COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MERCREDI 9 JUILLET 2003
LA GAUCHE CHEF
DUVRE EN PÉRIL
Elle met en danger tous les Français par lécroulement de sa façade
Si nos marxistes actuels avaient lu Marx, ils ne manqueraient pas de voir dans les actions des intermittents du spectacle, non pas une répétition mais un bégaiement. Léchec de la CGT, de Force Ouvrière et de la FSU à propos des retraites en mai-juin aura beaucoup de mal en juillet à prendre sa revanche sur le terrain des festivals dété. Certes, le blocage des représentations va probablement coûter très cher aux économies locales et aux finances municipales. Une partie des offices gestionnaires vont déposer leur bilan et de très importantes subventions vont venir éponger le désastre.
Mais pour le reste, nous ne nous enfonçons que dans le psychodrame. Nous néchappons au théâtre vivant sur scène que pour assister à un spectacle vivant dans les médiats. France Culture, que lon devrait appeler plus proprement Gauche Culture, est en ce moment dune dégustation gouleyante.
Ainsi, le 8 juillet, au moment où la décision de bloquer la porcherie annuelle dAvignon, devait être prise par les syndicats, on entendait doctement M. Jean-Marie Vincent nous révéler que 80% des spectateurs dAvignon sont des enseignants "les mêmes, disait-il, qui avaient manifesté en mai et juin contre la réforme des retraites". On doit certes se méfier des pourcentages et surtout des assimilations enseignants-manifestants. Il y a en France 1 300 000 fonctionnaires de lÉducation nationale et même en supposant que les cortèges syndicaux nauraient rassemblé que des profs du désordre, ce qui est évidemment absurde puisque ces manifs mobilisaient aussi tout ce que la CGT compte dintermittent du spectacle, de dockers marseillais et même de véritables ouvriers du secteur privé, jamais les rassemblements du printemps nont dépassé sérieusement 400 000 personnes. Ce qui veut dire que plus de 75% des enseignants, probablement 85 ou 90% ont refusé de se joindre à laction de leurs syndicats théoriquement majoritaires, contrôlés par lappareil communiste de la FSU.
Et cest bien là tout le problème. Dans tous ces conflits on entend parler les journalistes comme si la CGT et la FSU étaient toujours les principaux syndicats français. On oublie toujours que désormais, la principale centrale implantée dans léconomie productive, cest la CFDT dirigée par François Chérèque Son syndicat est signataire des accords sur la réforme des retraites et de laccord, dailleurs généreux, reconduisant le régime des intermittents du spectacle dans le cadre de lUNEDIC.
Faut-il à ce sujet rappeler quavec un déficit de 0,83 milliards deuros, le régime des 90 000 intermittents du spectacle représente près du 1/3 des besoins actuels de financement du régime général de lUNEDIC qui couvre lassurance chômage de 16 millions de personnes ?
Toutes ces vérités sont considérées par la gauche pensante actuelle comme des agressions. On na pas le droit de les rappeler sauf à être rangé dans la catégorie des fieffés réactionnaires, des affreux fascistes et de ce quon appelle aujourdhui les ultra-libéraux. Est un ultra-libéral daprès les intervenants de France Culture ce 9 juillet au matin "quiconque croit au bonheur individuel."
Ainsi, M. Jean-Pierre Raffarin, qui passe plutôt pour le Représentant du Bonheur de Barbezieux, qui est aussi le vrai vainqueur de la bataille du printemps sur la (modeste) réforme des retraites, est actuellement passé au crible du moindre mot dont la gauche fait une pièce montée.
Il y a quelques semaines, la gauche sest sentie outragée parce que le Premier ministre osait mettre en doute son patriotisme. Tout le monde sait bien que rien nest plus patriote quun trotskiste ! De même, a-t-il osé employer le mot de purgatoire puisque la France compte encore des socialistes. Quelle horreur !
La fragilité extraordinaire de notre gauche devrait faire sourire mais en réalité elle a de quoi inquiéter. Car ces hypernerveux contrôlent encore la quasi-totalité des salles de rédaction et de la communication officielle de lÉtat. Cest eux qui enseignent ce quil faut penser à la jeunesse pour avoir lair dêtre non-conformiste et quand on y songe, quoi de plus délicat que de critiquer la pensée unique, sans jamais en sortir. Ils ont paralysé leurs adversaires, tétanisés à lidée de ne pas protéger ce chef doeuvre en péril auquel nous devons 200 ans de guillotine, relayés par 20 ans domertà socialiste.
JG Malliarakis
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