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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 24 AVRIL 2003

LE DEREMBOURSEMENT DES MEDICAMENTS N’EST NI LE VRAI PROBLEME NI UNE SOLUTION

Le vrai problème est celui de l’impuissance étatiste

Selon des chiffres diffusés par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie en date du 18 avril, on évaluait à 7,5 %, à la fin mars 2003, la hausse des dépenses du régime général observable dans les 12 derniers mois. Pour la gestion de la sécurité sociale, cette tendance est, bien entendu, tout à fait catastrophique et toutes les projections sur l’état financier du système monopoliste fin 2003 explosent.

Il est peut-être vain dans ce contexte de comparer les rythmes de hausse des différents postes. Tous sont au-dessus du soi disant Objectif National des dépenses d’assurances maladies (Ondam) fixé par la prétendue Loi de financement de la sécurité sociale pour l’année 2003 fictivement votée par le parlement.

Rappelons en effet, à ceux que les mots soi-disant, fictif ou prétendu choqueraient surprendraient,

Mais enfin on a voté, et l’État a planifié pour l’Ondam un taux d’évolution globale de 5,3 % soit un Ondam en valeur de 123 milliards d’euros.

Dans la réalité des 12 derniers mois, malgré l’Ondam voté, malgré la Loi, le taux d’évolution des dépenses se situe très au-delà des + 5,3 % dans toutes les catégories de dépenses :

Le gouvernement que le monde nous envie a donc choisi de frapper un grand coup et de porter le fer. Sans doute pour montrer à l’Europe qui s’inquiète des déficits français et à l’Amérique ultra-libérale que l’étatisme planificateur français ne se laisse pas intimider et ne renonce pas à son exception culturelle.

Il a donc choisi de commencer par le commencement.

Et dès le week-end de Pâques, profitant de ce que si pieusement les automobilistes étaient sur les routes pour alimenter les caisses de l’État par la TIPP, il a effectivement publié un arrêté au JO du 19 avril, signé du ministère de la Santé, ramenant de 65 à 35 % le taux de remboursement de 616 médicaments extrêmement courants. En réalité, la mesure est tout à fait bénigne et le coût de ces spécialités n’obèrera pas le budget des ménages.

Mais, on s’en doute aussi, cette mesure ne changera rien à l’équilibre des comptes sociaux.

Elle a cependant une haute portée philosophique.

On ne peut pas en attendre moins du grand ministre de la Santé dont tout le monde a oublié le nom, mais dont Alain Madelin avait fait le président de son groupe parlementaire car, professionnellement, c’est lui aussi un catholique.

Pour des raisons non moins désintéressées, les mutuelles, philosophiquement plus laïques que le bon Dr. Mattei, la trouvent un peu saumâtre car elles devront payer la différence. En revanche, elles applaudissent par ailleurs à l’idée d’un autre série de décrets qui ramèneront à 0 % très bientôt le remboursement de 600 autres médicaments. Car dans ce cas les mutuelles ne payeront plus rien non plus.

Les syndicats protestent donc énergiquement. Pour la CFDT cela "augure mal d’une réforme de la sécurité sociale". Et pour la CGT cette "mesure expéditive aura pour effet de transférer le coût des médicaments sur les patients et leurs mutuelles". Laissons de côté cette dernière lapalissade grotesque, qui mériterait pourtant à elle seule un déchiffrage sémantique, tant elle reflète d’inculture économique et sociale.

Le point le plus grave est l’agitation autour de cette politique mesquine de déremboursement arbitraire et sournois, qui ne changera rien au déficit de l’assurance maladie.

Ni le ministère de la Santé, ni les mutuelles, ni les appareils syndicaux ne veulent en effet s’affronter sur le vrai problème de la sécurité sociale monopoliste française, tout simplement parce qu’ils sont le problème.

Tant qu’on s’agitera pour savoir si un anti-inflammatoire à 5 euros doit être remboursé à 65 ou 35%, on laissera de côté le problème central de la France en général et de l’assurance maladie en particulier, qui est le problème de l’étatisme et de son impuissance à gérer une situation comme celle des comptes sociaux.

JG Malliarakis

    (1) Communiqué du 22 mars.

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