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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 11 ET VENDREDI 12 SEPTEMBRE 2003

REFORME DES URGENCES OU URGENCE DES REFORMES ?

Au Chili, l’État de droit avait été liquidé en 3 ans par Allende. En France, la pente a été plus lente...

La manière même dont l’actualité se trouve traitée, comme maltraitée, en cette rentrée de septembre par nos médiats donne une idée, certes consternante de l’ahurissement hexagonal.

Matraquage bien sûr à propos des anniversaires. La mise en parallèle du 11 septembre 2001 à New York et du 11 septembre 1973 à Santiago du Chili n’est bien sûr pas innocente (1). On persiste en France à présenter Bush comme un niais, et Allende comme un héros de la liberté – et de la démocratie.

Rappelons quand même qui était Allende, premier président marxiste, ose-t-on nous dire, à être parvenu au pouvoir par la voie des urnes.

Marxiste, Allende l’était, et même marxiste léniniste. Son fameux fusil d’assaut AK-47 avec lequel il se suicida lui avait été offert par le grand démocrate Fidel Castro. Aujourd’hui son plus notable admirateur sur le continent latino-américain, c’est l’ancien président révolutionnaire sandiniste marxiste du Nicaragua, Daniel Ortega.

Ce dont on doit bien se souvenir c’est d’abord que Allende avait été élu en 1970 avec 36 % des voix au gré d’une triangulaire et que son gouvernement, constamment minoritaire, ne s’est maintenu, pendant 3 ans, qu'au prix d’un développement systématique de la violence.

Dès le 22 octobre 1970, le général Schneider commandant en chef de l’armée chilienne était assassiné.

En août 1973, la Chambre des députés constatait la fin de l’état de Droit dans le pays et remettait en cause la légitimité démocratique du gouvernement. Le 9 septembre, la réponse des marxistes chiliens était d’appeler à la fin de tout dialogue avec l’opposition et à la mobilisation armée des partisans d’Allende, ceci dans le contexte de grèves spectaculaires dans les mines de cuivre et chez les camionneurs.

Voilà ce qu’était le régime d’Allende.

Le général Pinochet a donné, certes brutalement, un coup d’arrêt majeur à la propagation du communisme en Amérique latine et il a laissé un Chili économique brillant et pacifié. Un récent sondage auprès des Chiliens souligne que 68 % de la population ne veut plus qu’on lui bassine les oreilles avec l’évocation hagiographique d’Allende.

Hélas, en France, on aime triturer la mémoire et intoxiquer l’histoire.

Cela ne marche d’ailleurs qu’à coup de monopole médiatique et de pseudo représentativité syndicale. Dans l’Éducation nationale étatique et quasi-monopoliste, on voit bien d’ailleurs combien l’agitation du printemps a marqué le déclin de l’audience des communistes de la FSU auprès des enseignants eux-mêmes. Cette centrale syndicale théoriquement majoritaire avec l’appoint des personnels non enseignants de la CGT ne parvient même plus à mobiliser ses adhérents théoriques dans les Journées Nationales prétendument intersyndicales, leurs rhétoriques, leurs menaces qui tétanisent littéralement nos merveilleux gouvernants.

On le voit aussi quand il s’agit de débattre du sujet macabre et sordide de la surmortalité des vieillards au cours de la période de canicule, période dont tout le monde a souffert puisque même mon encre était sèche dans mon stylo.

Certes, il y a eu matière à un constat qui ne nous échappait pas, même dans un contexte climatique habituel et tempéré. Les urgences des hôpitaux se sont monstrueusement dégradées dans les 20 dernières années et seuls l’ignorent ceux qui n’y ont pas eu affaire. Quant aux institutions, hospices et maisons de retraites quadrillés par la sécurité sociale, chacun sait qu’on les désigne ordinairement du terme générique de mouroirs.

Au lieu de s’interroger sur de tels produits du socialisme et de l’étatisme, au lieu de pointer les effets des 35 heures, c’est évidemment la médecine dite libérale que l’on accuse. Et on ne la trouve pas assez socialisée. Et on trouve qu’avec 60 heures de travail, la semaine d’un généraliste n’est pas assez dense. On voudrait la mettre en somme dans un double régime de 35 heures, 70 heures par semaine, 12 mois sur 12. Nous sommes intellectuellement dans le stalinisme, au début de l’année 1937. Si cela ne marche pas dans les hôpitaux c’est qu’il y a du sabotage dans les usines.

Au fond, nous serions presque d’accord sur la phase suivante de la rhétorique stalinienne (2) : ce sabotage, s’il existe, est le fait d’éléments trotskistes. Mais le trotskisme en France est dans les médiats, dans la culture, dans les cerveaux. La réponse à lui apporter, bien évidemment, ce n’est pas celle de la répression – c’est au contraire la liberté – la réforme chirurgicale de liberté dont la France a besoin.

Au Chili, l’État de droit avait été liquidé en 3 ans par Allende. En France, la pente a été plus lente, plus insidieuse, non sanglante (et c’est heureux). La réponse au stalino-allendisme français sera réformatrice, mais elle est quand même urgente car nous nous rapprochons de l’asphyxie.

Débarrassons les esprits du collectivisme, réhabilitons l’initiative, l’entreprise, le libre choix, la responsabilité individuelle et cessons de nous laisser envahir par l’étatisme.

De ce point de vue, alors, on comprend presque la priorité apparemment ridicule que les médiats parisiens font mine d’accorder aux problèmes de l’hexagone. Ils le font pour endormir les Français dans l’autosatisfaction chauvine et nombriliste. Répondons au contraire en soulignant l’urgence des réformes dans notre pays afin de le remettre au diapason de l’Europe et à la hauteur de la compétition mondiale.

Jean-Gilles Malliarakis

(1) Le maire de Paris, M. Delanoë a ainsi cru bon, ce 11 septembre 2003, de débaptiser la place Santiago du Chili et de l'appeler désormais place Salvador Allende, comme dans n'importe quelle banlieue rouge, où les collège Pablo Neruda voisinent avec les avenues Maurice Thorez. Alors qu'en 2001, il célébrait New York et ses pompiers, il n'a pas eu le moindre mot, deux ans plus tard pour cet anniversaire tragique.

(2) première phase de la rhétorique stalinienne: il y a des dysfonctionnements dans le meilleur système du monde… deuxième phase… : si cela ne marche pas c’est qu’il y a du sabotage… troisième phase : ce sabotage est le fait d’éléments trotskistes…

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