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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 1ER AVRIL 2003

NON À TOUTE CONNIVENCE AVEC LA CGT !

Les technocrates dont Fillon est le porte-parole sont-ils les alliés de la centrale stalinienne ?

Depuis la 46 congrès de la CGT à Strasbopurg, la mainmise du parti est devenu plus sournoise. Les faux discours du camarade Thibault sur l’indépendance de la CGT s’inscrivent ainsi dans une perspective elle-même plutôt inquiétante.

Car les services de M. Fillon, notre brillantissime ministre des Affaires sociales, souhaitent disposer d’un interlocuteur syndical fort. Et, alors, pourquoi pas la CGT ?

Mais pour cela il faut enrayer la baisse colossale des adhésions.

Aujourd’hui, la CGT revendique 685 000 membres dont une bonne moitié sont des retraités et/ou des fonctonnaires ou des personnels à statut.

On voudrait donc faire repasser ce chiffre au-dessus de 1 million et pour cela par conséquent se réimplanter dans le monde industriel et dans le secteur privé.

Voilà la politique de Thibault.

Croire naïvement que telle petite concession sur les retraites, déclaration récente et qui a irrité les fonctionnaires, soit un indice de modération, c’est tout ignorer de la pratique stalinienne, léniniste, prétendant toujours osciller entre deux "erreurs".

Les archivistes retrouveront déjà cette rhétorique des deux erreurs dans le discours de Robespierre du 25 décembre 1793, théorisant la pratique de la Terreur : le gouvernement révolutionnaire "doit voguer entre deux écueils, la faiblesse et la témérité, le modérantisme et l’excès, le modérantisme qui est à la modération ce que l’impuissance est à la chasteté, et l’excès qui ressemble à l’énergie comme l’hydropisie à la santé… Les deux extrêmes aboutissent au même point."

Rien ne semble avoir changé dans la pratique cégétiste par rapport à Robespierre dont la station de métro à Montreuil est si proche du siège national de la CGT.

S’il commettait l’erreur de faire de la CGT son interlocuteur central, le gouvernement Raffarin serait probablement amené à bloquer un peu plus l’évolution des retraites. La seule liberté de jeu que la CGT s’accorde à elle-même, c’est le combiné "âge de départ, durée" mais sur tout taux de cotisations.

En se donnant à elle-même un peu plus de liberté de négociation, la CGT rend un (relatif) service au gouvernement et à son ministre des Affaires sociales, M. Fillon, très étriqué dans l’équation actuelle de la sauvegarde de la répartition.

Il serait cependant fort dangereux que cette ligne de conduite amène le pouvoir à prendre au sérieux l’apparition d’un interlocuteur CGT sous prétexte de renvoyer dans leurs insignifiances respectives les petites centrales concurrentes

- comme la CFTC qui prétend donner une véritable orientation au paritarisme : "On nous demande un avis circonstancié pas une signature"

- ou la CFDT pour qui la revalorisation des basses pensions est incontournable.

- CFTC et CFDT convergent ainsi sur le concept du SMIC-Retraite.

Un axe (subtil) Gouvernement-CGT serait évidemment catastrophique pour l’avenir des cotisants et pour les perspectives sociales du pays mais il donnerait un bol d’air extrêmement tentant à un pouvoir dont l’assise sociale est très étroite.

Dans un tel contexte on comprend mieux pourquoi les médiats officiels sont si bienveillants à l’égard du camarade Thibault, figure totalement illusoire d’un renouveau syndicaliste improbable.

Quant à la négociation des retraites elle-même, on remarque qu’elle ne semble absolument pas laisser filtrer la moindre avancée vers la capitalisation.

Les logiques patrimoniales correspondent pà l’aspiration profonde des Français. Mais elles font horreur à tous les adversaires du "diable ultralibéral". Et les excommunicateurs des libertés sociales tiennent hélas en ce moment le haut du pavé à Paris, pour le malheur de ce pays.

JG Malliarakis

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