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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MERCREDI 2 AVRIL 2003
LE GOUVERNEMENT SEXPOSE À SA PROPRE DÉMONÉTISATION
Sil ne diminue pas rapidement le Déficit, la Dette et les Dépenses les 3D , D comme Désastre, de la Démagogie.
Entre son discours fort prononcé à Clermont-Ferrand le 31 mars et son émission de 80 minutes programmée sur la chaîne dÉtat FR3 le 3 avril, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin semble profiter du printemps pour mettre un terme à sa relative hibernation des trois derniers mois.
En bon élève des bons pères, le Rominagrobis de Matignon se garde bien dévoquer la moindre faille entre son analyse de chef du gouvernement et les grandes lignes de grande politique tracées de la main auguste du chef de lÉtat. Quon se le dise: quand M. Raffarin paraît ne pas suivre Jacques Chirac, cest tout simplement quil le précède.
Il était jusquau bout favorable à un règlement pacifique de laffaire irakienne. Il la dit et redit, comme il a plusieurs fois déclaré que la France nétait en guerre ni avec les États-Unis, ni avec la Grande-Bretagne, ni avec lEspagne. On respire ! C'est un message très clair !
Non moins clairement le Premier ministre sappuie très fortement sur les principes intangibles énoncés par le chef de lÉtat, et notamment sur "la Réforme". "Je souhaite, dit-il, garder le cap qui a été tracé par le président de la république." Et il poursuit : "Cela veut dire que plus il y a de difficultés extérieures, plus il faut faire des réformes intérieures".
Cet habile discours pourrait être tenu pour moins inconditionnellement aligné sur le chiraquisme de stricte observance quil ny paraît à première vue. Car, dans les faits, depuis la réélection triomphale de Jacques Chirac avec plus de 80 % dune classe dâge et lobtention dune majorité parlementaire écrasante à lAssemblée, les grandes réformes accomplies ont été très limitées. Maintenant, donc, on va voir ce quon va voir.
Il y a plusieurs mois que lexcellent chroniqueur des Échos, M. Nicolas Baverez, sétait permis le mauvais jeu de mot consistant à surnommer le Premier ministre, M. Ra-fera-rien. Va-t-il soudain se trouver démenti ?
Voilà qui serait désirable pour la France, malgré toute lestime que mérite M. Baverez.
On annonce donc que dici lété sera accomplie "la" réforme des retraites. La réforme oui, mais quelle réforme ? De même pour la suivante, prévue pour intervenir à lautomne, qui doit sauver le système de santé. Cest un beau programme mais il est vague. Parler de "la" réforme sans dire vers quelle réforme on sachemine, était une astuce qui avait fort bien réussi en 1994-1995 au candidat Chirac. Elle a abouti au résultat que lon sait lors des élections législatives de 1997 dès lors que le plan Juppé se révéla, en 1996, pour ce quil était : la plus énorme nationalisation du xxe siècle.
Le gouvernement de M. Raffarin ne pourra pas échapper à lobligation de réformer vraiment, cest-à-dire de développer les espaces de liberté. Il le pourra dautant moins que la situation de la France vis-à-vis de ses obligations européennes est de plus en plus délicate.
De plus, si l'on s'en tient au discours même du Premier ministre, par exemple, pronocé aux usines Michelin de Clermont-Ferrand le 31 mars, il théorise personnellement les difficultés du pays, inventant la formule dune "rupture de croissance". Chaque jour, les médiats insistent sur les inquiétudes du moral des ménages et des entrepreneurs. Il serait difficile de faire admettre à ces ménages, et à ces entrepreneurs que lÉtat ne pratique pas de sacrifices dans son train de dépenses démagogiques souvent accomplies dailleurs dans lassistance aux étrangers.
Prisonnier de sa propre logique, le gouvernement na plus les moyens de dévaluer le franc français qui nexiste plus : cest à sa propre démonétisation quil sexpose sil ne diminue pas rapidement le déficit, la dette et la dépense publique, les 3D, D comme Désastre de la Démagogie.
JG Malliarakis
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