Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ...Accéder au Courrier précédent

 

COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 28 AVRIL 2003

LE CADAVRE DU DIRIGISME PLANIFICATEUR ÉTATISTE BOUGE ENCORE EN FRANCE

On est tenté de se réjouir de la nomination de M. Alain Etchegoyen philosophe et entrepreneur qui dirigera le Commissariat au Plan.

La publication par la Datar, le 24 avril, du rapport de 270 pages tendant à recommander aux pouvoirs publics une nouvelle politique des transports mérite au moins quelques lignes de commentaires.

Si le gouvernement était vraiment résolu à réformer l’étatisme français réaffirmons liminairement qu’il aurait, depuis longtemps supprimé le Commissariat général au Plan et la Datar, Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale dont personne ne peut plus croire que la survie soit innocente après des décennies d’échec évident.

Certains seraient, de ce point de vue, tentés de se réjouir de la nomination en date du 23 avril d’un nouveau Commissaire au Plan en la personne de M. Alain Etchegoyen, ce normalien de 51 ans pourrait bien être en effet le liquidateur du planisme que son prédécesseur Jean-Michel Charpin (1) et encore moins avant lui Jean-Baptiste de Foucauld n’avaient pas su remettre en cause.

Vivons d’espoir, puisque M. Etchegoyen est un philosophe de formation, et non un technocrate, et qu’il est devenu entrepreneur en 1989 en reprenant la faïencerie d’art Géo Martel.

La DATAR, elle, demeure un bastion de l’idéologie planificatrice et elle le prouve à nouveau en prétendant arbitrer entre le rail, la route et la voie d’eau.

Comme tous les bons esprits, nos aménageurs du territoire partent de certitudes a priori que l’on peut retrouver dans toutes les gazettes.

A priori, leurs propos contre le camionnage et contre la voiture individuelle ne surprennent plus personne aujourd’hui, s’agissant de littérature.

On s’étonne presque de voir encore, certains, oser fabriquer, oser vendre ou même oser acheter des voitures. Et pourquoi ne pas le dire : c’est tellement plus commode d’aller chercher à bicyclette un réfrigérateur dans un dépôt ferroviaire de banlieue que de se le faire livrer par camion, c’est tellement plus convivial de faire ses courses une à une, à pied, chez un épicier maghrébin que d’aller en voiture dans un hypermarché.

Pourquoi même les grands magasins de centre ville se préoccupent-ils de faire construire des parcs de stationnement souterrains ? On se le demande. Car le vrai programme des princes qui nous gouvernent est de réserver l’usage des automobiles aux ministres, députés et membres des cabinets ministériels afin de créer comme dans l’Union soviétique des années Brejnev 800 000 emplois de chauffeurs de maîtres.

À lire les orientations suggérées par la DATAR, une chose frappe cependant, c’est l’ingéniosité technique pour créer de nouvelles ressources parafiscales.

Le FIATA, Fonds d’Intervention pour les Aéroports et le Transport Aérien assumera ainsi une liaison des départements défavorisés du nord-est (Meuse, Vosges, Haute-Savoie, Jura) et du Sud-Ouest (Landes, Gers, Lot) vers Paris.

On "assurera" l’avenir des trains inter-régionaux.

On "ouvrira" le massif central au TGV.

On "créera" une liaison TGV Bordeaux-Toulouse (mais pas Paris-Limoges-Toulouse).

Or, tout cela suppose un financement à base de subventions publiques car rien de tout cela ne trouve son équilibre économique par le marché.

C’est pourquoi la DATAR renouvelle les propositions inspirées par le fiscalisme :

Une phrase est ici à retenir : "C’est évidemment vers l’usager qu’il conviendra de se retourner".

La DATAR ne s’y trompe pas, mais le lecteur, non plus, ne doit pas se méprendre.

Pour le technocrate, l’usager c’est l’ennemi.

Il faut "faire de la pédagogie", phrase connue, car cet usager, ce consommateur, cet individu est un petit enfant.

Mais attention aussi. Quand ils parlent d’enfant, ces jansénistes modernes ont lu ce qu’il y a de pire dans saint Augustin : "Si petit enfant, si grand pécheur".

Pas de pitié, pensent-ils, pour le cochon de payant. Que crèvent les Français pourvu que survive une certaine idée de l’État. Voilà leur programme…

JG Malliarakis

(1) nommé directeur général de l’INSEE.

Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent

Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis • en souscrivant un abonnement