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BULLETIN QUOTIDIEN EN TOUTE LIBERTÉ

VENDREDI 14 MARS 2003

NOUVEAUX REGARDS SUR LE DESORDRE ETABLI DE LA SOCIETE FRANÇAISE

Le Code Civil de 1804 sauvait les intérêts acquis il ne fondait pas une société respectueuse des propriétés, des libertés et des contrats.

Mon émission de ce soir sur Radio Courtoisie est consacrée à un aspect pas assez souvent évoqué aujourd’hui du funeste héritage de la Révolution française, du jacobinisme, puis du système napoléonien toujours omniprésent dans la société française.

Quand on pense à Napoléon, l’imaginaire des Français se représente en général une épopée militaire et sa fin malheureuse ; on pense aux noms de batailles et de généraux inscrits sur l’Arc de Triomphe et on prolonge souvent cette considération par un nombre d’institutions que nous voulons croire bienfaisantes : lycées, préfectures, corps de l’État, une partie du système bancaire, etc. C’en est à ce point qu’on fête en 2003 le centenaire de la Chambre de Commerce de Paris, certes rétablie par Napoléon, mais dont l’existence remonte au moins à Henri IV.

Dans l’espace des idées politiques, la place centrale n’est d’autre part, certainement pas occupée par les partis centristes et démocrates-chrétiens mais par un fond bonapartiste qui s’emploie à n’être ni de droite ni de gauche. Le président actuel de la république est probablement une des plus parfaites incarnations de cette façon de voir et d’agir, qui mélange le fond radical de la III république à d’autres équations ressemblant fort à celles du Second Empire.

Tout cela, qui peut paraître virtuel, pèse largement sur les décisions effectives, limitant considérablement les volontés de réformes. Non seulement il n’est pas question de remettre en cause l’armature sociale plus récente, héritée de 1945 et des diverses phases de gouvernements de gauche, puisqu’on ne veut pas " choisir " entre la droite et la gauche. Mais, par ailleurs, on craint d’indigner ce qui tient lieu de droite en prenant trop clairement le contre-pied du Code Civil de 1804.

Or, il faut se résoudre à l’évidence : si les mesures prises par le Front Populaire, la Libération et le Tripartisme entre 1944 et 1947, le gouvernement Mauroy en 1981-1982 ou M. Jospin entre 1997 et 2002 découlent incontestablement d’une idéologie socialiste, on ne peut pas considérer l’héritage juridique du Code Civil comme fondateur de valeurs "de droite".

Tout d’abord, Emmanuel Beau de Loménie a largement démontré (1) que tous les héritiers du système mis en place par Napoléon ont mené, de 1814 à 1940, au travers de nos régimes et désastres successifs une politique de centre gauche, ne retirant que très ponctuellement leur hypocrite soutien et leur cynique alliance à l’extrême gauche la plus rouge.

D’autre part, M. Xavier Martin dans son récent ouvrage "Nature Humaine et Révolution française" (2) démontre deux tendances.

La première pas assez remarquée jusque-là considère le Code Civil rédigé entre 1800 et 1804, et qui continue d’être la base de notre droit, comme le produit d’une circonstance bien particulière. Il s’agissait de sauver les intérêts acquis et non de fonder une société respectueuse des propriétés, des libertés et des contrats.

La propriété n’était défendue que comme acquis, non comme principe.

La deuxième touche à l’héritage philosophique de l’Anthropologie des lumières. C’est une découverte assez forte de ce livre, partagé aussi avec les travaux de Jean de Viguerie (3), que cette anthropologie est essentiellement déterministe et négative des libertés humaines.

Tant que l’ensemble de cet héritage aussi bien social, que politique, philosophique et économique ne sera pas reconsidérée il ne faut pas s’étonner de l’incapacité de notre malheureux pays à opter pour la liberté et la responsabilité.

JG Malliarakis
© L'Insolent
  1. Dans sa magistrale série des Responsabilités des Dynasties Bourgeoises.
  2. Ed. Dominique Martin Morin.
  3. cf. Notamment son Histoire et Dictionnaire du temps des lumières coll. Bouquins chez Laffont.

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