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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 17 AVRIL 2003

IL EST BIEN TARD POUR S’INQUIETER DE LA LOI CORANIQUE EN FRANCE

Mais il n’est jamais trop tard pour comprendre qu’on s’est fourré dans un guêpier…

Certains commencent à s’inquiéter, avec beaucoup de retard. C’est sans doute la conséquence des scrutins des 6 et 13 avril. Ce vote s’est révélé désastreux pour les poulains du ministre de l’Intérieur, et notamment pour mosquée de Paris d’obédience algérienne. Il était supposé désigner les représentants d’une prétendue communauté musulmane de France dont le principe est aussi contraire aux lois républicaines qu’aux traditions islamiques.

Le principe de ce mariage de l’eau et du feu remonte à 1989. Alors, le ministre de l’Intérieur était M. Pierre Joxe. Ses successeurs, MM. Pasqua, Chevènement, Vaillant et Sarkozy ont tous confirmé, tous accéléré, tous institutionnalisé son désir d’organiser le culte musulman en France.

Peu leur importait, et peu leur importe encore, le fait qu’en bonne doctrine, il n’existe pas de culte islamique. La nuance est importante, car s’il existe effectivement un aspect "cultuel" de la religion de Mahomet, au sens véritable du mot, il se trouve limité à la Pierre Noire et au Pèlerinage de La Mecque, c’est-à-dire très au-delà des frontières de notre république.

Peu leur importait, par ailleurs, l’esprit de la Loi de 1901 sur la liberté d’association et de la Loi de 1905 séparant l’Église de l’État.

Peu importe également aux bâtisseurs français de cette organisation pseudo-cultuelle, étatique sans équivalent en Europe, que la seule hiérarchie de l’islam est celle des docteurs de la Loi. Faut-il s’indigner que ces juristo-théologiens, mollahs en Iran, ulémas en Afrique du Nord, professent de leur loi religieuse une interprétation islamique ? Faut-il s’étonner que cette interprétation se révèle de plus en plus islamiste, tant la frontière entre islamique et islamiste est mal gardée ?

Ce 15 avril, M. Sarkozy s’est autorisé à déclarer que la France pourrait remettre en cause la convention franco-marocaine de 1981 permettant d’appliquer le statut personnel, c’est-à-dire le Code civil inspiré du droit musulman aux Marocains vivant en France. "La Loi islamique ne s’appliquera nulle part en France parce que ce n’est pas la Loi de la République". (1)

Il est un peu tard. Mais il n’est jamais trop tard pour comprendre qu’on s’est fourré dans un guêpier, à condition de pouvoir s’en sortir ; il n’est jamais trop tard pour découvrir qu’on s’est engouffré dans un guet-apens, sous réserve de savoir le déjouer.

Il n’est jamais trop tard non plus pour avouer qu’on s’est tiré une balle dans le pied, à condition de l’en extraire.

Il serait donc de la plus élémentaire honnêteté de le reconnaître.

Faute d’avoir acquis une connaissance indispensable de l’Islam (2), nos ministres de l’Intérieur, successifs aussi bien Joxe que Pasqua avant-hier, Chevènement ou Vaillant hier, ou aujourd’hui Sarkozy, ont conçu l’organisation de l’islam en France sur des modèles faux.

Ils ont voulu plier l’islam, le couler dans des moules français sans réaliser que ces moules sont fragiles, conçus pour un pays majoritairement catholique en 1901.

Est-ce alors manquer au laïcisme que de rappeler les paraboles évangéliques sur le vin nouveau et les vieilles outres, sur le tissu neuf et le vêtement rapiécé ?

L’État français a voulu intervenir sur le modèle de l’État algérien et de l’État kémaliste en Turquie. Il aurait pu réfléchir sur ce qu’il est advenu de la République algérienne islamo-laïcisée par Boumediene en 1963 comme de la République turque aux élections de novembre 2002.

L’État français a décidé en décembre 2002 de mettre l’islam de France sous le contrôle de la Mosquée de Paris, c’est-à-dire indirectement sous la tutelle de l’Algérie : c’est ainsi qu’il a décidé que le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, présiderait le Conseil représentatif des musulmans et qu’il serait flanqué d’une organisation liée aux Frères musulmans et aux Saoudiens.

Le scrutin pyramidal, trafiqué, indirect des 6 et 13 avril a clairement montré que les mosquées réelles n’ont aucunement l’intention de s’aligner.

Le statut personnel de droit coranique, c’est essentiellement une conception musulmane de la famille qui englobe

… Eh bien, cette conception, totalement contraire à nos lois et à nos traditions, cherchera à s’imposer, au sein des institutions islamiques de France, et pas seulement chez les bénéficiaires de la convention franco-marocaine de 1981. Et ce phénomène se développera d’autant plus fermement que tout cela a été pratiquement reconnu, dans les faits par la sécurité sociale et par le ministère de l’Intérieur.

On admirera, par exemple, d’apprendre que la plupart des mosquées exigent un mariage civil antérieur au mariage religieux, alors que l’article 433-21 du Code Pénal en fait une obligation passible de prison pour tout ministre du culte.

Que M. Sarkozy, ministre de la République, fasse aujourd’hui profession de respecter la loi c’est bien le moins qu’on soit en droit d’attendre de lui. Mais il aurait dû commencer par cette bonne vielle Loi de Séparation remontant 1905, loi renforcée par le Préambule constitutionnel de 1946, loi qui dispose explicitement que la République, tout en reconnaissant la liberté religieuse en France, ne subventionne et n’a à reconnaître aucun culte, encore moins par conséquent à l’organiser.

JG Malliarakis

(1) Déclaration faite le 15.4 sur Europe n° 1

(2) faute d’avoir eu l’humilité par exemple de se reporter aux travaux de Henri Lammens ("L'Islam, croyances et institutions")

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