Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent... La Chronique de l'Europe libre
COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MERCREDI 3 SEPTEMBRE 2003
M. MATTEI SOUHAITE-T-IL RECOMMENCER EN 2004 LA BRILLANTE OPÉRATION DU PLAN JUPPÉ ?
Pourquoi demeure-t-il religieusement imbibé de préjugés socialo-communistes?
Ainsi donc, c'est en commençant par le camarade Thibault, chef incontesté de notre bonne vieille CGT, que le Professeur Mattei a entrepris de négocier, avec les bureaucraties syndicales, la réforme de lassurance maladie. Eu égard aux liens de notre ministre de la Santé avec la bonne ville de Marseille, on ne succombera pas ici à la tentation de tenir ce dialogue pour une galéjade.
Tout dabord, reconnaissons au gouvernement un mérite. Il prend son temps. On communique gravement sur le fait que la réforme de lassurance maladie monopoliste ne livrera le secret de ses grandes lignes quà lautomne 2004.
Le quotidien de la pensée unique, Le Monde (3 septembre), se trompe et il trompe ses lecteurs quand il affirme que lannonce dun déficit public à 4 % du PIB est une décision du pouvoir désireux dalerter lopinion de lurgence de réformes chirurgicales. Ce déficit, le plus lourd de lUnion européenne, est une réalité. Son occultation ne pouvait durer, tout simplement parce que lEurope, après 3 années de patience, après en avoir trop longtemps toléré le développement, demande des comptes et attend des échéances. En reconnaissant quaujourdhui la France sous Jacques Chirac en est à peu près au stade de la Grèce sous Andréas Papandréou ou de lEspagne sous Felipe Gonzalez, le gouvernement de Paris, en tant que lanterne rouge, financière escompte désormais un peu dindulgence. Ainsi demande-t-elle dattendre 2006 pour rétablir la situation.
Hélas, le Professeur Mattei, à moins dêtre un énorme roublard, se présente aujourdhui plus en marchand de tisanes quen chirurgien. Dès le 2 septembre, on lentendait défnir pour la réforme annoncée des limites tout à fait conformes aux desiderata des diverses bureaucraties corporatistes en cours de consultation. Pas de privatisation, grands Dieux ! Pas de mise en concurrence ! Tout cela énoncé sur le mode habituel "il nest pas question de ". On verra peut-être, déclare Mattéi, des "partenariats" entre le public et le privé. Cette nouveauté avait commencé en Union soviétique avec la NEP, il y a quelque 80 ans. Et en France elle caractérise le système de soins depuis les ordonnances de 1945, c'est-à-dire depuis plus d'un demi-siècle. Le Professeur Mattei ne risque pas grand-chose avec cet espace de liberté contrôlé par ladministration.
Plus étonnant encore, il a bel et bien énoncé (1) un principe, selon lui de justice et de solidarité : "De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins". Nous nous trouvons donc en présence dune conception authentiquement socialo-communiste des soins médicaux. Dans la théorie marxiste, le passage au communisme authentique ("A chacun selon ses besoins") relève de lère dabondance. Attendons par conséquent, les promesses de la campagne présidentielle de 2007 où on nous parlera de "la croissance retrouvée". À cet égard, égalité oblige, tous les Français, à commencer par le chef de lÉtat, devraient suivre lexemple de M. Bilger, président dAlstom. En 2001, il prophétisait "une période de croissance continue de 5 % pour le secteur de lénergie et des transports." M. Bilger a certes, depuis lors, tiré sa révérence. Il a empoché 5 millions deuros. Il nest pas allé en prison. Il nest pas revenu à la case départ.
Non, M. Mattei, vous navez pas le droit de dire que "la Santé nest pas une marchandise". Vous nêtes pas "la Santé" : vous prétendez à la fois
Car celle-ci est supposée
Dans ce dédale, vous vous promenez muni dun éclairage archaïque et vacillant.
Vous êtes en effet économique inculte, religieusement imbibé de préjugés socialo-communistes, dont vous ne possédez peut-être même pas la conscience. Et cela vous amène, comme M. Fillon dailleurs dans le dossier des retraites, à jouer simplement le rôle de paravent de projets concoctés anonymement par les technocrates de Bercy.
Si je me trompe, faites-le moi savoir.
Cela me ferait très plaisir de connaître enfin les lignes de conduites, libérales puisque vous appartîntes au mouvement dAlain Madelin, chrétiennes puisque vous appartenez encore, dit-on, à lÉglise romaine, dune réforme quon trouvera dans les kiosques en pochette surprise pour un prix de 15 milliards deuros, valeur automne 2004, le prix du plan Juppé à peu de choses près.
Jean-Gilles Malliarakis
(1) Entendu en boucle sur France Info le 2 septembre.
Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent... La Chronique de l'Europe libre
Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis en souscrivant un abonnement payant