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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 18 AVRIL 2003

AU-DELA DE LA QUESTION DES RETRAITES

La question qui demeure est celle de la paralysie culturelle de la droite française :

Hayek, Boehm-Baerk ou Mises n’auront pas de sitôt leur rue à Paris…

Je puis bien l’avouer aujourd’hui, le débat franco-français sur les retraites après 12 ans de travail personnel (*) sur cette question m’est devenu en lui-même essentiellement fastidieux.

Techniquement, il me semble démontré qu’aucune solution n’est possible pour sortir la Répartition de sa crise lancinante, inéluctable et paupérisante. Même ceux qui affirment en préparer la sauvegarde avouent aujourd’hui que leurs calculs conduisent inéluctablement à 41 ans de cotisations en 2009, 42 ans en 2020.

En réalité, ce serait encore pire si on les laissait faire, si on sauvait vraiment le système.

Il faudrait, pour sauver le système, combiner

Heureusement, ça craquera bien avant : voilà ce que l’on peut espérer pour la France et pour les Français qui s’appauvrissent chaque jour, ruinés, lentement mais sûrement, par leurs systèmes sociaux et par les prélèvements étatiques.

La question n’est donc pas de savoir quelle idéologie sous-tend les retraites par répartition. Cette idéologie n’est pas autre chose que le collectivisme, alimenté par l’erreur fondamentale de Karl Marx, sa théorie de valeur (1). C’est cette erreur persévérante que l’on retrouve dans les critiques des camarades Nikonoff (2) et Le Duigou (3) ligués contre ce qu’ils appellent la conception patrimoniale de l’épargne vieillesse.

La question intéressante n’est donc pas ce que pensent Le Duigou, Nikonoff et les quelque 15 % d’électeurs staliniens et trotskistes. On sait bien ce qu’ils pensent.

La question est de savoir pourquoi la conviction inverse, la nôtre, celle qui consiste à constater à la fois l’efficacité marginale du capital mais aussi le rôle fécond de la propriété, de la liberté et de la responsabilité se trouve

N’accusons pas seulement la complaisance politique pour le communisme ; la main de Moscou n’est même plus dans la culotte du colonel Fabien. Sartre est mort et il rôtit dans le pire des enfers, celui de l’indifférence et de l’ignorance.

Demandons-nous plutôt pourquoi même un journal comme le Figaro, plus d’un siècle après Boehm-Bawerk et la réhabilitation théorique du capital (4), plus de 10 ans après l’effondrement de l’Union soviétique, semble encore réticent à l’idée d’arracher la retraite au mode de gestion collectiviste. Demandons-nous pourquoi l’UMP ne veut surtout pas avoir partie liée avec un système qui n’est pas seulement protestant anglo-saxon, mais aussi slavo-catholique, flamand, japonais, libanais, portugais après avoir été athénien, alexandrin, byzantin, vénitien, lombard, wallon, tchèque, scandinave, hanséatique, et même russe au début du 20 siècle (5) etc.

N’accusons pas le nombre colossal, grotesque, de nos fonctionnaires et de nos entreprises sous statut quasi administratif.

Demandons-nous plutôt pourquoi nous avons produit et nous continuons d’entretenir cette délirante hypertrophie.

On découvrira sans doute que les racines culturelles de l’anti-libéralisme français sont profondément inscrites dans une Histoire écrite et enseignée à contresens.

Nous avons pris l’habitude, par exemple, de tenir les Jansénistes du 17 siècle et les Encyclopédistes du 18 pour les fondateurs de nos libertés, alors qu’ils ont jeté les bases d’un système de Droit (6) totalement négateur de la responsabilité individuelle et ils ont été continués par les Romantiques du 19 siècle (7).

Ce n’est pas le peuple français qui porte les gènes de son asservissement : il n’aime pas du tout sa servitude. Il essaie simplement de l’oublier.

En vérité, les responsables ce sont les faux lettrés, les faux redresseurs de torts, les faux intellectuels et les vrais faussaires qui se sont emparés du pouvoir culturel et qui tétanisent les individus et les esprits libres.

Ils le font avec le secours de faux chrétiens et c’est sans doute la mystérieuse réalité que l’on peut emprunter, 2 000 ans après la Passion, aux coïncidences du calendrier liturgique en ce Vendredi Saint catholique.

JG Malliarakis

(*) J'ose donc à peine recommander la lecture de mes deux petits livres disponibles sur les Retraites

(1) C’est cette théorie de la valeur et de la "plus-value" qui nie à la fois le rôle décisif du capital et le rôle positif de la propriété légitime dans le processus de production.

(2) Président (communiste) d’Attac.

(3) Expert de la CGT (communiste) sur les questions des retraites.

(4) Eugen von Boehm-Bawerk (1851-1914) avait réfuté le Das Kapital de Marx dès son premier ouvrage magistral Kapital und Kapitalzins (1884-1889) puis en 1886 dans Grundzüge der Theorie… Il est, avec Karl Menger (1840-1921) le maître de l’école autrichienne ; Ludwig Heinrich von Mises (1881-1973) et Friedrich August von Hayek (1899-1992) sont ses successeurs. Il faudra encore attendre longtemps semble-t-il pour que la ville de Paris les honore en donnant leur nom à une petite place ou à un jardin.

(5) Peut-être même est-il en train de redevenir russe depuis la réforme fiscale russe de l’an 2000 instaurant la flat tax dans la Fédération de Russie.

(6) On se reportera notamment aux travaux du professeur Xavier Martin, notamment "Nature Humaine et Révolution française" (Éditeur : Dominique Martin Morin).

(7) Songeons particulièrement ici à cette pensée affreusement fausse de Lacordaire : "Entre le faible et le fort, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui libère". Cette phrase fameuse résume toute la pensée commune des intellectuels français.

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