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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MARDI 2 SEPTEMBRE 2003

LE SYSTÈME D PERMET À M. BOVÉ DE MENER LA DANSE

D comme déficit, D comme dette, D comme dépense publique, D comme démagogie, D comme déclin, D comme désastre

Mois après mois, les prévisions de la croissance française se sont détériorées.

Semaine après semaine, la question du déficit des grands États, et particulièrement celui du budget de l’État central français mais aussi des organismes sociaux, se retrouve placée au cœur de l’actualité européenne.

Et, jour après jour, on peut lire ou entendre dans les médiats le même mélange, de plus en plus dangereux, de fiscalisme, de demande d’une plus grande dépense publique et de démagogies en tout genre.

L’université d’été du Mouvement Attac a paradoxalement su donner le "la", de toutes ces campagnes habituellement diffuses. On a enfin appris le 24 août que les amis de M. Bové et les affidés du camarade Nikonoff osaient dire haut et fort "Vive l’impôt". Cette prise de position n’est pas simplement le fruit de l’ivresse du Larzac ni de l’ahurissante opération des intermittents du spectacle. Elle est l’aboutissement et l’expression d’une démarche, perverse à nos yeux, mais parfaitement cohérente dans la réaffirmation des vieux dogmes que certains croyaient abandonnés.

Nous sommes en face d’un système. Le système D serait-on tenté de l’appeler non pas D comme débrouillardise, mais D comme déficit, D comme dette, D comme dépense publique, D comme démagogie, à l’arrivée, D comme déclin, D comme désastre.

Tant qu’on n’aura pas pris la mesure, à la fois de son désastre et de sa cohérence, on n’enrayera pas ce système.

Le voyage de Bruxelles de M. Raffarin ce 27 août a ainsi pu être ressenti par certains comme une injuste humiliation de la France. Et nous relevons parmi les commentaires aussi bien ceux qui relèvent du nationalisme offensé (1) mais aussi la critique d’un Plan de stabilité dont on va répétant qu’il serait "devenu obsolète"

Disons bien clairement que ces familles de commentaires cultivent une dommageable ambiguïté.

Certes, le Pacte de stabilité signé par la France en 1997 comporte de nombreux points critiquables, mais on a le devoir de dire aux Français aujourd’hui que leur pays a besoin de diminuer à la fois toutes les composantes de son système D : aussi bien sa dette, que son déficit et sa dépense publique. D’autre part, la décrue fiscale est une nécessité urgente : tout ceci impose une diminution drastique du périmètre de l’intervention étatique, sans quoi la réduction de la fiscalité semble incompatible avec le retour des comptes à l’équilibre.

Personne de sensé n’accepte ouvertement le discours "Vive l’impôt" tenu par Attac sur un mode provocateur.

Mais on entend hélas trop de choses qui y ressemblent dans la pratique. On entend un chroniqueur réputé "libéral" comme Jean-Marc Sylvestre faire l’apologie de la croissance qui serait engendrée par la consommation des ménages (2). On entend aussi un gouvernement qui trouve logique de prendre 31 % des parts d’une entreprise commerciale au nom de la sauvegarde de l’emploi et qui s’étonne de voir l’extrême gauche prétendre interdire les licenciements.

Car, alors pourquoi Alstom et pourquoi pas Tati ?

Pourquoi "sauver l’emploi" (3) ici et laisser faire le Tribunal de Commerce ailleurs ?

On observe que la fonction publique ne verra toujours pas ses effectifs diminuer sensiblement en 2004.

Comment imaginer alors qu’en 2006 (nouvelle échéance, nouvel atermoiement) la France puisse revenir à l’équilibre des comptes comme le Commissaire européen Solbes a bien voulu faire semblant de le croire ?

La grande question en effet ne repose pas sur des macros calculs de comptabilité nationale énoncés doctement en % du produit intérieur brut.

La grande question se situe au plan des principes.

Est-ce à l’État de faire boire de l’eau aux vieillards ? Et quand ?

Est-ce au gouvernement d’effectuer au quotidien l’œuvre des familles ?

Est-ce aux finances publiques de recourir ou de subventionner les délires technocratiques ?

En l’absence d’une réponse claire on laisse M. Bové mener la danse.

Jean-Gilles Malliarakis

  1. On les retrouve explicitement dans le bulletin du Front national du 28 août, mais ce nationalisme offensé se trouve implicitement repris par tous les secteurs politiques imaginables.
  2. Cette théorie avait conduit la naguère les socialistes à leur désastreux plan de relance par la consommation dite popualire.
  3. On rappellera que ces emplois Alstom sont des emplois à l'Étranger.

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