuel moyen de 7 % qui lui permettrait de réaliser les objectifs du millénaire."
"Dans ce contexte, la question agricole est essentielle. Le risque de famine qui menace aujourdhui encore une partie de lAfrique australe et de la Corne de lAfrique appelle non seulement une réponse humanitaire durgence, dans laquelle nous sommes engagés, mais aussi une réponse à long terme. Lagriculture a été, ces dernières années, le parent pauvre des politiques de développement, alors même que la construction de filières agricoles solides sera le plus sûr chemin vers lélimination de la faim et de la pauvreté en Afrique. Cest pourquoi il faut inciter les pays africains à développer des politiques agricoles ambitieuses, visant en premier lieu la satisfaction des besoins nationaux et prenant appui sur des interventions renforcées des bailleurs de fonds."
[ ] Deuxième mouvement de la pensée
"Ces difficultés sont parfois aggravées par les politiques des pays industrialisés. Je pense en particulier au coton, qui fait vivre plus de 15 millions de personnes en Afrique du Centre et de lOuest. Les prix mondiaux sont, en permanence, déprimés par des subventions de plusieurs milliards de dollars dont bénéficient quelques dizaines de milliers de producteurs."
"Il y a, sur ce sujet des matières premières, une sorte de conspiration du silence. Les solutions ne sont pas simples. Beaucoup des remèdes mis en place dans le passé notamment les grands accords de produits ont échoué et nous ne voulons pas recommencer ces expériences. Mais rien ne justifie lindifférence actuelle.
"Je vais donc proposer aux autres membres du G8 et aux institutions internationales qui travaillent sur ce sujet de rouvrir ce chantier. Plusieurs pistes méritent dêtre explorées."
[ ] Péroraison
"Dans la perspective de la réalisation des objectifs du millénaire, le cycle de Doha et la mise en oeuvre du NEPAD sont loccasion de mettre en chantier une nouvelle stratégie pour le développement de lagriculture africaine. Il nous faut, cest vrai, une nouvelle politique. Au-delà des actions dappui techniques toujours indispensables et qui devront être renforcées, je vous propose et je proposerai ensuite à nos partenaires de lUnion européenne et aux autres pays du G8 - trois grandes orientations : dabord, mieux gérer les politiques daide et dexportations agricoles des pays développés afin déviter quelles déstabilisent vos productions vivrières ; ensuite, défendre pour lAfrique un traitement commercial privilégié ; enfin, nous pencher à nouveau sur la question des matières premières et des produits de base, qui est essentielle pour votre développement."
Simple question :
Quel est cependant le personnage qui, à 22 reprises (1) dans les 12 mois écoulés, et pas seulement en février 2002 lors du précédent salon de lAgriculture est venu se porter à la rescousse des subventions à lagriculture européenne et française en particulier ?
M. Chirac a donc probablement raison de sopposer au clonage humain car on se demande sil nen est pas la première victime.
JG Malliarakis
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(1) ci-dessus illustration, sans aucun rapport avec cet article M. Chirac serrant la main de M. Mugabé.
(2) cf. Interview télévisée du 22 janvier 2003, Interview à Die Welt du 20 janvier 2003, Conseil européen de Copenhague et Conférence de Presse du 13 décembre 2002, Conférence de presse de Malaga le 26 novembre 2002, Conférence de presse de Prague du 22 novembre 2002, Conférence de presse de Rome du 7 novembre, Conseil européen de Bruxelles et Conférence de Presse du 25 octobre, Déclarations franco-allemandes du 24 octobre, Point de presse à lÉlysée du 22 octobre, Déclarations franco-allemandes à lÉlysée du 14 octobre, Point de presse à Hanovre du 7 septembre, Discours prononcé à loccasion de la réception des ambassadeurs le 29 août ("Je naccepterai donc pas que lélargissement serve de prétexte à une réforme anticipée de la PAC, réforme qui ne peut avoir lieu quen 2006, conformément au contrat solennellement conclu à Berlin."), 79es consultations franco-allemandes du 30 juillet à Schwerin, Interview télévisée du 14 juillet, Discours à Villepinte pendant la campagne présidentielle le 2 mai, Discours à Lyon pendant la campagne présidentielle le 25 avril, Discours à Ussel (Corrèze) sur le développement des territoires ruraux pendant la campagne présidentielle le 13 avril, Conférence de presse à Monterrey le 22 mars, Discours à Strasbourg pendant la campagne présidentielle le 6 mars, Déclaration au Salon de lagriculture le 24 février.
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