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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 3 JUIN 2003

ET VOILA POURQUOI VOTRE PRESIDENCE EST MUETTE

Bové : "n’y a pas deux mouvements, c’est la même dynamique"

Avec une fausse ingénuité dont ce journal a le secret, les envoyés du quotidien Libération (2 juin), s’étonnaient à Evian de ce que le président Chirac fasse tant d’efforts pour séduire les militants antimondialisation et si peu pour rejoindre les rangs des adversaires du libéralisme dans le dossier des retraites.

Car ce sont les mêmes !

À la vérité, les rédacteurs de Libé, ou du moins les dirigeants du journal, ne l’ignorent pas : le chef de l’État depuis 2 mois ne s’est exprimé clairement ni sur la réforme des retraites ni sur les problèmes véritables et profonds de l’école. C’est son gouvernement qui se charge de sauver la retraite par répartition. C’est son Premier ministre qui endure. Lui se situe sur le terrain de la haute politique internationale. Les petits tracas des Français, les grèves thromboses par exemple, ce n’est pas son affaire.

Pourtant, ses alliés internationaux, ceux dont il dit partager les aspirations tout en faisant mine de ne pas approuver les violences et les déprédations sur le terrain, les militants antimondialisation, Attac (1) en tête, le pressent de prendre parti. Ainsi, le 30 mai, à Annemasse, le président d’Attac, imposé par l’appareil communiste, M. Jacques Nikonoff, est-il intervenu pour démontrer que "la question des retraites relève directement de la mondialisation libérale". Pour parler franc, jamais la World Bank ne nous avait paru si sympathique et si courageuse.

Thibault, dirigeant de la CGT, imposé lui aussi par l’appareil communiste, théorise à son profit l’insertion du syndicalisme bureaucratique dans le courant qui se dit altermondialiste en affirmant que "la mondialisation provoque un accroissement des inégalités sociales".

Quant à Bové, simple gauchiste devenu figure de proue de la Confédération Paysanne, il considère qu’il "n’y a pas deux mouvements, c’est la même dynamique".

Et, au fond, ce sont peut-être les mêmes intermittents du spectacle qui défilent un jour à Evian, le lendemain à Paris.

Un jour on les entend sur le thème de la dette du Tiers Monde qu’il faut absolument abolir, un autre sur la retraite des Français dont il faut absolument, nous assurent les mêmes bons apôtres, maintenir le caractère répartitionniste.

Au moins, sur un point, on serait tenté de leur donner raison : dette du Tiers Monde et système de retraites, ont ceci en commun de poser le problème de la solvabilité des États et de la légitimité de leurs engagements à long terme.

De Pétain à Chirac, le premier créant la retraite par répartition en 1941, le second s’affirmant le garant "personnel" de la sécurité sociale en 1995, nos gouvernants ont trop souvent mis dans la balance le poids de leur charisme personnel.

Or, dans l’esprit de ceux auxquels les promesses étaient destinées, c’était implicitement l’État dont la garantie est supposée.

Ainsi donc il s’agit pour les intégristes de la répartition non seulement de proroger un engagement implicite de l’État français, mais d’obliger les générations futures à demeurer coûte que coûte dans ce prétendu quasi-contrat. À l’inverse, s’agissant des engagements explicites d’États étrangers, pas question de les prendre au sérieux, sur le terrain de la Dette.

Que les mêmes manifestent le dimanche sur un terrain et le lundi sur un autre ne semble irrationnel qu’à ceux qui n’ont "rien appris" et "rien oublié". L’important n’est pas d'élaborer une doctrine juridique cohérente, respectueuse des libertés, des propriétés et des contrats. L’important à leurs yeux est, au contraire, d’ancrer les peuples dans la conviction que l’État peut tout car il a tous les droits.

Il existe donc une connivence intellectuelle profonde entre tous ceux qui considèrent que le Droit peut découler seulement de la volonté et de l’autorité de l’État. Les étatistes peuvent se chamailler sur la répartition arbitraire de leurs droits respectifs, le droit de la présidence étant par exemple celui qui lui confère une exceptionnelle immunité judiciaire, le droit des bureaucrates de la CGT étant encore de parler abusivement au nom des pauvres.

JG Malliarakis et André Savès

(1) M. Mariton député de la Drôme a posé une question écrite fort pertinente s'étonnant qu'Attac recevait une subvention gouvernementale de un million d'euros.

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