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COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES
MARDI 23 SEPTEMBRE 2003
LA SECURITE SOCIALE NEST PLUS FINANCEE
Le plan Juppé est mort ; il aura multiplié par 2 le trou de la sécurité sociale : Ne le multiplions pas par 4 !
Il y a, bien sûr, quelque chose de pathétique dans la présentation par le professeur Mattei de la loi de financement pour lannée à venir, à lAssemblée nationale, le PLFSS 2004, cest le sigle officiel, a été officiellement dévoilé ce 23 septembre.
Empressons-nous dabord de souligner que cela ne veut rien dire.
En apparence, formellement, la comptabilité de la sécurité sociale est en règle depuis le 15 mai 2003. Sans être tout à fait fiable, sans relever dune intégrale sincérité, sans pouvoir être tenu pour entièrement véritable, cet ensemble de chiffres peut marcher la tête haute. En effet, ce jour-là, pour la première fois depuis un demi-siècle de récrimination de la Cour de Comptes dont la première remonte à 1952, après 7 années de malheur et de galères remontant aux exigences implicites du plan Juppé de 1996, la sécurité sociale a pu imposer au millier dorganismes principaux de son système un plan comptable unique. Seules petites exceptions : la Caisse des professions libérales, qui a du mal à agréger et à discipliner les quelques organismes corporatifs satellites et surtout la Caisse des barreaux assez bien placée pour contourner la réglementation issue du décret du 19 septembre 2001.
On peut donc parler des résultats 2002 de la sécurité sociale comme dune réalité comptable dépassant les écritures associatives ordinaires (un gros cahier où lon écrit dun côté les recettes courantes, de lautre les dépenses de caisses). Il existe maintenant un compte de provisions : positivement inouï, nest-ce pas ?
Or, en regardant les chiffres arabes composant le tableau des soldes, branches par branches, on pense irrémédiablement à Tristan Bernard : "Vous direz à mes médecins que M. Tristan Bernard est mort guéri".
Formellement, les comptes sont présentables, pratiquement ils sont effrayants.
On doit se souvenir en effet que la réforme constitutionnelle de février 1996 destinée à permettre juridiquement le plan annoncé par M. Juppé en novembre 1995 avait explicitement pour but den finir avec le trou de la sécurité sociale. Il sagissait dapurer la dette résultant des dernières années (1992-1995 : plus de 100 milliards de Francs/16 milliards deuros) et déquilibrer les comptes futurs.
Quentre le projet de révision et le texte nouveau de larticle 36 de la Constitution on soit passé dune "loi déquilibre" à une "loi de financement" de la sécurité sociale ne change rien. Dans le langage des technocrates français, en effet, "financer" veut dire : trouver une astuce comptable pour "équilibrer" (par des impôts nouveaux ou des baisses de dépenses) les effets prévisionnels de telle "mesure".
De ce point de vue on peut dire que la sécurité sociale nest plus "financée" depuis 2002, et ceci du fait de sa Branche Maladie déficitaire de 6,1 milliards deuros (6,075 selon la commission des comptes/6,124 selon les caisses nationales). Inutile de dire que le déficit sest aggravé depuis lors : 9,7 milliards prévus, et cétait probablement optimiste pour 2003. Cette prévision est aujourdhui passée de 9,7 à 11. Fin 2004, le déficit cumulé de la maladie serait de lordre de 30 milliards deuros, 2 fois la dette calculée en 1996, à peine occultée par les excédents apparents de la famille et de la vieillesse.
Aucune des solutions avancées par la technocratie nest sérieuse. Tout ce qui est dit sur le médicament porterait au mieux sur 1 % du trou. Idem pour la suppression du lundi de Pentecôte, le forfait hospitalier, la taxation de "la publicité de lindustrie pharmaceutique sur lappareillage", etc. Ces petits ruisseaux ne détournent pas le cours du fleuve Amazone.
Les adversaires du monopole doivent donc relever la tête. Cest exactement le moment de dire : halte au nouveau plan Juppé. Le premier a multiplié le déficit par 2. Le second le multipliera par 4, si on laisse faire les technocrates et les bureaucraties syndicales.
Militons donc pour le salaire direct et le libre choix de la protection sociale.
Jean-Gilles Malliarakis
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