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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 31 MARS 2003

À L’HEURE OÙ THIBAULT SE TROUVE RECONDUIT À LA TÊTE DE LA CGT

Faut-il rappeler qu'il s'agit d'un communiste impénitent ?

C’est en 1995 qu’un militant communiste âgé alors de 36 ans, le camarade Bernard Thibault fit pour la première fois son apparition sur les écrans de télévisions. Il s’agissait à l’époque de parler au nom des cheminots en grève contre le Plan Juppé. Et on doit se souvenir du contexte de cette grève : l’objet consistait alors à bloquer toute perspective de réforme du régime spécial de retraites dont jouissent les employés de la SNCF et ceux de la RATP.

La maladresse du gouvernement avait été immense. Le contexte de la rupture avec Alain Madelin, démissionnaire en août et qui avait osé évoquer les "privilèges des fonctionnaires", explique sans doute la surenchère faussement réformiste entreprise alors par l’énarque Juppé, probablement désireux de couper l’herbe sous le pied de son rival. Manquant de grâce et de naturel, le Premier ministre de M. Chirac ficela ainsi son discours fondateur du 15 novembre. Il déclencha alors, dans un premier temps un applaudissement unanime de la presse conformiste. On se reportera au besoin à notre chronique du 16 novembre pour découvrir toutefois qu’il n’avait pas convaincu tout le monde. Et parmi les opposants, les appareils syndicaux s’engouffrèrent dans le malaise qui s’était emparé de certains bénéficiaires des régimes spéciaux : on ne leur avait pas dit à quelle sauce ils allaient être mangés.

C’est sur la défense donc, violente, et même illégale de ces régimes spéciaux que se construisit le prétendu mouvement social de l’automne 1995, et notamment par la grève thrombose et les piquets agressifs des quelques centaines de gros bras cégétistes dans les dépôts d’autobus, les terminus du métro et les gares de la SNCF.

Pour dissimuler en coiffer cette face sordide du syndicalisme du xix siècle, il fallait cependant fabriquer une image plus jeune, éventuellement sympathique. Ce fut en Bernard Thibault la trouvaille du parti communiste français.

Dans la médiocrité générale du personnel stalino-cégétiste, l’ascension de cet ancien secrétaire général des cheminots CGT de Paris-Est, poste auquel il accéda en 1986, alors âgé de 27 ans, fut assez fulgurante. Dès 1997, Louis Viannet le désigne comme son successeur à la tête d’une centrale syndicale dont tous les dirigeants depuis 1945 ont toujours, soit secrètement, soit officiellement, membres de l’instance collégiale dirigeant le Parti Communiste, hier Bureau politique, aujourd’hui Comité National auquel il fut désigné en 1996.

Aujourd’hui, on présente Thibault comme représentant de l’indépendance de la CGT vis-à-vis du PCF, au motif qu’à partir de 2001, il a jugé habile de ne plus siéger publiquement au Comité national.

On pourrait cependant poser quelques questions à cet indépendant de fraîche date ou de façade :

A-t-il rendu ou déchiré sa carte du Parti ?

A-t-il dénoncé les crimes du système communiste commis contre les ouvriers ?

A-t-il mesuré, lui qui se trouve au premier rang de la dénonciation de ce qu’il appelle l’ultralibéralisme où mènent les dénonciations ?

A-t-il analysé l’échec des systèmes de régulation étatiste ?

Non, non et non : il demeure un communiste, un léniniste et un marxiste.

En 1999, il avait été imposé lors du 46 Congrès à la tête de la CGT par l’appareil stalinien sans débat, sans opposition, sans véritable vote. Aujourd’hui, il est présenté comme recentrant la centrale. Il est présenté comme un interlocuteur valable mais peut-on seulement dire si le 47 congrès qui l’a reconduit dans ses fonctions l’a fait au terme d’un simulacre de démocratie ? Pas même.

Les pratiques typiquement communistes trahissent bien la constante mainmise du parti sur la CGT dont la seule évolution est que son Bureau confédéral qui comptait aujourd’hui 1 communiste sur 2, en compte désormais 2 sur 3.

JG Malliarakis

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