COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALESMERCREDI 28 MAI 2003
LES PROFS DU DÉSORDRE
Au cur de la crise, ils savent, au moins en partie, ce quils font
Le Conseil des ministres de ce 28 mai intervient à une période cruciale.
- Dune part, il semblerait que 5 des 6 syndicats de la SNCF et de la RATP soient en passe de se dissocier de la CGT ;
- Dautre part, le Premier ministre revenu du Canada a précisé une position gouvernementale qui pouvait sembler ambiguë et contradictoire ;
- Et enfin la réalité des manifestations du 27 mai marque encore un relatif recul global du nombre de piétons : probablement 250 000 contre 360 000 sur toute la France, 48 heures plus tôt et environ 400 000, il y a 15 jours.
Cela, bien sûr, ninterdit pas le pourrissement de la situation.<
Et, au même moment où la grève des transports publics peut fort bien ne pas correspondre au cauchemar redouté, cest manifestement la question de lÉducation nationale qui risque de devenir la plus préoccupante, du simple fait de la proximité des examens.
Lorsque M. Raffarin a commencé le 27 mai à formuler des propositions de discussions avec les syndicats de lÉducation nationale, cest immédiatement que Daniel Aschiéri, au nom de la FSU, a marqué son rejet.
Et, quand on lit les textes de la FSU et de la CGT, lune comme lautre majoritairement communiste, on remarque sans difficultés quil y est question dexigences plus encore que de revendications.
Il est bien certain que dans, de nombreux cas, on peut comprendre certaines inquiétudes des enseignants. Personne ne peut ignorer que lenvironnement en matière de sécurité notamment est un problème pour toute lécole et particulièrement pour certaines zones géographiques. Mais le "mot exigence" nest pas anodin et le corps enseignant le sait mieux que quiconque.
Les tergiversations sur la question des examens ne sont pas non plus innocentes. Ce ne sont pas des frayeurs artificielles agitées par le ministère ou par la très vilaine presse bourgeoise. Ce sont des faits qui ont commencé à se développer dans certaines académies et dans certaines universités, de Lille à Perpignan et même Outremer.
M. Aschiéri tient à tout prix à faire porter sur M. Raffarin ce quil appelle "la lourde responsabilité dun durcissement du mouvement" (1). Cest une rhétorique banale et presque lassante. Mais il est quand même permis de sinterroger sur ce quelle dénote, si lon sen tient aux mots.
La question des 110 000 techniciens et personnels de service attachés à lÉducation nationale est mise en avant, parallèlement à celle de lâge de départ en retraite au nom du jacobinisme scolaire.
Sur cette question le chef du gouvernement a pourtant tenu à affirmer hautement que "lÉducation nationale resterait nationale". (2)
Reste que le refus de toute véritable négociation marque une volonté strictement arqueboutée sur la défense du statu quoi alliée à un fond de nostalgie soixante-huitarde.
Son caractère révolutionnaire ne peut pas être passé sous silence.
Les professeurs du désordre se trompent lourdement sur la société française. Il est terrifiant de prendre connaissance de tout ce quils prêchent dans toutes les matières où ils tiennent le haut du pavé, en géographie comme en économie, en histoire comme en philosophie.
Le plus stupéfiant est quils se revendiquent eux-mêmes du statut de la Fonction publique fabriqué en 1946 par Maurice Thorez et qui les rend en théorie totalement dépendants de lÉtat central et du gouvernement.
Si dans la pratique leurs syndicats, FSU en tête, sappuient avec tant de force sur cet État, cest probablement parce quils mesurent leur influence permanente au sein même de létatisme français.
LÉtat leur appartient
Les profs du désordre savent, au moins en partie, ce quils font. Ils se servent de lÉtat et ne servent pas le pays. Leur utopie demeure ravageuse. Ce nest pas une simple réformette qui nous en débarrassera.
JG Malliarakis et Ariste Saramon
(1) Déclaration du 27 mai cf. AFP à 19 h 20 : "par linanité de ses propos, il (M. Raffarin) prend la lourde responsabilité dun durcissement du mouvement et dune situation de blocage dont chacun peut pâtir".
(2) Cette proclamation est évidemment aussi regrettable que le principe de base du plan Fillon sappuyant sur la retraite par répartition.
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