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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 6 MAI 2003
QUAND DONC ACCEPERA-T-ON DE DIMINUER LES DÉPENSES DE LÉTAT CENTRAL FRANÇAIS ?
La France na pas besoin de tisane mais de chirurgie.
En ce 6 mai, à la fois 1er anniversaire de la constitution du gouvernement Raffarin et 4e mouvement de grève et de contestation dans lÉducation nationale, il est un peu troublant de voir le titre béatement ou faussement admiratif du Figaro en première page "Raffarin sengage à geler les dépenses de lÉtat".
Magnifique promesse nest-ce pas ?
Hélas pour les archivistes, il leur faut découper cette première page dans lédition papier car sur le site Internet du bon journal de la bourgeoisie parisienne on ne retrouve pas le même titre. Cela devient "Raffarin ne veut pas transiger sur les réformes". Hum !
On se croirait presque revenu au temps de ces radicaux socialistes de la IIIe République, ceux que lhumoriste Jean Rigaud qualifiait de sensuels et sans férocité, ceux dont la devise semblait être toujours : appuyons-nous bien sur les principes, ils finiront bien par céder.
Car, à la veille de son héroïque départ pour la Chine, où il allait braver lépidémie de pneumonie atypique, on avait fait courir un bruit autrement plus réformateur. On avait laissé entendre, au travers de rumeurs propagées aussi bien par les Échos que par le Monde le 24 avril quun fonctionnaire sur deux partant à la retraite pourrait ne pas être remplacé.
Lhistorique de cette proposition remonte assez loin. Lors de sa campagne présidentielle malheureuse de 1995, M. Philippe de Villiers avait osé la mettre en avant. Il avait aussi proposé la suppression des subventions aux associations, 60 milliards de francs dans le Budget Et comme son succès électoral avait été limité, ses idées furent rangées au placard.
Si, au moment où séchangeaient quotidiennement les notes de service aboutissant aux futures lettres de cadrage, "on" a fait circuler le bruit dune reprise de lidée dune diminution, fort nécessaire, des effectifs de la fonction publique, cétait probablement pour parvenir à un démenti gêné, ressenti plus ou moins comme une reculade.
Les technocrates font dailleurs mine de calculer que le non-remplacement dun fonctionnaire sur deux permettrait "seulement" déconomiser 1,4 milliard deuros, soit 0,1 % du PIB. (1)
Depuis le 3 avril on sait dailleurs que lintention du Premier ministre est officiellement que la croissance des dépenses publiques dite " en volume ", cest-à-dire diminuée du taux dinflation soit "proche de zéro". Cette prétendue "croissance zéro" quon ferait mieux dappeler "croissance inflationniste" ne résoudra pas les problèmes de la France, même en rêvant que les vux hypocrites du président de la Commission des Finances du Sénat, M. Pierre Méhaignerie, se réalisent et que "pendant 3 ans" on maintienne ce gel en eau tiède.
Ce sera, nous dit-on, lidée force du Budget 2004.
Tant quon en restera là, les espoirs dune France libérée de son overdose de fonctionnaires et de dépenses publiques pataugeront dans le marasme. Tant que la hausse des dépenses de lÉtat central français continuera de se faire au rythme dune croissance économique nationale surévaluée, on ne sétonnera guère de voir la France surclassée par la Grande-Bretagne (2).
Nous ne voudrions pas conclure en ayant lair de tout mettre sur les épaules de M. Raffarin.
Nous pensons au contraire que, timidement, il demeure convaincu de la nécessité dune modération des dépenses étatiques. Simplement, le contexte général de son gouvernement freine considérablement des réformes à propos desquelles les rédacteurs du Figaro sont seuls à penser quil ne transigera pas.
Nous sommes en face dune situation où la France na pas besoin de tisane mais de chirurgie.
Le drame est que le seul chirurgien de garde à lÉlysée ne soit pas un vrai chirurgien mais un charcutier, un mauvais charcutier.
JG Malliarakis
(1) Ce calcul est de toutes manières malhonnête car on doit faire entrer en ligne de compte lallongement de la durée de cotisations, etc.
(2) 1 520 milliards deuros pour la PIB français en 2002 contre 1 659 milliards deuros pour le Royaume-Uni. "C'est pas juste !"
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