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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 1ER JUILLET 2003

LE SPECTACLE DES INTERMITTENTS

Le discours de la CGT se résume en une phrase : "on va tout casser"

Une fois de plus le quotidien de la pensée unique, Le Monde, donne le ton, le ton au-dessous duquel on est le complice des salauds de riches et des grossiers Philistins. Son titre du 1er juillet commence par "la colère des intermittents…" Sachant que dans la nov'langue actuelle, pour fêter sans doute le centenaire de George Orwell, la colère est toujours justifiée. Elle est la colère de Dieu de Justice de l’Ancien Testament.

Certains se préoccupent déjà des conséquences factuelles pour l’industrie des 650 festivals d’été, pour les milliers d’emplois, pour le tourisme, première industrie exportatrice nationale avec ses 100 milliards d’euros de recettes. De quoi s’inquiètent-ils ? La Gay Pride a été, cette année encore, une grande réussite parisienne et c’est le principal pour la culture vivante de notre beau pays.

D’autres regarderont à la loupe les comptes de l’Unedic. Au régime des intermittents du spectacle, qui concerne désormais 90 000 bénéficiaires, soit 2 fois plus qu’il y a 20 ans, les dépenses 2002 ont battu tous les records avec 952 millions d’euros en face desquels les cotisations n’ont représenté que 124 millions. Le déficit est remarquable avec 828 millions d’euros, somme que l’on n’avait jamais atteinte. Mieux encore, de 2000 à 2002, le taux de déficit a grimpé de 2 points passant de 85 à 87 %. Enfoncés, les comptes de l’Organic et de la MSA subventionnées entre 60 et 80 %.

À plusieurs reprises, et depuis plus de 10 ans, les dysfonctionnements du système de protection de l’emploi de ces fameux intermittents ont été dénoncés par tous ceux qui en subissent les conséquences, à commencer par les vrais chômeurs. On a remarqué certains bénéficiaires scandaleux parmi les comédiens. Le courage impose de remarquer que le principal scandale se situe chez les techniciens du spectacle, face cachée du système où la CGT peut faire régner une semi-terreur et oblige de subventionner, par divers mécanismes, sans équivalents à l’Étranger, une exception culturelle française où la médiocrité du produit n’a d’égale que l’arrogance, la prétention et l’imposture de ses soi-disant créateurs.

Le dispositif n’est pas sans charme pour ceux qui ont la chance d’en bénéficier. Actuellement, technicien ou comédien, il faut et il suffit d’avoir travaillé 507 heures, c’est-à-dire théoriquement 3 mois, pour être indemnisé 12 mois. Mais on doit souligner que 507 heures d’un caméraman peuvent être calculées en multipliant fictivement par 2 ou 3 les heures effectivement ouvrées. La CGT milite pour la création d’une vraie carte corporative et alors la boucle sera bouclée.

Des gens aussi peu suspects que MM. Aillagon ou Faivre d’Arcier ont rappelé que la légère réformette sur laquelle M. Gautier Sauvagnac, au nom de l’Unedic, s’est accordée avec le Médef et 3 syndicats sur 5 est plutôt favorable puisqu’elle maintient le mécanisme en rognant un peu sur les délais dans lesquels les intermittents capitalisent et consomment leurs droits.

La crise actuelle n’est évidemment dramatique que pour la saison culturelle. Elle révèle à quel point la CGT se moque non seulement des lois et des libertés mais aussi des mécanismes sociaux de solidarité qu’elle prétend défendre. Son discours se résume en une phrase "on va tout casser" et il ne faut pas se dissimuler que la main d’œuvre ne manque pas et que nombreux sont les activistes particulièrement disponibles et singulièrement motivés. Dire que ces casseurs potentiels représentent la culture française excède la mesure la plus pessimiste de notre décadence… Mais, finalement, c’est bien la trame du discours que l’on a déjà commencé d’entendre et de lire sous les plumes les plus autorisées.

Le plus significatif est que cette crise, plus encore que celle de la réforme des retraites, remet en cause de manière éclatante le fameux décret de 1966 sur la représentativité réputée irréfragable des bureaucraties syndicales issues de la Résistance.

On percera peut-être un jour le mystère de la rédaction administrative de ce texte absurde. Le fait actuel et futur est qu’il se trouve entièrement périmé, que seuls s’y accrochent vraiment les gens comme M. Blondel à la veille lui-même d’une retraite à la fois bien méritée et, pour une fois, salutaire.

Jean-Gilles Malliarakis

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