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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

MERCREDI 17 SEPTEMBRE 2003

ET SI ON PRENAIT AU SERIEUX LE DEBAT SUR L’ECOLE ?

La seule idée libératrice c'est aujourd’hui le chèque scolaire

La vieille idée du gouvernement des experts (1), est en train de faire peau neuve avec la commission sur l’école. Ce nouvel aréopage a été chargé officiellement le 15 septembre par le gouvernement Raffarin de piloter le grand débat national consacré à ce problème si grave de la société française, l'instruction et l'éducation de nos enfants.

Commençons par les considérations positives.

Il semble qu’on puisse en citer au moins trois.

1° L’idée même qu’on lance en France, avec d’ailleurs le concours de 2 ou 3 experts étrangers, un grand débat national sur l’école est ipso facto accusatrice d’une situation très grave d’inadaptation du système éducatif aux besoins de notre pays et aux aspirations de nos familles dans l’intérêt de nos enfants. Cette idée ne plaît ni à la gauche politique ni à sa clientèle naturelle des syndicats d’enseignants d’obédience communiste. C’est évidemment bon signe.

2° La composition nominative de la commission, à y regarder de près, aurait pu être bien pire. Plusieurs personnalités estimables y contrebalanceront les 7 anciens ministres parmis lesquels MM. Allègre et Chevènement voisineront avec MM. Guichard et Monory largement tombés dans l’oubli. Qu’on y trouve un représentant de la FCPE, un autre du parti communiste en tant que tel ou l’inévitable Julliard du Nouvel Observateur est dans la logique de tout débat. On remarquera quand même une fois de plus que sur 56 membres on ne recense aucun écho d’un courant d’opinions qui semble représenter, aux dernières nouvelles, 18% des Français.

On est en droit de se demander si une telle exclusion systématique est simplement in-tel-li-gente.

3° Enfin, point qui sera à vérifier, cette commission a théoriquement pour mission d’entendre pendant 12 mois les doléances des Français.

Si véritablement cette tâche était accomplie, et si la démarche commençait par une telle écoute, on se rapprocherait peut-être de la vérité.

Nous devons construire ainsi notre phrase au consitionnel. Car, pour le moment on se situe très loin du compte. Certes, MM. Casanova, Finkielkraut et Todorov méritent probablement notre estime, et probablement d’autres encore dans le groupe de travail. Mais à quel titre tous ces 41 experts et ces 15 personnalités politiques sont-ils habilités à orienter, ou pire encore, à avaliser des décisions ministérielles dont le ministre Luc Ferry a eu l’imprudence de dévoiler qu’elles se rapprocheront de la formule référendaire.

Quelle part de la vérité populaire sera filtrée et sur quels critères ?

Et, surtout, de quel droit cet accouplement de la synarchie des comités et du plébiscite de la foule peut-il donner naissance à un nouveau carcan éducatif imposé aux familles françaises ?

Dans le contexte actuel, le courage politique serait de desserrer à la fois l’étau fiscaliste, la main mise centraliste et l’intervention étatiste dans l’éducation. Dans la pratique, tout le monde sait, ou plutôt tout le monde devrait savoir, et les élus de terrain n’ignorent pas que l’école d’État représente pour une partie importante de la population, peut-être 25 ou 30 % des habitants de la France, une garderie chaotique et une cantine coûteuse.

On ne peut désormais aller plus loin dans l’étatisme scolaire : il faut certainement revenir à une plus grande liberté et à une plus grande responsabilité des familles.

La seule idée libératrice, chirurgicale mais indispensable aujourd’hui consisterait alors à abroger la Loi Debré de 1959 et à instituer un chèque scolaire au profit de toutes les familles françaises, tout en autonomisant les structures éducatives actuellement contrôlées par l’État.

Bien entendu, il y a des tas de choses à dire sur l’instruction et plus généralement sur l’éducation.

Il y en a autant qu’il existe d’individus à scolariser multipliés par le nombre de problèmes que chaque famille doit résoudre.

Cela ne passe dans aucun autre ordinateur que celui du libre choix, de la responsabilité, de l’information, de la tolérance civile, de la propriété privée, de la liberté religieuse et de l’ouverture sur l’Europe et sur le monde, dans le respect de la vraie, grande, tradition française.

JG Malliarakis

(1) On appelait cela dans les années 1930-1940, la synarchie. Puis à partir de 1950-1960, on a parlé de technocratie.

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