Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ...Accéder au Courrier précédent
COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 8 AVRIL 2003
FAUT-IL SE FELICITER DE LA PROGRESSION DU FONDS DE GARANTIE DES RETRAITES ?
Barrot désire "un effort supplémentaire pour parvenir à 40,5 ou 41 ans de cotisations à lhorizon 2009"
Péniblement, le gouvernement fait avancer son projet de paupérisation de la retraite par répartition. Paupérisation est le seul mot qui convienne à lévolution de ce système, lui-même coincé par lallongement de la vie, le coût grandissant de la vieillesse, létroitesse de la base démographique européenne et la fin de lillusion monétaire des époques dinflation à 10 %
Cette paupérisation se traduit par un système déquations assez simple, sagissant de répartir arithmétiquement une masse cotisationnelle :
Ou bien on augmente les taux de prélèvements,
Ou la durée de cotisations,
Ou bien on diminue les pensions versées.
Pour des raisons assez évidentes la technocratie a choisi dallonger la durée des cotisations qui était de 37 ans et 1/2 il y a 10 ans, avant la réforme Balladur de 1993. Elle est en train de passer à 40 ans pour tous. Et le 5 avril, M. Jacques Barrot, glorieux signataire des ordonnances du plan Juppé en 1996, aujourdhui président du groupe UMP à lAssemblée, chef de la majorité parlementaire par conséquent avouait désirer "un effort supplémentaire pour parvenir à 40,5 ou 41 ans de cotisations à lhorizon 2009" (1).
Dans ce contexte il convient donc dêtre très vigilant vis-à-vis de linstitution fort dangereuse du Fonds de Réserve des Retraites.
Si lon en croit les prévisions de la Commission des Comptes de la sécurité sociale (2), ce Fonds disposerait en résultats cumulés de 16,58 milliards deuros de capitaux fin 2003, soit 4 milliards deuros supplémentaires par rapport à 2002. En 1999, il navait en caisse que 0,31 milliards.
Certains seraient donc tentés dapplaudir à cette garantie grandissante donnée à un système qui verse, de manière très diversifiée plus de 100 milliards deuros de prestations vieillesse et représente en dette "implicite" un capital très supérieur à 3 fois la capitalisation boursière de la France et 2 années de Produit Intérieur Brut de la Nation. La création du FRR avait pour fonction, comme pour la prétendue dette sociale, de dégager sournoisement limplication de lÉtat dans ces dettes qui auraient rendu le franc français totalement inéligible à lunion monétaire : on serait arrivé à une dette publique de lordre de 300 % du PIB selon les critères de Maastricht.
Mais linconvénient le plus grave du fond de réserves est que (3) il gèle et gèlera des capitaux de plus en plus importants. Au départ on ne savait même quen faire.
Et puis on a confié la gestion du Fonds à lomniprésente Caisse des Dépôts et Consignations.
Le Conseil de surveillance se réunissait le 2 avril sous la présidence dun des technocrates les plus actifs dans ces questions, dont M. Juppé avait fait un directeur de la sécurité sociale, M. Raoul Briet, inconnu du grand public comme il se doit.
Une décision importante a été prise : celle de placer 55 % des capitaux du FRR en actions dont 38 % sur la zone euro.
La France a choisi ainsi une voie moyenne entre
- lIrlande, où les fonds équivalents sont investis à 80 % en actions,
- le modèle Calpers fonds de pension des fonctionnaires californiens, 60 % en actions
- et le fonds équivalent norvégien réputé "modèle scandinave" à 40 %.
Cette décision est intervenue à un moment où les opportunités dinvestissements en actions sont particulièrement favorables.
On peut cependant la tenir pour presque courageuse : on aurait pu sattendre à pire.
Le fonds de réserve a multiplié ses actifs par 5 en 3 ans
Il reste que sil devait continuer cette progression on devrait craindre quune telle masse de capitaux puisse être confiée à un comité aussi obscur et technocratique.
Si vraiment ce fonds recevait une dotation égale à ses besoins, cest la totalité des grandes entreprises françaises qui tomberait sous son contrôle.
JGMalliarakis
Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent
Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis en souscrivant un abonnement