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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 16 JUILLET 2003

LE RAPPORT PARLEMENTAIRE SUR LES ENTREPRISES D’ETAT

Le voici au 1er rang de l’actualité dans la bagarre des privatisations…

Formellement, officiellement, le Rapport 1004 de la Commission parlementaire sur la gestion des Entreprises d’État n’entre pas dans la bataille des privatisations envisagée par le gouvernement. Mais en réalité tout le monde a bien compris qu'il s'agit d'un seul et même problème.

On se représente bien, par exemple, que ni La Poste ni la SNCF ne sont dans l’immédiat dans le programme gouvernemental actuel de privatisations. Celui-ci en effet correspond à un besoin, bien clair, d’espèces sonnantes et trébuchantes et l'on voit mal qui serait assez fou pour racheter la SNCF dans les conditions actuelles. Quant à La Poste, après 300 ans de réussite technique mais aussi de rentabilité financière, elle est entrée en France depuis 10 ans dans une situation plus difficile. 1992 avait été le 2 exercice déficitaire dans l'Histoire des postes étatiques françaises, l'unique précédent ayant été, au XIXsiècle, l'année d’introduction du timbre-poste imité de l’Angleterre. Tout cela s'est bien dégradé…

Mais, même pour les gros dinosaures du service public, toute réflexion sur l’État actionnaire débouche en dernière analyse rapidement sur une logique de privatisation.

Il ne faut pas croire non plus que le retour à une gestion plus réaliste ne s’imposerait que pour les vieux monstres archaïques.

Il y a quelques années, par exemple, les deux plus gros cash-flows de l’industrie française étaient drainés par deux monopoles appartenant à l’État : Electricité de France et ce qui allait devenir France Telecom. Ces deux fleurons de la technologie française, ces deux vitrines de la gestion étatisée, sont passés en quelques années d’une richesse florissante à une situation de surendettement critique.

On a pu, dans les deux cas, repérer un même syndrome mégalomaniaque chez M. Bon et M. Roussely, comparable à celui qui a fait la gloire, l’ascension et la chute de Jean-Marie Meyssier et de son conglomérat improbable baptisé inutilement Vivendi Universal.

La Commission d’enquête parlementaire, présidée par M. Philippe Douste-Blazy, pointe donc les incroyables baisses de résultats d’EDF et France Telecom.

Les résultats d’exploitation ont été respectivement de 5,2 milliards d’euros pour l’électricien en 2002 et de 6,8 pour l’opérateur téléphonique. Cela demeure non négligeable. Mais la dette est passée à 25,8 milliards pour l’un et 68 milliards d’euros pour l’autre. Les opérations extravagantes de croissance externe sont largement illégales du point de vue européen, en l’absence d’un vrai changement de statut. Elles ont été financées par l’emprunt, sans considération de rentabilité. Cela se retrouve dans les résultats nets, désormais fragile pour EDF à 0,48 milliards d’euros, désastreux pour France Telecom qui perd 20,7 milliards.

Dans ce contexte, l’hypothèse des dernières années devient difficile. On ne peut plus dire qu’on privatise en négociant avec le personnel (majoritairement CGT) mais en maintenant ses avantages. La marge de négociation est devenue trop courte. De plus aussi pour EDF avec 172 000 agents pour France Telecom avec 240 000 que pour La Poste, au-delà de 300 000, on constate que les effectifs sont devenus pléthoriques. Le taux des frais de personnels de la Poste française sont devenus 2 fois plus élevés (plus de 60% du chiffre d'affaires contre 30%) que ceux de pays comparables comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne ou l'Italie.

Le rapport parlementaire préconise une autre intervention de l’État actionnaire : certains se focaliseront sur la question, certes décisive, de ces présidents nommés par le gouvernement, super médiatisés et souvent (trop) politiques.

En effet, la Commission et son rapporteur M. Dieffenbacher suggèrent qu’on devrait plutôt préférer le recrutement interne. Mais ils observent aussi le fonctionnement des conseils d’administrations, l’intervention du personnel, etc…

Le grand public est régulièrement abreuvé de ce qu'on lui présente pour des scandales. Et on aime à lui livrer des têtes prêtes-à-couper. Ici, c’est M. Roussely, hasardeux dirigeant d’EDF, nommé par Jospin, qu’on se propose de remplacer avant l'échéance prévue pour 2004. M. Bon, responsable de la catastrophe de France Telecom, est déjà passé à la trappe.

Il ne s’agit, du point de vue des libertés, ni de pleurer sur leur sort ni d’en rajouter dans l’hallali.

Il s’agit plutôt de se préparer à une bataille de privatisations que nous situons au plan des principes, et pas seulement au titre de la conjoncture financière. Ces monstres de la culture monopoliste, les combinats financiers français, doivent laisser la place à de véritables entreprises commerciales, au service du public.

Jean-Gilles Malliarakis

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