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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

LUNDI 15 SEPTEMBRE 2003

LA CAUSE DES PAYS EMERGENTS C'EST LA CAUSE DU LIBRE-ÉCHANGE

Elle va à l'encontre des lobbies protectionnistes et des lubies collectivistes : elle rejoint celle de la France réelle… (à g. Le ministre indien du Commerce extérieur M. Arun Jaitley)

Les négociations de Cancun ont mis un peu plus en lumière un fait sur lequel je ne cesse de revenir dans le cadre de ce Courrier depuis des années. Nous sommes très peu nombreux à le rappeler et, de plus, nous recevons la froide désapprobation de la plupart des Français qui refusent d’entendre la vérité.

Il est un fait, de moins en moins dissimulable, que les pays véritablement en développement, les vrais pays pauvres;, lorsqu'ils sont désireux de sortir de la misère veulent tous le libre-échange, la suppression des barrières protectionnistes et singulièrement la liquidation des subventions notamment agricoles.

La formation du G21 autour du Brésil, de l’Inde et de la Chine avec au départ 21 pays membres de l’OMC rend indiscutable cette ligne de fond qui nous sort totalement des mythes tiers-mondistes.

Il est notable de souligner que les revendications de ce G21, (1) vont exactement à l’encontre de tous les mensonges et de toutes les âneries débités par M. Bové, par les écolos et par les représentants de la pensée unique française.

La présence de Bové à La Courneuve à la Fête des vieux staliniens de l’Huma rend elle-même assez dérisoire la connivence entre certains secteurs gouvernementaux français et les mythes véhiculés par le mouvement Attac, par la Confédération paysanne, etc.

Tous ces gens n’ont peut-être pas en commun de conspirer (2). Au-delà du complot, ils sont tous affligés d’une tare commune. Ils sont étatistes ; ils croient sérieusement que les États Nations d’hier, voire même un Super État Bruxellois (3), peuvent protéger, par exemple, la marginalisation des productions agricoles brutes, et programmer l’évolution du monde.

Tous ces gens ne comprennent pas que l’idéologie de la protection engendre la plus formidable et la plus lancinante des destructions.

Hier encore dans les négociations de l’OMC, on pouvait donner à penser que seuls militaient pour le libre-échange les pays du Groupe de Cairns, des pays comme l’Australie ou la Nouvelle Zélande dont les agricultures et surtout les élevages hyper compétitifs justifiaient une attitude baignée d’idéologie qualifiée "d’anglo-saxonne".

Or, aujourd'hui le Brésil, l’Inde, la Chine sont-ils des pays "anglo-saxons" ? Sont-ils plus submergés que l’Europe par la connivence non pas avec "l’Amérique" (en général) mais avec la gauche étatiste américaine, avec la mafia, avec le parti démocrate des États-Unis, avec les syndicats nord-américains en particulier ?

Il suffit de voir ce qui s'est passé Cancun, où finalement protectionnistes européens et protectionnistes américains se sont retrouvés dans la même position d’accusés du fait de leurs subventions agricoles imbéciles.

Alors doit intervenir un autre point à propos duquel je n’ai personnellement jamais cessé d’écrire depuis la manifestation agricole de 1991 : en réunissant de vrais agriculteurs et en écoutant leurs doléances réelles, on mesure combien les nuisances sont franco-françaises. Ce sont les organismes agricoles censés les protéger qui en réalité les étranglent. C’est le statut du fermage et c’est plus exactement le climat systématique d’imbécillité collectiviste imposé à la terre depuis 1945 qui a chassé les élites non-agricoles des campagnes et qui a pratiquement interdit toute activité non-agricole dans les villages. C’est cela, et certainement pas la concurrence du Tiers Monde qui a détruit la ruralité en France.

Au bout du compte, ce sont bel et bien des motivations françaises qui nous font militer pour le libre-échange, pour l’Europe des Libertés, contre les lobbies protectionnistes et les lubies collectivistes de nos technocrates.

Cancun n’aura donc été qu’une bataille, un jeu de négociations, un moment dans une lutte qui certes se déroule sur un échiquier planétaire.

Mais par ailleurs le front qui doit nous préoccuper en priorité, c’est bien celui du combat des idées de Libertés dans notre pays, afin de le mettre au diapason de l’Europe, d'assurer un véritable progrès. C’est un combat sur le front intérieur. C’est le combat de la vitalité de nos entreprises, de nos familles, de nos métiers et de nos régions face à l’étouffement étatiste.

Jean-Gilles Malliarakis

  1. auquel d’autres pays non négligeables sont en train de se rallier
  2. à la réélection de Chirac en 2007, par exemple, pure hypothèse.

  3. qu’ils espèrent voir un jour fouler au pied l’Europe des Libertés.

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