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CHRONIQUE DE L'EUROPE LIBRE
JEUDI 13 MARS 2003
LES FAUSSES PISTES DU RAPPORT CHADELAT
Elles peuvent conduire le gouvernement à encore plus de socialisme
tout cela pour être de plus en plus mal soigné par un personnel harassé, submergé dans les hôpitaux du socialisme imperturbable.
Il est évidemment toujours difficile de résumer et de juger un rapport officiel en quelques lignes et cela est un exercice encore plus périlleux sagissant dun document tout frais et en cours lélaboration comme le rapport rédigé par M. Chadelat pour le compte du ministre de la Santé à propos des assurances maladies (1).
Pour rendre le débat bien technocratique, la logique du rapport Chadelat distingue ce quil appelle les AMO, Assurances Maladies Obligatoires, selon la réglementation française et les AMCB, Assurances Maladies dites Complémentaires de base.
Pour ceux qui connaissent mal le fonctionnement réel de la facturation des soins et de leurs remboursements en France, le concept dune "complémentaire de base" laisse évidemment perplexe. En réalité, on doit avoir présent à lesprit que les AMCB, ce que le public a pris lhabitude didentifier aux "mutuelles" ne remboursent pas sur la base des dépenses effectives du patient mais sur la base dun barème. Dans de nombreux cas, souvent coûteux comme les couronnes dentaires ou les lunettes, on est loin du compte et cest ainsi que certaines "bonnes mutuelles" remboursent ce genre de soins à 200% parfois 300% du barème, ce qui finit par se rapprocher de la facture réelle.
De cette réalité inhérente à toute économie administrative, il sensuit une situation dont on feint de redouter lhypothèse, alors quelle sest bel et bien installée dans la pratique : oui, la médecine fonctionne "à plusieurs vitesses". Oui, on est mieux soigné quand on est en haut de léchelle. Oui, plusieurs millions de Français ont renoncé aux soins dentaires. On pourrait allonger la liste des constats de défaillance dun système dont on continue de parler comme sil était le meilleur du monde. Et quand M. Lagardère se trouve victime dune maladie nosocomiale, contractée à loccasion dun passage assez banal à lhôpital, on constate que ces carences médicales et hospitalières ne frappent pas seulement "les pauvres".
Mais tous ne sappauvrissent pas de ce fait.
Le très important lobby des mutuelles saccroche aux mécanismes du monopole de "lAMO" qui lui laisse une part importante du marché de la "complémentaire de base". Voilà lenjeu du rapport Chadelat qui propose de fusionner les deux marchés sous le sigle technocratique provisoire dAMG, Assurance Maladie Généralisée.
Au passage, cette AMG renforcerait son caractère "social", nous assure-t-on, car si les mutuelles demeureraient dadhésion facultative, on créerait un dispositif daide à lachat du panier de soins représenté par
"AMO + AMCB = AMG."
Cette belle équation technocratique permettrait une extension du domaine de lassistanat bureaucratique.
En effet, la création de la CMU, Couverture Maladie prétendument Universelle, poussivement mise en place par le gouvernement Jospin entre 1997 et 2002, ne suffit pas. Les technocrates français constatent que "seulement" 13,6 millions de personnes ressortissent en théorie de ce système dassistanat.
Cela ne leur paraît pas suffisant.
Le passage à lAMG, Assurance médicale généralisée, permettrait daider non plus 13 millions mais 18 millions de gens. Cette extension serait compensée par "louverture au privé", cest-à-dire non par la libre assurance mais lintervention libérée de quelques gros groupes monopolistes eux aussi aidés et garantis par lÉtat afin dobliger en fait les salariés de grosses entreprises et des administrations à souscrire par procuration des contrats de groupes ciblés, de plus en plus cher.
Et tout ce monde sera dailleurs de plus en plus mal soigné par un personnel harassé, submergé dans les hôpitaux du socialisme imperturbable.
JG Malliarakis
(1) Rappelons notamment que la mécanique même de tels rapports consiste à "ouvrir le parapluie" de la responsabilité de l'auteur qui renvoienet à des décisions prises par d'autres. Et, à leur tour, les politiques se barricadent eux-mêmes derrière ces rapports...
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