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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
VENDREDI 4 AVRIL 2003
RAFFARIN EST MOINS CONVAINCANT SUR LE TERRAIN POLITIQUE
quil ne lest sur le terrain économique
En écoutant lintervention du Premier ministre ce 3 avril sur FR3 on pouvait séparer deux aspects totalement disjoints de son propos : la doctrine économique et le discours politique.
Économiquement, soyons honnêtes, M. Raffarin dit des choses excellentes. Sur la diminution des impôts, ou plus exactement des taux dimpositions, mais aussi des charges sociales et de la réglementation nous sommes plus que daccord avec les idées quil défend avec talent et même un certain courage. Il ne fait aucune de ces petites concessions qui fichent tout par terre. Il se refuse à différer les réformes au gré de la conjoncture extérieure. Bien au contraire, le chef du gouvernement tire argument des difficultés extérieures pour réaffirmer lurgence supplémentaire des réformes intérieures.
Sur la CSG on notera également que M. Raffarin a très nettement écarté lhypothèse de son augmentation.
Cette proposition lui est murmurée depuis quelques semaines par de sournoises sirènes, par les mêmes gens pour qui laggravation de la fiscalité est un bon moyen de diminuer les déficits. À tous ces mauvais conseilleurs, qui ne sont évidemment pas des payeurs, le Premier ministre a rappelé quil était là pour dire la vérité aux Français et que, par conséquent, il nallait pas reprendre par la CSG ce quil concède en décrue fiscale proprement dite.
Il sera intéressant dans lavenir de bien repérer quelle sorte de techniciens proposent laugmentation de la CSG ou de la CRDS, car ces deux fiscalités sociales sont particulièrement perverses.
Et, si lon ne soit pas sattendre à leur remise en cause immédiate, on doit bien se persuader de leur nuisance : le grand public ne sen rend absolument pas compte.
Plus généralement, M. Raffarin a plusieurs fois insisté sur le fait que sa politique annoncée a pour objet (1) non la satisfaction de telle ou telle catégorie sociale délecteurs supposés ou convoités, (2) mais lintérêt de la France et des Français. Cest ainsi quil répond à la rhétorique chère à Mme Laguillier sur les "cadeaux aux entreprises", expression que lon retrouve trop souvent non seulement dans la presse de gauche mais aussi dans lesprit des gens qui se croient, ou se veulent, de droite. En vérité, rappelle aux Français M. Raffarin il nous manque 1 million dentreprises.
Cette absence dramatique, ce vide démographique incite à poser la question : pourquoi notre pays voit-il détruire sa créativité économique ? Et la réponse est largement dans la fiscalité, dans les charges sociales et dans la réglementation.
Mais, cest là où M. Raffarin nous semble un peu insuffisant, toutes les causes fiscalistes et technocratiques sarticulent aussi sur un modèle culturel. Or, les énarques et les communicateurs français vivent dans ce modèle ottoman où lon égorge le marchand pour lui dérober son supposé sac dor. Tant que la France centraliste, la France du jacobinisme du xxie siècle, la France légiste du xive , la France gaulliste du xxe continuera dégorger la France productive, on ne doit pas sétonner si les entrepreneurs manquent à lappel et si les ingénieurs senfuient à lÉtranger.
M. Raffarin cesse dêtre convaincant dès lors quil aborde laspect politique et culturel, indispensable comme moyen de léconomique. Savoir si lon est en droit décrire encore "politique dabord" comme au temps de Charles Maurras est en soi une question oiseuse. La vérité actuelle est quaucune reconstruction économique et sociale de notre pays ne sera possible tant que le pouvoir sera englué dans la majorité factice et dans les 80 % mensongers de mai 2002.
Je soupçonne fortement M. Raffarin den avoir lintuition mais de nen rien dire. Cest sans doute pour cela quil est politiquement moins convaincant.
JG Malliarakis
(1) On devrait plutôt écrire : "aurait pour objet, si elle était effectivement mise en oeuvre", car elle demeure largement virtuelle.
(2) Cette satisfaction correspond à ce que les théoriciens appellent le "marché politique".
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