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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
JEUDI 20 MARS 2003
POURQUOI LES ORGANISATIONS PATRONALES BOXENT-ELLES AVEC UNE MAIN DANS LE DOS ?
Lidéologie collectiviste a échoué: il est temps que la France sen sorte
On doit donner raison, en cette amorce de printemps au MEDEF en la personne de son représentant, M. Guillaume Sarkozy, pour avoir haussé le ton dans le débat sur les retraites.
Contrairement à une étrange rhétorique de la droite politique en effet, lorganisation patronale sinquiète de la perspective tendant à ne réformer que la retraite des fonctionnaires. Cest la fameuse théorie de la variable dajustement qui permettrait dégaliser pour tous la durée de cotisation à 40 ans.
Les raisons de lattitude gouvernementale et de la rhétorique dominante de la droite politique doivent être mieux analysées.
La classe politique utilise la stratégie du voleur chinois, déplaçant lobjet convoité avant de le dérober.On procède ici par petites touches. On entend les uns proposer que lon reçoive un meilleur droit à pensions en fonction dune durée de cotisations plus élevées : principe que personne ne réfutera !
Les autres, misant sur le ressentiment de leur électorat sociologique, se contentent de caresser le slogan, tant soit peu démagogique dune égalité mythique face à la retraite du public et du privé : là encore, qui oserait contester la dialectique égalitaire ?
Mais dans la pratique comme dans la théorie, on doit reconnaître que ces deux attitudes témoignent dune doctrine un peu courte.
Dans le cadre de la retraite par réparation de base on doit bien considérer en effet que le droit à pension a logiquement quelque chose à voir, si le droit social existe, avec une durée théorique de cotisation et avec une évolution de lespérance de vie.
Si déprimante que soit une vie de fonctionnaire, on voit mal pourquoi elle conférerait un rapport différent et pourquoi elle donnerait droit à une espérance de retraite plus grand. Voilà en gros la doctrine que lon retrouve à la CFDT mais aussi au MEDEF. Or, cette doctrine est une application édulcorée.
Le MEDEF quant à lui va un peu plus loin.
Guillaume Sarkozy proclame que la France active est dabord constituée par les 16 millions de salariés du privé et que si la réforme de leur retraite de base est urgente cest dabord parce que leurs retraites complémentaires sont menacées. Il presse donc le gouvernement dagir plus rapidement et pas seulement en direction de la fonction publique.
Il se trouve que la France est en Europe pratiquement le seul pays à imposer, aux salariés et aux cadres, des institutions monopolistes de retraites complémentaires gérées selon le principe de la répartition. Nous sommes donc parfaitement daccord avec M. Sarkozy Frère pour constater quil est urgent de réformer ces retraites complémentaires mais nous serions reconnaissants à son organisation si elle consentait à proposer véritablement une analyse des raisons de leur fragilité actuelle.
En clair, ou bien M. Sarkozy Frère ayant reconnu les difficultés de la situation actuelle, expose les moyens quil envisage pour sortir les générations futures du guêpier de la répartition ou bien il sexpose, lui-même et lorganisation patronale, à un discrédit grandissant.
Il se trouvera acculé à la défensive car il permettra à la campagne dAttac contre les fonds de pensions et lépargne privée davancer sans aucune autre résistance que quelques voix isolées et marginalisées comme la nôtre.
Et dautre part, il sera dit quil ne propose rien puisquil nose pas dire lui-même la vérité.
Cessez donc de boxer avec une main ligotée dans le dos, M. Guillaume Sarkozy!
Vous avez eu le courage délever le ton. Ne vous arrêtez pas en si bon chemin. Dites bien clairement que la répartition dans le domaine des retraites cest tout simplement le produit de lidéologie collectiviste des années 1930. Cette idéologie a échoué en tous lieux et en tous temps, dans la grisaille ou dans le sang. Il est temps que la France sen sorte.
JG Malliarakis
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