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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 4 JUIN 2003

LA CROISSANCE, LA CONFIANCE, LES THEORIES DE M. CHIRAC ET LES REALITES DE LA TECHNOCRATIE FRANÇAISE

"La confiance repose sur la croissance" (Chirac en conclusion du G8)

Pour une fois on sera d’accord avec Chirac lorsqu’il énonce ce constat selon lequel la confiance repose sur la croissance.

Enfin : presque d’accord, en ce sens qu’en effet dans une société où on ne fait pas confiance aux entrepreneurs, le développement de l’activité économique est inconcevable. Dans une société où on ne fait pas confiance aux co-contractants, les transactions ne peuvent ni avancer ni aboutir. Dans une société où la propriété est menacée, on ne saurait imaginer une vraie progression de l’investissement.

Toutes ces conditions se retrouvent dans la crise des retraites en cours. M. Alain Madelin, dans les Échos (4 juin) annonce qu’il va participer aux débats prévus à partir du 10 juin dans le sens d’une amélioration du projet de réformes déposé par M. Fillon au nom du gouvernement.

Nul doute que le poids politique direct de M. Madelin s’est évanoui dès lors que son groupe parlementaire, effrayé par les 4% de l’élection présidentielle et dérouté par quelques pirouettes du personnage, s’est rallié comme un seul homme à l’UMP.

Mais son aiguillon intellectuel peut encore servir. Et on peut même espérer que celui-ci ne sera pas sans audience auprès de Jean-Pierre Raffarin qui fut, après tout, son quasi-disciple.

On peut alors espérer, aussi, que certains éléments de la réforme Fillon inspirent demain confiance aux entrepreneurs, aux épargnants et aux investisseurs si le débat tourne bien.

Et en scrutant le texte n°885, sur lequel les deux assemblées vont avoir à se prononcer, présenté comme une réforme des retraites destinée à sauver la Répartition, les éléments décisifs figurent au Titre V, articles 78 à 81. Leur rédaction est comme à l’accoutumée illisible puisque ce sont en grande partie des bribes de remodelages de textes fiscaux et techniques. Cette seule présentation devrait en elle-même décourager la confiance car elle est essentiellement hypocrite. C’est la manière de gouverner des Inspecteurs des Finances qui prennent les Français pour des crétins (1).

Mais, en gros, on peut imaginer que le dispositif passe, un peu comme la Loi Madelin de février 1994, et sans les affreuses restrictions qui bridèrent cette loi en septembre, par l'effet de ses décrets d’application absurdes imposés par les caisses.

Alors, les fonds de l’Épargne-retraite pourraient voir le jour, plus de 6 ans après le sabordage de la Loi Thomas opéré notamment par la manœuvre Fourcade au Sénat fin 1996 (2) et par la négligence surprenante du gouvernement Juppé à publier en 1997 les indispensables décrets d’application.

Quand donc l’économiste un peu particulier, pour ne pas dire rustique, qu’est M. Chirac considère que "toutes les conditions" de la croissance sont en place, il oublie que deux conditions manquent à la France où :

1° Il n’y a guère de confiance pour l’entrepreneur et l’investisseur quant au traitement juridique et fiscal de leurs épargnes et de leurs patrimoines.

2° Il n’y a guère, non plus, de confiance pour le travailleur productif pour le traitement social de son salaire capté d’autorité par les caisses monopolistes avec le concours forcé de son employeur.

Ce sont bien des conditions de confiance.

Et elles font défaut à notre pays par la faute de ses dirigeants, tous imprégnés de droit étatiste, tous gorgés d’arrogance administrative et tous imbus de préjugés collectivistes.

M. Chirac polémique avec M. Greenspan car il prétend ne pas voir de menaces de déflation. Nous ne croiserons pas le fer avec lui sur le terrain de la théorie monétaire.

Nous nous bornerons à remarquer les faits dans la vie de tous les jours.

JG Malliarakis et Jacques Saint-Bertrand

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(1) Et le point essentiel n'est pas tant, ici, que cette idée soit odieuse. Le point essentiel est qu'ils ont tort.

(2) Sur la pression des bureaucraties syndicales et de l’increvable Blondel.

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