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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

VENDREDI 25 JUILLET 2003

QUAND DONC LE GOUVERNEMENT CESSERA-T-IL DE FAIRE SEMBLANT DE CROIRE AU SOCIALISME ?

"Faites semblant de croire au socialisme et bientôt vous y croirez."

Dans la journée du 24 juillet, le Premier Ministre a pris la parole à deux reprises. D’abord à Matignon, il a dressé le bilan dans une conférence de presse, des 14 premiers mois de son action comme chef du Gouvernement. Puis, le soir à Rabat, en présence de Mme Notat, il a développé sa théorie nouvelle de la cohésion nationale en laissant ses proches collaborateurs répandre le bruit qu’il n'était pas un libéral de la trempe de Margaret Thatcher ni même un libéral de l'écurie d'Alain Madelin : il serait un "libéral" de l’espèce Giscard d’Estaing.

Sur le président régional d’Auvergne, il n’est pas mauvais de revenir pour éclairer le débat.M. Giscard d'Estaing fut, il y a 1/4 dsiècle (1974-1981), un président de la république, aujourd'hui bien oublié des jeunes générations et, à l'époque, fort impopulaire auprès de ses contemporains et compatriotes. Il était, il est encore, un homme fort intelligent, parfois séduisant, au premier abord convaincant : "Y cause bien le Monsieur". Son problème, son premier problème avait été repéré par le général De Gaulle dès les années 1960 : "Son problème, c’est le peuple". M. Valéry Giscard d’Estaing a toujours été totalement incapable de faire le dur métier d’un politicien de terrain. On ne l'a jamais vu dans la démagogie tous azimuts d’un Chirac, serrant toutes les mains surtout les plus sales, formulant tous les mensonges que les gens ont envie d’entendre, Le président Giscard d’Estaing s'est donc investi dans un autre genre de démagogie : il fait la politique de ses adversaires. Chirac fait la même chose, dira-t-on, mais il le fait à l’aveuglette, en survolant les titres du quotidien Le Monde et écoutant Marc Blondel, tout en pensant que ce pue-la-bière parle au nom des pue-la-sueur.

Chez Giscard, pas d’odeur de vieilles frites, pas de relents de vieille cuisine radicale socialiste. Tout a toujours été pensé, calculé, raffiné.

Moyennant quoi les prélèvements obligatoires ont augmenté pendant son septennat de 7 points en 7 ans : un record jamais atteint depuis Louis XI.

Eh bine, malgré tout, et quoi que puissent laisser entendre ses communicateurs, nous ne sommes pas encore convaincus que M. Raffarin puisse faire pareil.

Dire aussi que l’autre modèle de M. Raffarin soit, avec Giscard, Alexis de Tocqueville,désir, ce que cherche aussi à faire croire son entourage par de fausses indiscrétions, voilà qui ôte toute vraisemblance au propos. "On ne vous en croirait pas, beau sire".

La gauche, elle, a au moins compris que son véritable adversaire n’est pas à l’Élysée mais à Matignon.

Et c’est contre lui que sont déchaînés les socialistes à l’Assemblée nationale, aussi bien le président du groupe, M. Ayrault, que le porte-parole du parti, l’ex-trotskiste Julien Dray. C’est aussi contre lui que se focalisent les critiques toujours fort révélatrices du mensuel Alternatives Économiques (1) : "Raffarin, un an déjà". La réélection de M. Chirac importe peu. La montée en puissance d’une virtualité libérale, clairement favorable aux petites et moyennes entreprises, clairement désireuses de faire évoluer la France vers moins de fonctionnariat, moins de centralisme, moins d’étatisme et moins d’impôts.

Reconnaissons que, de notre point de vue, cette virtualité en elle-même est sympathique, MAIS qu’elle doit encore faire ses preuves.

De mai 2002 à mai 2003 le chômage officiellement recensé est passé de 9 à 9,5 %. Ce n’est pas une réussite.

Dans ce contexte, le pouvoir a pour devoir d’encourager la flexibilité du travail et la diminution des charges.

Qu’a-t-il fait sur ce terrain, depuis 14 mois ? Pas grand-chose.

Au contraire, on a attendu 4 jours pour démentir les propos de Fillon reproduits par le Figaro du 21 juillet sur l’hypothèse d’une hausse de la CSG.

On a laissé entendre , dans le même temps, que le plan social d’Altadis serait moralement condamnable alors qu’on fusille fiscalement et juridiquement l’industrie du tabac.

On a annoncé le recrutement en septembre de 4 000 nouveaux assistants d’Éducation, maintenant intacte la graisse du mammouth alors que le surnombre des fonctionnaires de l’Éducation nationale est probablement de 200 voire 300 000 personnes.

La préparation du Budget 2004 sera une fois de plus une heure de vérité où nous souhaitons que le gouvernement cessera, enfin, de faire semblant de croire au socialisme.

Faites semblant de croire au socialisme et bientôt vous y croirez.

Jean-Gilles Malliarakis

(1) Livraison 216 de juillet-août

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