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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 21 MARS 2003

AUTOUR DU BOYCOTT DES PRODUITS FRANÇAIS

Suggéré par certains Américains il est critiqué par le Mises Institute

Personne ne peut ignorer qu’aux États-Unis un immense débat se développe autour des divers aspects de la guerre d’Irak. Le Washington Post (1) publie ainsi un sondage montrant que 7 Américains sur 10 étaient, 24 heures après le début de l’offensive, favorables à l’intervention.

Mais il y a aussi plusieurs débats dans le débat :

- au sein des partis, au sein des courants d’idées d’abord ainsi que

- sur des points que l’on pourrait considérer comme futiles ou secondaires si l’un d’entre eux ne nous concernait pas directement : faut-il ou non boycotter les produits français ?

Parmi les protagonistes il n’y a pas seulement quelques personnages comme Michael Moore, grand amateur, et gros consommateur, de nourriture française, face à quelques Don Quichotte, chevaliers à la triste figure, pourfendeurs des moulins à vents de Nabuchodonosor. Il y a aussi, au sein de la droite républicaine un débat interne qui prolonge une opposition assez visible depuis plusieurs mois entre :

1° Une tendance que nous appelleront conservatrice. On pourrait la dire nationaliste. Elle continue à développer un courant remontant à la fondation de National Review dans les années 1950 par William Buckley. L’influence de cette école a culminé sous la présidence Reagan (1981-1988). Elle est certainement distincte de la famille de pensée qui entourait son successeur George Herbert Bush (1989-1992. Au plan de l’économie, autour de George Walker Bush (2001- ?) il existe aussi de sérieuses différences, qui tiennent notamment aux circonstances : les reaganiens avaient amorcé la politique de redressement budgétaire alors que le budget de GW Bush est terriblement déficitaire. D’autre part le gouvernement américain actuel a cru bon de prendre des mesures protectionnistes, certainement éloignées du reaganisme conservateur.

Néanmoins, en politique extérieure, les conservateurs américains, en gros, soutiennent le président Bush (2).

2° À l’inverse, les libertariens américains (3) multiplient les critiques à l’endroit de la guerre d’Irak, dans laquelle ils voient une monstrueuse manipulation étatiste associée au "budget keynésien" présenté pour 2003 à 307 milliards de dollars d’impasse avant même de chiffrer le coût de la guerre.

La polémique (4) fait ainsi rage entre les libertariens de l’Institut Von Mises et certains représentants conservateurs du Cato Institute.

Et elle se poursuit aussi sur la question du boycott des produits français que le Mises Daily du 19 mars évoquait : Boycott the French ?

À cette question, M. Dale Steinreich répond de manière très vigoureuse par la négative en corrigeant l’intervention du représentant du Cato Institute, M. Stephen Moore, qui s’était, lui, prononcé pour un tel boycott le 14 mars sur Fox News lors de l’émission de Bill O’Reilly, partisan déclaré de l’intervention. Moore proposait ni plus ni moins, au nom des sacrifices américains des deux guerres mondiales et de la guerre froide de punir l’ingratitude des Français en substituant l’eau Poland Spring à l’eau d’Évian, en cessant de monter dans les Airbus et bien entendu en renonçant au champagne, au cognac, aux parfums, à la confection. Il a même nommé les firmes Chanel, Clarins, Danone ("Dannon"), Evian, L’Oréal, Louis Vuitton, Moët, Rémy-Martin, Saint-Laurent.

Un seul cas échapperait à ce boycott : les hôtels tels que Sofitel au motif que "des Américains y travaillent".

Le Mises Daily Article souligne qu’au bout du compte aucun économiste, et pas seulement les lecteurs d’Adam Smith, ne peut souscrire à ce raisonnement. Airbus n’est pas seulement monté à Toulouse, chez les "méchants" Français, et avec des composants fournis par les "méchants" Allemands. Parmi ses fournisseurs et partenaires interviennent de "gentils" Anglais et Espagnols, et même des entreprises américaines. Et tous les autres exemples convergent pour ridiculiser l’idée de boycott.

On respire ! Les frites françaises ne seront pas dans la purée !

On peut certes hésiter entre le soulagement national et le débat philosophique sur l’interdépendance des pays occidentaux. Reconnaissons cependant à la fois qu’il est probablement des sujets plus graves et qu’on aimerait, par ailleurs, ne pas avoir à se poser de telles questions.

JG Malliarakis

(1) 21 mars

(2) Comme le font d’ailleurs les conservateurs britanniques

(3) En France "les libertariens" sont manifestement divisés

(4) Nous ne prenons pas partie dans cette polémique interne à la droite républicaine américaine. Il y a du moins un point sur lequel nous ne pouvons pas suivre les libertariens américains : ils appellent leurs adversaires "néocons". Non possumus.

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