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CHRONIQUE DE L'EUROPE LIBRE

MERCREDI 12 MARS 2003

A PROPOS D’UN ENTRETIEN DU CHEF DE LA CGT DONNE AU FIGARO

Les professions indépendantesconstitueront le fer de lance de la lutte de demain pour les libertés sociales

C’est très complaisamment, que le Figaro du 11 mars, donnait la parole, sur une grande page organe du grand quotidien bourgeois, au camarade Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT imposé par le parti communiste en 1999.

Celui-ci annonce en effet une "sérieuse confrontation" à propos des retraites.

Ce qui nous frappe cependant, ce ne sont pas les divergences entre les bureaucraties syndicales, plus ou moins rivales, la représentation patronale et le gouvernement à propos des retraites, mais les convergences, puisque tous sans exception, affirment leur attachement indéfectible à la répartition.

La divergence porte certes sur un principe très fort. Quoique stalinien lui-même, le camarade Thibault est aujourd’hui réconcilié avec les trotskistes. Ce n’est donc pas lui faire injure que de lui coller une doctrine issue en droite ligne du Programme de transition de Lev Davidovitch Trotski des années 1930 et de la "stratégie de défense des acquis".

Pour la CGT d’aujourd’hui, il existe des droits sociaux, conquis de haute lutte et il ne peut pas être question de revenir sur ces principes désormais intangibles que sont la retraite à 60 ans, les 35 heures, les régimes spéciaux sur lesquels ils convient de s’aligner "par le haut", plutôt que d’égaliser par le bas.

Que tout économiste un peu sérieux sache combien ces droits sociaux génèrent d’effets pervers à l’encontre de la majorité de la population, et d’abord de la partie la plus pauvre, cela ne convainc que la part très minime de l’opinion qui prend en considération la théorie économique. Cette fraction de l’opinion qu’on peut étiqueter "libérale" ne joue aucun rôle dans la prise de décision effective.

En effet, on doit "objectivement" remarquer que la doctrine de défense des acquis a probablement pour elle la conviction, ou la lâcheté, de presque tous les décideurs. L’idée même de remettre en cause ces "droits" les glace d’effroi — comme s’il valait mieux conserver quelques millions de chômeurs ou d’assistés les uns dans le chômage, les autres dans l’assistanat, mais en conservant les "droits" plutôt que de permettre le plein emploi dans le cadre du marché libre du travail. (1)

"Dans les faits, déclare Thibault au Figaro, le gouvernement abandonne le droit à la retraite à 60 ans comme le souhaite le Medef. En procédant de la sorte, le gouvernement se prépare à des jours difficiles."

Nous réitérons notre question de janvier quand il était question de grèves et de manifestations "pour les retraites" : Qu’est-ce à dire ? Quelle réforme positive dans le cadre de la répartition imaginée alors la CGT ?

Tous azimuts : cela veut dire qu’un seul degré d’incertitude demeure loisible aux gouvernants. Ils ont le choix entre deux registres et ils combineront paradoxalement les deux.

Hausse du taux des cotisations ;

Élargissement de l’assiette des cotisations :

C’est la "géniale" invention de Rocard et autres Bérégovoy engloutis personnellement dans le naufrage de la Miterrandie mais dont le legs demeure avec la CSG, créée en 1991 et portée au maximum par la réforme Juppé de 1996-1997. Cet élargissement étant limité pour les gros par la concurrence fiscale internationale se traduira aussi :

3° Par une répression accrue des professions indépendantes.

Celles-ci incarnant en France la part du travail libre, elles constitueront donc naturellement le fer de lance de la lutte de demain pour les libertés sociales.

JG Malliarakis

(1) On peut alors reconnaître un (1) mérite à M. Madelin : celui d’avoir cherché à faire comprendre à l’opinion que l’option inverse était préférable. S’étant lui-même investi dans cette stratégie, il crut habile de renoncer à tout autre investissement "politique". On a vu le résultat !

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