COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 20 MAI 2003
QUAND IL EST QUESTION DE RAPPORTS DE FORCES
LES TECHNOCRATES FONT LE JEU DE LA CGT
Il faut évidemment toujours prendre avec circonspection les statistiques relatives au nombre de manifestants et plus encore de grévistes. Dire par exemple que les 70 manifestations du 19 mai ont réuni 400 000 personnes environ, quand celles du 13 mai en avaient probablement rassemblé 700 000, réparties ce jour-là en 115 cortèges, ne donne quune idée approximative du niveau actuel de mobilisation.
Ce qui est en revanche certain cest que le noyau dur de la contestation est emmené par la CGT et par la FSU, cest-à-dire par lappareil communiste et que la réforme gouvernementale des régimes de retraite se heurte avant tout :
Lorsque, le 14 mai, la CGT théoriquement majoritaire a laissé les assemblées générales de grévistes à la RATP reconduire le mouvement de grève en Île-de-France, sans préavis et donc illégalement, le sémillant M. Fillon a cru sen tirer en "réaffirmant" que les régimes spéciaux nétaient "en rien concernés par la réforme".
En elle-même, cette déclaration est, à la fois, absurde, contradictoire et scandaleuse. LÉtat prétend aligner le régime des fonctionnaires sur celui du secteur privé (1). Mais son grand argument est celui de légalité : 40 ans pour tout le monde. En attendant plus. Alors pourquoi cette égalité de principe ne sappliquerait-elle pas aux régimes hyper subventionnés que lon appelle spéciaux ?
Mais surtout, M. Fillon ne semble pas remarquer que, dans le mouvement actuel,
Le gouvernement sest enfermé lui-même dans une situation daffrontement binaire. Il pense, de la sorte, avoir pour lui les Français qui dans une proportion probablement de 60 à 70 %, sont favorables au principe dune réforme et plus encore attachés à une plus grande liberté.
Or, sa réforme nen sera pas une et elle concèdera très peu de libre choix aux Français.
Se mobiliser pour la réforme et pour la liberté (2), ce nest donc pas soutenir le gouvernement, cest être en décalage avec ses positions et cest même enfreindre ses mots dordres.
Il suffisait daller le 18 mai sur le site de lUMP pour le comprendre.
Alors même que la droite officielle était saisie du projet de contre-manifester, l'UMP en était à diffuser sur Internet une pétition suppliant la FSU de bien vouloir laisser les examens du mois de juin se dérouler comme si de rien nétait. Cest exactement la position du vieux crocodile hermaphrodite Jack Lang et le camarade Aschieri a beau jeu de se rengorger dans un accouplement dialectique du service public et du droit syndical.
En elle-même, cette affaire nest peut-être quune péripétie.
Elle est cependant bien significative de la convergence des technocrates pseudo réformateurs qui ne veulent surtout pas entendre parler du peuple et des bureaucrates cégétistes qui prétendent parler à sa place.
JG Malliarakis
(1) Le terme d'alignement est ici encore mensonger puisquon demeurera dans le système dit des cotisations fictives.
(2) comme le feront les contre-manifestants du 25 mai, ceux qui se rassembleront à 16 heures, place de lHôtel de Ville.
Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis en souscrivant un abonnement