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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 7 MARS 2003
LE LANCINANT DEFICIT FRANÇAIS DEVIENT ARROGANT
Le gouvernement chiraquien cherche-t-il à faire baisser salutairement leuro ?
Pour des raisons tout à fait circonstancielles, et pour tout dire paradoxales, on serait presque tenté de donner raison à la position de lÉtat français lors de la réunion de lEurogroupe ouverte le 6 mars. M. Francis Mer y a en effet imperturbablement annoncé que le déficit français pour 2003, évalué artificiellement à hauteur de 2,6 % en septembre dernier, atteindrait probablement 3,4 ou 3,5 %.
Déjà, le 3 mars, on savait que la France, ayant notifié un déficit de 3,038 réalisé en 2002, était en infraction.
Aujourdhui, lÉtat central français sinstalle dans le déficit excessif. Il y patauge, il prend ses aises et sébroue comme un éléphant joyeux en compagnie de lautre poids lourd, lAllemagne, légèrement plus penaude.
Par leffet de quel sortilège, pourrait-on singénier à se féliciter de cette attitude ?
1° Paradoxalement, certains pourraient tenir le raisonnement suivant. La règle du déficit à 3 %, le pacte de stabilité, la promesse dun retour à léquilibre vers 2006, tout cela tient à la volonté de construire lUnion monétaire et donc de crédibiliser leuro.
Aujourdhui, leuro à 1,09 dollar a retrouvé son cours du printemps 1999. Cest catastrophique pour la croissance européenne. Pire encore, de fins analystes prétendent que "le cours déquilibre de leuro devrait sétablir autour de 1,15-1,17 dollar". Cette prévision est formulée ex cathedra par M. Philippe Ithurbide, chef stratégiste à la Société Générale et elle est pieusement recueillie par les Échos, quotidien de léconomie ce 6 mars. De la sorte, la catastrophe pour léconomie européenne risque bien de samplifier. Heureusement, le concept de "cours déquilibre" est excessivement fragile dans un monde en déséquilibre et la prévision peut sembler jetable. Mais tout cela peut inciter le gouvernement chiraquien à sentêter dans son déficit Peut-être pour faire baisser salutairement leuro !
2° Paradoxe : non seulement ce qui nuit au cours de leuro pourrait faire les affaires de lexportation européenne, mais le gouvernement de Paris croit pouvoir se permettre daccentuer la crise des institutions européennes.
Dans les deux cas les Français "den bas" auraient tort de se réjouir et dapplaudir car toute action est le commencement dune habitude. Un jour ou lautre lÉtat français devra purger les déficits de lensemble de ses administrations publiques. Or, plus il différera ce redressement financier, plus celui-ci sera difficile dans le contexte monétaire rigide représenté par leuro.
En face du laxisme financier français, les institutions européennes ne disposent aujourdhui que de procédures finalement assez douces, trop douces.
En mettant les institutions européennes en face dun déficit arrogant et provocateur les autorités publiques françaises persistent
Nos dirigeants sont toujours très prompts à présenter les sanctions de la réalité internationale comme de mauvais complots contre "la juste cause de grande nation". Cependant, il nest pas certain que cette attitude demeure perpétuellement convaincante pour les "Français den bas".
Cest donc une habitude très dangereuse dans laquelle nos dirigeants sont en train de sinstaller.
Et le danger doit être dautant plus souligné que tous ces déficits sont occasionnés non par des investissements productifs pour lavenir mais par une gabegie et des dépenses démagogiques authentiquement destructrices de la France et de son identité.
JG Malliarakis
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