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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 13 JUIN 2003

LA RÉPONSE AUX IDÉOLOGUES DU COLLECTIVISME NE PEUT PAS ÊTRE PUREMENT TECHNIQUE

Il faut se mobiliser pour les libertés ! (1)

Dans un article d’une assez rare pauvreté intellectuelle, M. Thomas Piketty s’est attaché à répondre à la question : "les riches peuvent-ils payer les retraites ?". Directeur d’études à l’École des Hautes études en Sciences sociales, il s’adressait aux lecteurs du Monde (édition datée du 11 juin) et on comprend par conséquent pourquoi doublement il avait en tête qu’il s’adressait à des palefreniers.

M. Piketty passe pour être un des représentants réputés présentables de l’économie politique de gauche en France. Et on doit remarquer, — contrairement à la plupart des adeptes de la "bourdieuserie"— qu’il ne s’acharne pas à nier l’évidence. Certains faits grossiers lui sont accessibles. Et ceci, en comparaison avec ce que l’on peut lire presque partout, lui vaut bien une part d’indulgence.

On relève par exemple ce raccourci (presque) vrai : "Par définition, quels que soient l’intitulé et le mode de perception utilisés, tout prélèvement finit toujours par être payé intégralement par les ménages. En particulier, affirme-t-il, il n’existe pas de prélèvement payé par les entreprises, ces dernières se contentant de répercuter leurs charges sur les ménages salariés qui travaillent pour elles, les ménages actionnaires qui les possèdent ou les ménages consommateurs qui achèvent leurs produits ". Voilà un beau sujet de devoir pour un étudiant de 2e année, car il y aurait bien des cas à examiner pour comprendre que cette neutralité fiscale et sociale est un peu schématique, s’agissant de la taxe à la valeur ajoutée, de la taxe professionnelle ou de l’impôt sur les sociétés. Ne parlons même pas des règles comptables d’amortissement ou du coût de la branche recouvrement de la sécurité sociale.

Au total il existe bien une réalité nommée entreprise, dans laquelle l’entrepreneur joue un rôle central, qui n’est pas celui d’un "ménage"mais d’un individu, environné dans des conditions variables de ce qu'on appelle une famille. Autour de cet entrepreneur un réseau de contrats tisse l’entreprise. Cette entreprise en tant que telle subit de nombreuses charges de plein fouet. L’entreprise existe, je l’ai rencontrée.

C’est peut-être ce qui me sépare d’un directeur des Hautes Études en sciences sociales.

Reste que son propos, imprimé dans l’organe de la pensée unique prétend répondre aux sous-abrutis et aux super-intellectuels qu’impressionnent encore les affiches de Lutte Ouvrière : "les profits doivent financer les retraites"— slogan qui résume la pensée ultime des 7  000 amendements déposés sur le bureau de l’Assemblée nationale par le groupe communiste et des 2  900 que, modestement, le groupe socialiste leur a adjoints.

La réponse de M. Piketty est que : "les riches sont (trop) riches"mais qu’ils ne sont "pas assez nombreux pour tout financer ".

Vu de l’intérieur d’un système de pensée voué à la redistribution, c’est imparable. Raisonnant par l’absurde, mais sans trop oser souligner combien cela serait intolérable et destructeur, M. Piketty suppose que l’on coupe fiscalement les têtes de 250  000 foyers dont les parts fiscales excèdent 65  000 euros en taxant à 100  % leurs revenus au-delà de cette tranche. "Une telle mesure, calcule-t-il, rapporterait à peine 7 milliards d’euros soit guère plus de 0,4 points de PIB ".

Il est parfaitement clair qu’on peut affiner ces calculs, envisager diverses hypothèses : aucune ne permet de répondre à la crise des retraites par répartition par le tout fiscaliste. Cela conforte, en gros, la logique dite réformiste sur laquelle M. Fillon ministre titulaire de la sécurité sociale et M. Toulisse, porte-parole de la CFDT ont bâti un compromis baptisé "réforme"et qui justifie le projet de loi en 81 articles déposé et en discussion à l’Assemblée Nationale.

Il faut tout de même remarquer que ce compromis, si raisonnable soit-il, n’empêche pas, depuis plusieurs semaines, quelque 400  000 piétons de manifester sur Bastille-Nation ou sur la Canebière leur attachement à l’utopie partageuse.

Et tant qu’il n’y aura pas 800  000 contre-manifestants attachés non pas seulement à exprimer leur "ras-le-bol" mais défendant les droits de propriété, les libertés et la diminution des impôts, la France sera vraiment en péril.

Jean-Gilles Malliarakis et André Savès

(1) Et bien entendu, il faut soutenir la manifestation du 15 juin à 16 heures à Chatelet. Une obligation prévue de longue date m'empêche d'y participer, mais tous ceux qui peuvent s'y rendre doivent s'y rendre, et nous soulignons que les jeunes organisateurs ne prétendent aucunement soutenir la "réforme" dans son état actuel, et dans son projet précis de "sauvegarde" de la répartition, mais au contraire militent pour la liberté de choisir.

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