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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 28 MARS 2003

DES LIONS MENÉS PAR DES ÂNES

Les chiffres et les principes montrent que la France et l’Euroland vont dans le mur

M. Charles Gave vient de publier (1) un livre au titre fort attirant : "Des lions menés par des ânes". Les lions, c’est le peuple français. Les ânes ce sont, hélas, les dirigeants de l’État français. Cet essai sur le crash économique, que l’auteur qualifie à la fois de "à venir et très évitable" concerne l’Euroland en général et la France en particulier.

Français, disant lui-même qu’il a mal à la France, Charles Gave est un spécialiste reconnu des marchés financiers internationaux.

Depuis 20 ans il est basé à Londres, où il s’est fait tout particulièrement remarquer sur le terrain de l’étude des monnaies.

Son livre, d’une lecture beaucoup plus aisée qu’on pourrait l’imaginer au premier regard, abonde en tableaux chiffrés. Il est dédié "aux femmes de sa famille" car il ambitionne d’expliquer à quiconque fait preuve d’un peu de bon sens, les ressorts d’une réalité généralement tenue pour illisible par la grande majorité de l’opinion.

La fabrication de l’ouvrage est insolite. Les graphiques sont même en couleur, ce qui sied à la pédagogie contemporaine tout en étant fort irritant pour le puritanisme de l’édition parisienne : on ne tourne pas seulement le dos à la pensée unique, on s’écarte du modèle de la collection blanche NRF. Diantre !

Cette présentation reflète évidemment une approche, elle-même controversée dans l’esprit d’un autre puritanisme, de meilleur aloi, puisqu’il s’agit des idées économiques. Minoritaires en effet sont les économises qualifiés de libéraux qui privilégient l’approche dite macro-économique, à base de chiffres globaux : en général cette approche est plutôt la marque des disciples de Keynes, ou des interprètes sociaux démocrates de ce qu’on appelle le néo-keynesianisme.

Là encore, il s’agit d’un malentendu. Si on consulte l’indispensable Histoire Monétaire des États-Unis de Friedman, on remarque qu’il comporte presque autant de tableaux de chiffres et de graphiques que le livre de Charles Gave. Or, c’est bien cette Histoire monétaire qui, dans la sphère des idées, a porté le premier coup mortel en 1963 à l’influence de Keynes.

Sans partager nécessairement les idées ou les conclusions de Charles Gave d’autres économistes libéraux développent, eux aussi, une approche macro-économique similaire. Les travaux les plus remarquables de ce courant sont en France ceux de Marc de Scitivaux et de ses Cahiers Verts de l’économie (2).

Dans son ouvrage, Charles Gave souligne, sans concessions ni périphrases inutiles, un aspect terrible de la société française. Il dénonce l’étranglement des créateurs et des entrepreneurs par les rentiers, et par une politique monétaire qui a la prétention de construire l’Europe sur le modèle du centralisme français. On n’est plus du tout dans la langue de bois technocratique, on est dans le cœur du sujet.

Il y a donc bel et bien un malentendu à lever : l’école autrichienne critique à bon droit l’économétrie quand il s’agit de chercher à mesurer naïvement des agrégats faussement comptables comme le PIB et surtout si l’on croit que le développement de ce PIB résulte de combinaisons plus ou moins alchimiques d’une quantité de travail et d’une quantité de capital. Toutes les tentatives de théoriser, et surtout de mettre en pratique cette prétendue économie mathématique ont échoué.

Néanmoins, s’agissant des mouvements monétaires, la comptabilité reprend ainsi ses droits.

D’autre part, les moins littéraires de ces économistes mettent l’accent, également, sur les principes que revendiquent contre les technocrates "économètres" les défenseurs de la pensée dite "autrichienne".

Les principes sont communs : il s’agit de liberté, de la propriété et des contrats. Il s’agit aussi de réhabiliter non pas l’entreprise comme une entité abstraite mais l’entrepreneur individuel, c’est-à-dire le plus souvent le petit entrepreneur, Charles Gave le fait explicitement dans son livre.

Or, c’est parce qu’elle foule au pied ces libertés et ces petits entrepreneurs que la France, en tête de l’Euroland, va bien évidemment et tristement dans le mur.

Si tristes que soient les chiffres, ils permettent de le souligner. Presque joyeusement… et charitablement (3)… La vérité vous rendra libre !

JG Malliarakis

(1) Editions Robert Laffont.

(2) 17 Avenue Hoche, 75008 Paris.

(3) La première charité ne consiste-t-elle pas à dire la vérité…

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