On peut sans doute se réjouir du relatif échec des manifestations organisées, ce 7 septembre dans l'Hexagone, pour protester contre la réunion de Cancun.

Dans plusieurs villes, le nombre de manifestants était dérisoire : une demi-douzaine de militants à la Braderie de Lille, 35 piétons à Strasbourg. Avec un peu plus de 2 200 personnes à Paris, ce n’était pas la gloire malgré la présence de vedettes comme Bové, Nikonoff, Annick Coupé et la participation de Greenpeace, d’Act-Up, de la Fédération Syndicale Unitaire et de la Ligue des Droits de l’Homme. Tout cela additionné représente donc assez peu de choses en termes militants.

On doit cependant remarquer, en termes médiatiques, que ces 4 000 manifestants répartis en 10 lieux de rassemblement (1) cela donne quand même le titre synthèse suivant de l’AFP : "Des milliers d’altermondialistes manifestent en France"…

Plus important est le fait que la classe politique française est pratiquement unanime à emboucher les trompettes du protectionnisme, à l’exception notable d’Alain Madelin, qui seul a osé donner (2) la réplique, fort courtoisement d’ailleurs, à José Bové, notre gloire nationale, notre Jeanne d’Arc à moustaches.

Certes, nous savons bien que la réunion de Cancun du 10 au 14 septembre se déroulera sur des terrains fort différents de ceux que décrit la pensée unique française. En particulier, les vrais représentants des pauvres sont tous favorables au développement du libre-échange.

L’idéologie dominante en France s’exprime indiscutablement dans la revue Alternatives Économiques. Cette publication est fabriquée en vue de matraquer dans les jeunes cervelles les thèmes actuels du marxisme. Rappelons en effet que c’est l’unique journal diffusé auprès des élèves de première et terminale, auxquels on a la prétention d’enseigner l’économie. Sa livraison n°217 de septembre comprend évidemment un dossier destiné à relayer les campagnes protectionnistes contre l’OMC. Le titre résume assez bien l’idée, c’est : "OMC, la Bataille de Cancun. Pourquoi ce libre-échange ne pourra pas nourrir la Planète".

Les faits militent contre de tels mensonges.

Si l’on s’en tient aux chiffres officiels de la malnutrition, celle-ci concerne, c’est vrai, presque 12 % d'une population mondiale qui a dépassé lui-même le nombre énorme de 6 milliards d’hommes.

Simplement on doit savoir que cette population augmente, beaucoup trop en effet : de quelque 60 millions par an.

Mais dans le même temps où la population mondiale augmente ainsi, la malnutrition, elle, diminue en valeur absolue.

Dans les années 1990 caractérisées par une plus grande libéralisation des échanges et par la chute de nombreux régimes communistes le nombre officiel des personnes ne mangeant pas de manière suffisante a reculé de 840 à 799 millions d’individus.

Les vrais motifs de cette malnutrition tiennent toujours aux barrières qui empêchent l’échange; Ces barrières sont ou bien le fait de l’étatisme, ou bien le fait des guerres ou bien le fait des calamités naturelles ou bien le fait d’insuffisance technique des moyens de communication.

Car les possibilités de production ne cessent de se développer.

Quand le kilo de poulet importé d’Europe coûte 1,38 euros à Dakar, sa substitution au kilo fabriqué au Sénégal à 2,28 est toujours favorable.

La prétendue protection des productions locales n’est qu’une destruction de valeurs demandée par des lobbies.

Le prétendu commerce équitable n’est qu’un leurre destiné à animer de manière fixe une poignée de producteurs du Tiers Monde à quelques habiles magouilleurs des pays riches.

Mais le plus grave pour la France grave c’est face au 4 000 attaqueux de septembre ou face aux 200 000 larzaqueux d’août ou face aux 20 000 intermitteux de juillet, il n’y ait pas eu de courant d’opinion disant clairement, aux médiats : arrêtez de mentir, et aux survivants de l’utopie marxiste étatiste : arrêtez de délirer.

Le développement d'un tel courant d’opinion nous paraît nécessaire et prioritaire en France, lieu géométrique des idées fausses, exception culturelle en Occident de la survivance des cauchemars collectivistes.