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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 6 MARS 2003

CRISE DU CAPITALISME MONOPOLISTIQUE D’ETAT EN FRANCE

Le réseau TGV étranglé par une "impasse financière ?"

Ce n’est sans doute pas par hasard, mais ce n’est pas de notre faute si la nouvelle annonce de déboires financiers pour France Telecom est survenue le même jour que les conclusions relatives aux investissements publics de l’État français.

Les Échos (1) parlent à ce sujet d’une "impasse financière" frappant aussi bien les projets de développement du réseau TGV, mais aussi divers dossiers autoroutiers et les canaux. S’agissant, en fait, d’un audit réalisé sur le financement d’infrastructures de transports à l’horizon 2020, on nous parle d’un manque de capitaux de 11 à 15 milliards.

Cette pénurie de financement public amènerait l’État à saborder le fameux projet de tunnel ferroviaire permettant la liaison Lyon-Turin et la fameuse extension des voies navigables Seine-Nord.

Première remarque : une telle réorientation des projets d’infrastructures ne prétend aucunement tourner le dos à la politique de M. Gayssot.

En particulier personne n’ose dire vraiment que le ferroutage est une utopie dans 99 % des cas. Cette utopie a été portée aux nues par toute la classe politique et bien entendu par le président de la république en personne, M. Jacques Chirac. Les deux ministres associés au traitement politique et à la communication d’État sur les dossiers, MM. de Robien et Bussereau, n’ont pas le courage de dire que la planification française de pépé relève de l’archéologie du stalinisme discret. Ils proposent donc simplement : "Fixons-nous un horizon raisonnable de 20 ans". Et par conséquent, ils se basent sur un document typiquement technocratique commandé en août 2002 à l’Inspection Générale des Finances et au Conseil Général des Ponts et Chaussées, c’est-à-dire aux corporations administratives les plus traditionnelles de l’État central français, et qui se sont toujours trompées. Cela permet de titrer une tribune conjointe "Infrastructure de Transport, le choix de l’Europe" et de chanter le grand air du fameux axe Rhin-Rhône.

Deuxième remarque : il existe deux sortes de projets, qu’il s’agisse d’infrastructures de transport ou de lait en poudre.

Il y a des projets utiles et rentables. Il y a des projets inutiles et nuisibles.

Les premiers, surtout s’ils s’inscrivent sur 20 ans, trouvent des financements privés.

Accorder aux seconds des financements que l’on prétend "publics" (2), c’est nuire à la nation.

On peut toujours prétendre que l’État prend en compte l’investissement à long terme.

Il y a bientôt 40 ans, j’ai reçu cette rhétorique de mes professeurs d’économie, de la lecture du Monde et de quelques traces hégéliennes inavouables. L’expérience humaine et la décision de ne plus jamais acheter le Monde, m’ont permis de constater combien cette illusion de l’État agissant à long terme était totalement fausse dans le cadre de la démocratie comme de la technocratie.

Entre le long terme et le court terme, les hommes de l’État et les bureaucrates choisissent toujours le court terme.

M. Raffarin l’a encore dit à La Réunion puis devant la Chambre de Commerce de Paris en février : Il ne touchera pas au "social". En revanche, on serrera la vis des investissements publics.

L’éclatante incapacité du capitalisme monopolistique d’État à planifier la croissance soutenue, (3) s’observe à nouveau dans les résultats de France Telecom. Ce désastre financier, sans doute le plus lourd, sinon, depuis le Panama, du moins depuis le Crédit Lyonnais s’explique à 90 % non par la gestion courante mais par les choix désastreux du développement externe. Et ce comportement s’explique non par la folie de M. Bon mais par le démon de midi des technocrates. Les gestionnaires de l’argent public sont toujours saisis en dernier par la bulle spéculative, les intérêts dont ils sont dépositaires sont donc les plus durement touchés par l’effondrement de la bulle.

Puisse donc cette double crise du capitalisme monopolistique d’État éclairer nos concitoyens !

JG Malliarakis

(1) 5 mars

(2) C’est-à-dire des financements adossés à des extorsions de capitaux d’origine privée mais que la Direction du Trésor détourne, par un biais ou par un autre, de l’épargne des ménages.

(3) Ce que l’idéologie politiquement correcte baptise développement durable.

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