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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 30 JUILLET 2003

15 % DU CAPITAL DE RENAULT, CE SERA ENCORE BEAUCOUP TROP

Maintenir une feuille de vigne étatiste, c’est avoir honte de la privatisation

En vendant, le 28 juillet, au cours de 49,15 euros une partie de ses titres de l’ancienne régie Renault, l’État fait pour une fois une bonne affaire. La chose est assez rare pour la signaler et cette recette de 1,2 milliards d'euros soulagera les contribuables actuels et futurs en diminuant le déficit et la dette.

On apprend aussi que l’État proposera encore 3 millions d’actions, soit 11 % du capital, aux salariés et aux retraités de l’entreprise dans des conditions annoncées comme préférentielles. Là aussi, on se doit de saluer une opération visant à transformer l’ancienne "citadelle ouvrière" (1), en bastion futur de l’actionnariat salarial et du capitalisme populaire.

On demeure toutefois en présence d’une ambiguïté en apprenant que M. Francis Mer, ministre de l’Économie et des Finances a été contraint d’affirmer en mâme temps que la part de l’État dans le capital de Renault ne descendra pas au-dessous du seuil de 15 %.

Tout d’abord, pourquoi cette présence étatiste dans le capital d’une entreprise industrielle fabriquant, certes, d’excellentes automobiles, mais insérée dans un contexte éminemment concurrentiel et privé ?

On doit avant tout se souvenir que l’ordonnance condamnant Louis Renault (2) et qui a permis à l’État de mettre la main autoritairement sur les usines et les terrains de Billancourt est un acte inique, assez extraordinaire dans les annales pourtant généreuses de l’injustice des Princes. Elle a beau avoir été plus ou moins soumise au Conseil des ministres de l’époque. Elle a beau porter le sceau du général De Gaulle et de ce qui s’appelait alors le Gouvernement Provisoire de la République Française ; elle n’a aucun autre fondement que la propagande de haine et d’épuration, basée sur des ragots et des mots d’ordre staliniens, propagés par le parti communiste, la CGT et leurs lécheurs de bottes.

On rappellera simplement que cette décision ministérielle à incidence judiciaire avait un caractère posthume, Louis Renault étant mort à 67 ans, le 24 octobre 1944, après avoir été incarcéré et maltraité le 23 septembre, pour des faits totalement allégués. Le parti communiste et les équipes technocratiques avaient décidé de voler, — je ne trouve pas d’autre mot convenable dans la langue française — le fruit d’une extraordinaire aventure industrielle pour en faire un "laboratoire social".

On doit rappeler que ce "laboratoire" et cette expérience ont échoué.

M. Dreyfus qui fut aussi en 1981 le ministre de l’Industrie de Mitterrand, a commis un livre consacré alors à ce qu’il appelle "une nationalisation réussie : Renault". Or, ni cet ancien dirigeant de la Régie, ni son collaborateur de l’époque, M. Loïk Le Floch-Prigent ne parviennent à citer un seul chiffre sur le coût et le résultat de la gestion étatique de Renault en 40 ans.

Il est donc sans doute quasi miraculeux que l’on parvienne plus de 50 ans après à revendre à ce prix des titres de propriété sur le capital. De même la mairie de Boulogne pourra, elle aussi, gérée par MM. Fourcade et Guy Sorman, se frotter les mains de la revente des terrains. Mais dans la période de 30 ans qui a éteint l’action pénale, il eût été légitime de parler, en français, de recel, en argot de fourgue.

Dans ce contexte, empressons-nous de dire que M. Francis Mer est certainement de bonne foi. Ses services le sont peut-être un peu moins, mais sur un autre terrain que celui des comptes de fer et de sang caractérisant l’épuration de 1945 et les quelque 30 ans qui ont suivi.

Maintenir aujourd’hui pudiquement à 15 % une feuille de vigne étatiste, c’est avoir honte de la privatisation nécessaire de toutes les féodalités administratives construite sur le non droit des années de plomb et sur le primat idéologique du marxisme et de la technocratie.

15 % de participation étatique dans une entreprise commerciale de fabrication de voitures : c’est encore beaucoup trop.

    JG Malliarakis

    (1) Telle qu'elle avait été bétonnée par la CGT dans les années qui ont suivi la Libération.

    (2) Ordonnance n° 45-68 du 16 janvier 1945

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