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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
LUNDI 5 MAI 2003
FAUT-IL IMPUTER LABSENCE DE RÉFORMES AU SEUL M. RAFFARIN ?
Faut-il imputer le chômage à labsence de réformes ?
Le gouvernement Raffarin est en place depuis 12 mois. Et le Premier ministre évoquait cet anniversaire le 4 mai sur Europe n° 1. La grande question était donc celle de son bilan économique. Or, ce bilan est essentiellement négatif. Nous ny pouvons rien. Nous le regrettons mais cest ainsi, les faits sont les faits. Chaque mois en France le chômage augmente de 24 000.
Certains eurosceptiques nous reprocherons peut-être de nous attarder à la question des déficits français. Nous nous trouvons sur ce point en accord avec la Commission européenne et avec la Banque Centrale de Francfort. Cest très mal.
Cependant on doit convenir que lévolution des déficits français nest pas seulement contraire au Pacte de stabilité de 1997 et aux accords de Maastricht, signés par le gouvernement Cresson en 1991. Elle ne tourne pas seulement le dos aux critères de convergence monétaire inventés en grande partie par MM. Delors et Lamy. Elle pénalise léconomie française. Et elle explique en partie la hausse du chômage.
On remarque en effet que le "fort caractère" de notre excellent ministre des Finances français, M. Francis Mer, sinvestit depuis des mois dans une attitude de quasi-rupture avec lEurope comme si nos déficits nationaux étaient un objet de fierté nationale. En effet, lexception française dépasse non seulement la barrière des 3 % de déficit mais aussi les chiffres de pratiquement tous nos partenaires européens, y compris ceux qui, comme lAngleterre, ne sont pas dans leuro.
Rappelons que le déficit et lendettement sont financés par lépargne privée, au détriment de linvestissement dans les entreprises productrices.
En 2003, pour la première fois, lendettement officiel de lÉtat français a dépassé la barre fixée arbitrairement à Maastricht à 60 % du Produit intérieur brut de la nation. Il est aujourdhui à 61 %. Or, ce pourcentage ne comprend pas la dette de nos systèmes de retraites qui persistent à gaspiller en répartition lépargne forcée prélevée par les cotisations des actifs.
Mais, dira-t-on, de tout cela, faut-il rendre responsable le Premier ministre Raffarin ?
Oui et non.
Certes, le Dr Raffarin nest pas responsable des maladies de la patiente France. Il a notamment hérité dune situation. Lui-même na mis en place ni la retraite à 60 ans inventée par Mitterrand, ni les 25 heures mises en place par Mme Aubry sous le gouvernement Jospin. Et même on nous présente le projet du ministre Fillon comme réformateur du système des retraites.
En fait, M. Raffarin sait très bien que son gouvernement constitué le 6 mai 2002, aurait dû entamer dès le 7 mai un programme de réformes chirurgicales qui eût bénéficié à la fois du soutien des 399 députés UMP à lAssemblée nationale élue en juin et des basses eaux historiques du parti socialiste et du parti communiste. Un tel programme aurait gagné à se mettre en place en 100 jours. Or, en 365 jours il na même pas été esquissé : " toilettage " misérable des 35 heures quil eût fallu abolir ; " sauvegarde " dune répartition quil fallait absolument dénoncer pour ce quelle est, la stérilisation de lépargne des actifs.
Aujourdhui, M. Raffarin déplore quil manque à la France 1 000 000 dentreprises si on la compare à lAngleterre, à lAllemagne ou à lItalie. Il ne cite pas ce dernier pays. Est-ce parce que lItalie est présenté comme "lanti-modèle" par la pensée unique française en particulier par le Monde qui dénonce M. Berlusconi à longueur de colonnes ?
Cest pourtant le gouvernement de Rome et non celui de Paris qui, fin 2002, a ramené le nombre de chômeurs au niveau de 1992, créant 600 000 emplois par an quand la France donneuse de leçons en perd actuellement au rythme de 300 000 par an.
Qua-t-on vraiment fait, depuis 12 mois en France, pour libérer linitiative, pour alléger les contentieux sociaux et les charges personnelles qui pèsent sur les entrepreneurs individuels ?
Pas grand-chose de réel.
M. Raffarin le sait.
Sa responsabilité vient de ce quil compose avec des technocrates coupés du peuple, dont, sans doute il ne partage pas les conceptions, mais dont il ne fait en somme quadoucir vaguement le diktat.
JG Malliarakis
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