Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent... La Chronique de l'Europe libre

COURRIER DES LIBERTÉS SOCIALES

JEUDI 25 SEPTEMBRE 2003

M. FILLON AURAIT TORT DE SE GENER

En l’absence d’un fort et vrai courant de protestation populaire

Cela commence, ou plutôt ça recommence, avec la campagne de délire autour des vieillards victimes de la canicule. Certes on n’hésite pas à nous culpabiliser tous les jours avec les accidents de la route ou avec le tabac. Mais comme il existe beaucoup de Français qui osent encore fumer une cigarette, de plus en plus en cachette, et d’autres qui ont déjà roulé à 140 km/h sur une autoroute, ces campagnes culpabilisantes créent un léger malaise dans le peuple.

Au moins, avec les vieillards sans enfants (1), personne ne se sent visé ou agressé dans sa défaillance ordinaire ; tout le monde se sait, au contraire, concerné à terme par la vieillesse et même par la mort.

Tout est donc permis au nom des vieillards. Et les hommes de l’État le savent. Ils se lâchent. Et M. Fillon qui croit avoir gagné avec la bataille des retraites, que ses interlocuteurs des bureaucraties syndicales ont seulement perdu, ne se sent plus d’aise. Dans Le Parisien du 24 septembre, il ose donc explorer quelques nouvelles pistes fiscalistes.

M. Fillon aurait tort de se gêner tant que personne ne lui répond dans l’opinion populaire.

Pour ménager ce qui en tient lieu, on l’entend décliner le refrain bien connu : "Il n’est pas question de…". Cette fois "Il n’est pas question de taxer le Livret A, pas plus que les placements des gens modestes".

"En revanche, continue Fillon, les revenus les plus importants du capital […] pourraient être concernés. Les évaluations faites portent sur des montants de 0,2 à 0,3 % de la masse salariale pour un jour férié. Il suffit d’adapter ce montant-là aux revenus du capital".

Excellente idée doivent penser les Bové et les Laguillier, les adeptes de la Taxe Robin et les permanents de la CGT.

Excellent programme doivent opiner les stratèges de la communication présidentielle. Maurice Thorez ne disait-il pas en 1936 "Faites payer les riches". De Gaulle n’affirmait-il pas 30 ans plus tard "J’irai plus loin que leur Front populaire". Dialectiquement nous sommes dans la continuité.

On nous dit que début octobre un Plan d’Aide aux personnes âgées va être présenté "au Premier ministre". La démarche est lourde de sous-entendus. On nous répète ces derniers jours que M. Raffarin a du plomb dans l’aile dans les sondages : ou bien il accepte, ou bien il perd encore de l’audience chez les électeurs communistes et chez les survivants du gaullisme de gauche.

La contrepartie de ce plan qui va rendre leurs jambes de 20 ans et leurs dents blanches aux pensionnaires des hospices ce sera une nouvelle taxation des placements financiers, du moins des investissements que l’on continuera d’effectuer en France.

La classe politique a probablement d’excellentes raisons de persister dans les voies absurdes du fiscalisme tant qu’elle éprouve le sentiment que tel est le chemin de la réélection.

Deux choses peuvent l’arrêter :

1° Il y a d’une part l’Europe et surtout la libre circulation des capitaux, explicitement prévue par le Traité de Rome, légèrement écornée par celui de Maastricht. Grosso modo, tout de même, l’État français pourra de moins en moins faire n’importe quoi impunément. C’est pour cela que tous les Marc Blondel grognent contre l’Europe.

Mais, attention, la main des commissaires de Bruxelles est moite et molle.

2° Et puis il y a le développement et la structuration d’un vrai courant d’opinion antifiscaliste. Ce courant d’opinion ne doit pas craindre pour sa légitimité et il doit se construire dans la stricte légalité. Sans perspective de "pouvoir" à court terme, il doit exercer pleinement sa fonction tribunicienne.

Nous en parlerons lors de notre réunion du 27 septembre qui se tiendra dans l’Amphithéâtre des Diaconesses, 20 rue du Sergent Bauchat, Métro Nation, de 13 heures à 17 heures.

Jean-Gilles Malliarakis

(1) On a beaucoup parlé en effet de ces malheureux vieillards que leurs familles n'ont pas réclamés. Mais, par définition, ces "familles" inconnues n'existent peut-être pas.

Revenir à la page d'accueil ... Accéder à nos archives ... Accéder au Courrier précédent... La Chronique de l'Europe libre

Vous pouvez aider l'Insolent ! : en faisant connaître notre site à vos amis

• en souscrivant un abonnement payant