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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 17 JUIN 2003
LES PIRES ENNEMIS DES PAUVRES CE SONT LES BUREAUCRATIES SYNDICALES
Bras dessus bras dessous Aschiéri (FSU) Blondel (FO) et Thibault (CGT) entendent empêcher de travailler la partie la plus pauvre de la population
Cest en toute discrétion que le Sénat et lAssemblée ont voté, pendant la crise de mai et juin, respectivement le 17 mai et le 12 juin, une nouvelle loi instituant le revenu minimum dactivité.
Certes, la CGT a vivement protesté. Et cest un signe des temps que non seulement le parti communiste mais bien plus encore le parti socialiste se soient alignés sur les positions cégétistes. Pour la centrale des archéo-staliniens, le RMA cest mal puisque cela touche au RMI, Revenu Minimum dInsertion. Le RMI fut institué par Mitterrand. Et à ce titre on doit, sans doute, le juger, comme son créateur, essentiellement "moral". Seul, son volet Insertion avait tendance à mal fonctionner.
Nous ne voudrions surtout pas ironiser sur le RMI. Quitte à surprendre dailleurs nous nous demandons même, objectivement, face aux dizaines de dispositifs sociaux, allocatifs et administratifs, sil nest pas finalement lun des moins pervers. Moins mécanique que limpôt négatif préconisé par Milton Friedman et quil recommanda au général Pinochet dans sa lettre fameuse de 1975 (voir notre Courrier du 15 janvier 2001), le RMI français constitue bien lamorce de ce qui pourrait être un jour lAllocation Unique proposée en Belgique par le Mouvement Vivant, idée que certains amis avaient reprise en 1999 à la faveur de la liste expérimentale conduite par le Dr Gérard Maudrux aux élections européennes.
La question essentielle est à la fois celle du minimum vital et de lincitation à lactivité et à linsertion. Sans dire en cela que le RMA, nouvelle manière, reflètera exactement lesprit de la Parabole dite de lOuvrier de la 11e Heure, on peut remarquer quil tente daller dans ce sens.
Il est vrai que sur 20 pages du document, aussi peu lisible quà laccoutumée, on trouve pêle-mêle de bonnes intentions, de mauvaises idées, le tout assaisonné de fausse science administrative.
Quand on confie le social à lÉtat, il ne faut pas sétonner de le voir moins généreux et finalement moins efficace que la charité privée. Une bonne vieille fondation américaine, protestante pour sûr, est en général moins pingre et moins ringarde quune administration sociale étatique française.
Une autre illusion contenue dans le document 884 instituant le RMA est celle de la décentralisation tendant à transférer laction sociale, de la charge de lÉtat à celle du Département. Cest lobjet de larticle 4 qui tend à substituer aux mots "représentant de lÉtat" les mots "président du Conseil Général". Quen termes galants ces choses là sont dites.
Cest évidemment assez grave en ce sens que la collectivité locale obsolète quest le Département est déjà en charge de prestations sociales dépendance des vieilles personnes. Elle va prendre en main le revenu minimum des nécessiteux. Autrement dit le chef-lieu du Département va devenir le lieu géométrique de lassistanat. Ceci peut avoir pour effet de rendre explosive sinon impossible toute future réforme régionale authentique. On verra la gauche semparer alors de tout projet de régionalisation comme dune provocation et sa contestation ne sera plus celle du fonctionnariat des privilégiés mais celle du prolétariat des assistés.
Le paradoxe est dautant plus à craindre que lon voit la CGT, manifestement rejetée aujourdhui par limmense majorité des salariés réels du secteur privé, se tourner vers une agitation auprès des chômeurs dont elle vient de demander quils semparent de lUnedic.
La chose serait alors dautant plus scandaleuse que tous les dispositifs sociaux actuels ont pour caractéristique dêtre gérés par des bureaucraties liées aux salariés les plus chanceux, les mieux protégés et les moins démunis.
De ce faiat, dans leur ensemble, ces dispositifs ont en général pour effet, sinon pour objectif, dempêcher de travailler la partie la plus pauvre de la population. Cest dans cet esprit que la CGT, appuyée par la gauche, critique la réforme instituant le Revenu Minimum dActivité.
Tant il est vrai que les pires ennemis des pauvres ce sont bien les bureaucraties syndicales.
Jean-Gilles Malliarakis et Jean-Werner Hartmann
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