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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
JEUDI 4 SEPTEMBRE 2003
DES INTERMITTENTS DU SPECTACLE
... AUX PERMANENTS DE L'IDÉOLOGIE MONOPOLISTE
Cest en 1991 que Michel Rocard prophétisait à propos des retraites les difficultés à venir des 5 ou 6 gouvernements appelés à tomber en raison de cette affaire explosive.
Étrangement, il sest passé autre chose : Cresson, Bérégovoy, Balladur, Juppé, Jospin et maintenant Raffarin ont certes rencontré de terribles écueils à propos de lassurance vieillesse. Mais en définitive les 5 précédents ont survécu ou contourné laffaire.
Quant au gouvernement actuel, il a remporté une victoire mais en rase campagne pour une réforme finalement assez dérisoire, simple hors duvre de ce qui attend notre pays.
Chose non moins étrange, lété a vu un certain nombre de tours de passe-passe tendant à faire oublier lécrasante défaite enregistrée au printemps par les bureaucraties syndicales et les forces de gauche embrigadées derrière les états-majors communistes de la CGT et de la FSU, braqués dans une attitude de stricte défense du système répartitionniste et des avantages acquis. Au bout du compte, on remarquera quau fil des semaines ce nest pas seulement, en effet, lopinion générale, ce sont les fonctionnaires eux-mêmes, cégétistes ou enseignants, qui se sont démobilisés. On a relancé une mobilisation en trompe-lil, d'abors autour des intermittents du spectacle, puis au Larzac. Et on a fait semblant doublier qu'on était en présence non pas du peuple français mais dune seule et même chienlit soixante-huitarde.
Et puis lidéologie dominante a trouvé dans les chaleurs aoûtiennes diverses sources dénergies renouvelées.
Il a bien fallu dabord désigner un responsable de cette exceptionnelle canicule et ce ne pouvait être que le réchauffement de la Planète, car le refroidissement caractérise et détermine plutôt lhiver. Donc, le capitalisme, la mondialisation, le libre-échange. Et puis que fait la police ?
Rapidement, le débat sest investi sur les personnes âgées décédées 3 mois avant léchéance prévisible. On a vite laissé entendre que le gouvernement manquait de compassion. Mais le 3 septembre à Thiais, le chef de lÉtat est venu montrer, au contraire, quil savait communiquer sur ce grave sujet de lhommage dû aux vieillards sans famille. 57 personnes dont les frais denterrement nont pu être facturés à aucun héritier.Ce grave dommage pour les entreprises de pompes funèbres a été heureusement compensé par le surcroît de chiffre daffaires estival de cette industrie macabre mais indispensable. Et pour marquer le sens du sacré dans notre république laïque et obligatoire, on a lu un poème de Barbara.
Toutes ces communications ont redonné le sens de loffensive aux commentateurs gauchisants des médiats subventionnés.
Les voici parlant à nouveau comme sils tentaient les cartes maîtresses dun jeu qui va se dérouler à nouveau sur le terrain de la protection sociale, de la peur de la maladie et de la facture des soins.
Observons donc comment est analysée non pas la simple crise des retraites par répartition mais la lancinante réapparition du "trou" de la sécurité sociale dans son ensemble. Aux 5 branches existantes : retraite, maladie, famille, accidents du travail et recouvrement, on envisage tranquillement den ajouter une 6e . La dépendance des vieillards ne sera pas financée par la réserve de vieillissement et une garantie viagère, que la Sécu monopoliste dÉtat serait bien dans lincapacité de financer et plus encore de provisionner. Elle sera le fait dun prélèvement obligatoire en nature : on travaillera le lundi de la Pentecôte avec la bénédiction de la hiérarchie catholique. Peut-être celle-ci espère-t-elle que cette restauration de la corvée annonce celle de la dîme.
Létau dans lequel se trouvent enfermés les pouvoirs publics tient à ce quils savent économiquement intenable denvisager une augmentation officielle des prélèvements obligatoires. Mais dun autre côté, lidéologie dominante demeure imperturbablement collectiviste.
On la entendu le 2 septembre sur France Inter avec les déclarations du professeur Mattei.
Les lecteurs du Quotidien du Médecin ont pu le redécouvrir le 4 septembre dans le long entretien du député Dubernard, spécialiste UMP de lassurance maladie.
Les intermittents du spectacle sont bien redevenus les permanents du monopole idéologique.
Jean-Gilles Malliarakis
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