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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 7 JUILLET 2003

ET SI EN CORSE, C’ÉTAIT LA RÉPUBLIQUE ELLE-MÊME QUI DÉMONTRAIT SON INCAPACITÉ À SE RÉFORMER ?

L’échec du référendum régional corse, où près de 51 % des votants a refusé de voir évoluer leur île vers une collectivité territoriale unique, n’est sans doute pas une bonne nouvelle.

Vue de n’importe quelle région de France, en effet, la nécessité de ramener à 2 le nombre des collectivités décentralisées est une évidence que la simple comparaison avec les autres pays européens commande de considérer. N’entrons même pas dans la question de la pertinence historique des départements de 1790 et de leurs divers remaniements. Constatons simplement que depuis la réforme régionale de 1972, la division des tâches entre Départements et Régions, non seulement ne se justifie pas, mais elle risque de devenir de plus en plus fâcheuse car le vieux Département se révèle le lieu de l’assistanat, de la prestation dépendance des vieillards, au revenu minimum d’activité des nécessiteux.

Le découpage de la Corse en deux départements, dans le cadre du système régional, était lui-même un artifice et l’échec de cette réforme va relancer le processus grotesque de la "bi-dep"dans les Dom-tom : puisque les départements d’Outremer (Réunion, Guyane, Antilles) donnent naissance à des régions, eux aussi vont avoir droit à deux départements. Halte au sketch ! Est-on tenté de dire.

Faut-il considérer qu’en Corse on a opéré "à chaud"? Oui et non. La Corse est soumise à une violence qui dure stérilement depuis 28 ans, depuis le drame d’Aléria du 22 août 1975 et depuis l’apparition du FLNC en 1976. Cette violence qui a fait de nombreuses victimes innocentes, et qui a même provoqué des affrontements sanglants entre les activistes du séparatisme eux-mêmes, souvent taxés de dérive mafieuse, a provoqué de nombreuses et tumultueuses décisions particulières, réformes avortées et amnistiées plus ou moins scabreuses. Se souvient-on encore du rassemblement provocateur du 12 janvier 1996 à Tralonca où 600 militants armés annoncèrent une "trêve"à la veille de la visite du glorieux ministre de l’Intérieur, M. Jean-Louis Debré, aujourd’hui propulsé à la présidence de l’Assemblée.

N’oublions pas que tout cela coûte très cher. On parle à nouveau d’injecter 2 milliards d’euros pour rattraper le retard économique de la Corse, mais chacun sait que ce retard ne se rattrapera pas et c’est sans doute ce qui préserve la beauté de cette île.

La question n’est donc pas de revenir au statut de 1991 et de demander au Conseil Constitutionnel s’il existe ou non un peuple corse.

On a rattrapé un homme désigné comme l’assassin du préfet Erignac, plus de 5 ans après cet acte sanglant défiant les institutions. Cela prouve qu’il existe en France des services de police compétents et c’est une bonne nouvelle.

Mais rappelons que les dernières années ont vu d’autres meurtres, d’autres attentats.

En 1996, on a institué une zone franche quelques semaines après un attentat dans la ville de M. Juppé, Premier ministre. A-t-on fait le bilan de cette généreuse concession ?

De paillotes illégales en privilèges légaux, en passant par les subventions agricoles détournées, la Corse n’est-elle pas le miroir déformant des difformités du continent ?

En janvier 2002, c’est encore le Conseil Constitutionnel qui a récusé une loi de dévolution législative, laquelle pourtant ne manquait pas d’audace.

On se demande alors si en France, comme dans le sud de l’Italie, certains réseaux de pouvoir ne cherchent pas d’abord à contrôler pour leur profit des circuits de subventions et des flux de décisions et de réglementations. Celles-ci bénéficient à leurs protégés et aux relations entre le pouvoir central et la clientèle locale, passant par un canal que l’on qualifiera au besoin de philosophique. Il serait alors fâcheux pour la réputation attachée en France au mot de république qu’elle démontre elle-même sa propre incapacité à se réformer.

JG Malliarakis

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