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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 25 AVRIL 2003

SOUHAITONS AU GOUVERNEMENT BERLUSCONI DE DURER ...

.. POUR LE PLUS GRAND BIEN DE L’ITALIE

et face à une gauche presque aussi butée et divisée que la nôtre,

Silvio Berlusconi a très mauvaise presse en France. À lire les journaux français son gouvernement serait politiquement calciné dans son pays comme le serait aussi le gouvernement Aznar en Espagne.

Il est vrai qu’il vaut mieux, pour un homme public, être quelqu’un dont on parle en mal que d’être quelqu’un dont on ne parle pas du tout : les dirigeants français, eux, intéressent très peu la presse italienne, malgré la proximité des deux pays qu’on appelait autrefois les sœurs latines.

Non seulement M. Berlusconi est le premier entrepreneur d’Italie, sans avoir étudié la science administrative à l’ENA (1) mais vient d’avouer publiquement une circonstance aggravante aux yeux des bien-pensants de Paris et de la gauche locale. Le 23 avril, le gouvernement de Rome reconnaissait le fait (2) que, membre du pacte atlantique, il avait envoyé 20 agents du SISMI, Service de Renseignement Militaire, pendant 22 jours en Irak.

Cette activité de voyagiste s’est effectuée clandestinement et elle choque profondément ces traditions françaises de transparence de l’action des services spéciaux, traditions que l’on a pu apprécier dans l’affaire du Rainbow Warrior et qui s’étalent chaque jour dans le procès ELF. Imaginer que la patrie de Polichinelle puisse faire fonctionner un service secret secrètement, c’est à ne pas croire.

Depuis qu’il a été porté au pouvoir par une vague de fond, le gouvernement Berlusconi a cependant d’autres résultats, incontestables ceux-là, à mettre à son actif.

En particulier, fin 2002, dans un contexte général de crise et de détérioration des perspectives de croissance, l’Italie avait ramené au-dessous de 9 %, exactement au taux de 8,9 % la proportion des chômeurs dans la population active, c’est le taux de l’année 1992.

Il se crée plus de 300 000 emplois nouveaux nets chaque année de l’autre côté des Alpes dont plus de 200 000 contrats à durée indéterminée.

Nonobstant ces résultats positifs, les dinosaures de la CGIL, version italienne de la CGT, faisaient mine de s’alarmer de 300 000 suppressions d’emplois prévisibles dans des secteurs en perte de vitesse, oubliant que ces dégraissages permettent précisément de créer 600 000 emplois durables et rentables dans d’autres secteurs.

L’une des composantes de cette réussite est, de façon très naturelle, l’augmentation de la flexibilité du travail. Ainsi les contrats à temps partiels ou à durée déterminée sont passés de 9,6 à 10 % au cours de l’année énoncée. Mais surtout la grande question reste celle du fameux article 18 du statut du travailleur qui bloquait depuis 40 ans les licenciements y compris dans les entreprises moyennes. Pour avoir étudié la réforme de ce statut et des dispositions rigides du système italien, le professeur Biagi fut assassiné l’an dernier dans des conditions qui ont, momentanément, indigné l’Europe entière puisque les terroristes qui ont abattu froidement cet universitaire, père de famille, rentrant chez lui à bicyclette, se réclament des fameuses Brigades Rouges, parti communiste combattant.

Le chef d’alors de CGIL le camarade Sergio Cofferatti fut tenu par certains comme "moralement responsable" de l’assassinat. C’était certes excessif. Mais les attaques virulentes de la CGIL et des communistes contre la réforme de l’article 18 n’ont pas cessé sous son successeur, le camarade Epifanio.

Bien plus, le parti de la Refondation communiste dirigé par Fausto Bertinotti a engagé un processus de référendum d’initiative populaire, comme la Constitution italienne le lui permet et qui amènera les électeurs italiens à se prononcer non pas sur l’abrogation de l’article 18 mais sur son extension aux entreprises de moins de 15 salariés.

On comprend que la gauche italienne soit embarrassée et divisée face à une telle initiative.

M. Antonio d’Amato président de la Cofindustria c’est-à-dire du patronat industriel a clairement considéré qu’une telle mesure ramènerait le pays au Moyen-Âge (3).

Et en définitive un débat médiatique le 14 janvier a montré que la gauche néo-marxiste de l’ancien chef du gouvernement Massimo d’Alema voyait dans.

Le grand quotidien de centre gauche La Repubblica titrait d’ailleurs son commentaire du 19 janvier "Bertinotti et Berlusconi unis dans la lutte". La démarche des vieux bolchos donnerait selon l’éditorialiste Eugenio Scalfari une merveilleuse occasion au gouvernement Berlusconi pour durer encore 15 ans.

Reconnaissons, quant à nous, qu’une telle hypothèse serait plutôt positive pour l’Italie. C’est le 6 mai que la CGIL devrait trancher à propos de la consigne de vote qu’elle donnera. Elle risque fort de se rallier à la proposition communiste : paradoxalement on peut presque souhaiter qu’elle favorise de la sorte l’alliance de la droite ouverte en 1993 par l’actuel président du Conseil, et maintenue unie depuis lors.

S’il en est ainsi, Berlusconi a encore devant lui des jours bénéfiques pour son pays.

JG Malliarakis
    1. qui n’existe pas dans la malheureuse (?) péninsule.
    2. Révélé le 22 avril par La Repubblica.
    3. Cf. La Repubblica du 18 janvier 2003.

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