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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 4 MARS 2003
LA RETRAITE AGRICOLE CHASSE GARDEE DU PARTI COMMUNISTE
L'intégralité de la classe politique française est composée de gros hypocrites
Depuis plusieurs années, nous observons une démarche à la fois systématique et, à certains égards, insolite du groupe parlementaire communiste : il semble le seul à se préoccuper de la modicité des retraites agricoles.
Cette singularité sexplique par divers paramètres dont tous ne sont pas forcément déshonorants pour le PC. Par exemple, pendant très longtemps les travaux parlementaires consacrés à la situation de lapprentissage en France se limitaient à un rapport sénatorial confié à la présidente du groupe communiste, Mme Luc. Il a fallu attendre larrivée de M. Mélenchon, secrétaire dÉtat à la formation professionnelle dans le gouvernement Jospin, pour voir se lever une partie du voile de mépris que nos parlementaires issus de la fonction publique portent au travail manuel.
Remarquons-le, tout de même : sur les 5,3 millions de ruraux ressortissants du monopole MSA, la proportion du vote communiste est infime.
Or, plus de 2 millions dentre eux touchent des retraites nominalement misérables et par conséquent, ou bien cette retraite ne représente quune petite part de leur revenu de fin de vie, et alors pourquoi sentêter à les enserrer dans ce dispositif monopoliste.
Ou bien cette retraite MSA constitue leur ressource essentielle et ils ressortissent du Revenu Minimum dInsertion.
Rappelons à ce sujet que la moyenne des retraites effectives versées par la MSA est de lordre de 200 euros par mois.
Une récente proposition de loi a été déposée par M. Bocquet, inamovible pilier du non moins increvable groupe communiste à lAssemblée Nationale (1). Pour ceux qui ont manqué un épisode, son propos peut sembler un peu kafkaïen, il sagit en effet de "supprimer le système de minoration des retraites agricoles instauré par le décret n° 97-163 du 24 février 1997". Cette minoration a été inventée par le gouvernement Juppé pour pénaliser les petits paysans qui nauraient pas réalisé une pleine carrière agricole, cest-à-dire quand leur durée de cotisations à la MSA séchelonne entre 32,5 et 37,5 années :
- 15 % pour chacune des 2 premières années manquantes,
- 10 % pour chacune des 3 années suivantes
- et 40 % pour la 6e année manquante.
Au total, 55 % des retraités de la MSA touchent des retraites minorées.
Comment ne pas transformer cet "assujetti", contraint dadhérer de force à une mutuelle monopoliste, en défenseur acharné de la capitalisation ? Voilà sans doute la préoccupation du parti communiste. Lutter pour éliminer les injustices évidences du système de répartition est une préoccupation assez logique pour les défenseurs de ce régime.
Cela veut-il dire que les communistes sont les seuls à vouloir défendre la répartition, à croire encore à ce système ? Ce serait assez logique puisque ce mécanisme est effectivement dinspiration communiste, par son caractère à la fois
- collectiviste (il pense léconomie en termes de collectivité nationale)
- et marxiste (il croit encore quil nexiste pas de création de valeur du fait de lépargne effectivement investie dans le processus de production).
Et certes, sagissant de lagriculture, le parti communiste en est encore à croire à sa vieille dialectique "ouvrière et paysanne" à une époque où additionnées ces deux catégories représentent moins de 20 % de la population active.
Or, lintégralité de la classe politique se réclame de la sauvegarde du régime de répartition auquel les Français sont supposés si attachés quils en demeurent enchaîné. Cela veut donc dire que lintégralité de la classe politique française est composée de gros hypocrites eux-mêmes ficelés par une dialectique intrinsèquement communiste.
JG Malliarakis
(1) n° 631 du 13 février 2003
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